Ile Maurice: Transition énergétique – Vers un réseau électrique plus vert… et avec les IPP

Alors que Maurice continue de relever le double défi de répondre à une demande énergétique croissante tout en poursuivant ses ambitions de développement durable, le rôle des producteurs indépendants d’électricité (IPP) apparaît comme un pilier essentiel du paysage énergétique national. Ces acteurs privés doivent aujourd’hui composer avec plusieurs contraintes, notamment des incertitudes réglementaires et l’intégration de nouvelles technologies.
Les principaux producteurs indépendants d’électricité sont Alteo Energy, Omnicane et Terra, qui fournissent ensemble une part significative des besoins du pays. La Mauritius Renewable Energy Agency (MARENA), pour sa part, a pour mission de promouvoir les technologies vertes et d’accompagner la décarbonation du secteur. Ses objectifs incluent la suppression progressive du charbon et l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix électrique.
Le secteur reste toutefois dominé par les combustibles fossiles. En 2022, 80,8 % de l’électricité provenait de sources non renouvelables : le fioul (49,2 %), le charbon (31,5 %) et le kérosène (0,1 %). Les 19,2 % restants étaient issus d’énergies renouvelables, dont la bagasse (9,1 %), le solaire photovoltaïque (5,0 %), l’hydroélectricité (4,1 %), le gaz de décharge (0,6 %) et l’éolien (0,5 %). Cette année-là, le Central Electricity Board (CEB) assurait 53,7 % de la production totale, tandis que les IPP contribuaient à hauteur de 46,3 %.
Selon les chiffres du CEB, en 2024, la part des IPP a dépassé la moitié de la production nationale (50,4 %), dont 39,4 % à partir du charbon, 6,7 % de biomasse, 3,9 % d’énergie solaire et 0,4 % d’éolien.
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La bagasse – les résidus fibreux issus de la canne à sucre – demeure la principale source d’énergie renouvelable du pays, représentant 15 à 20 % de l’approvisionnement électrique. En 2021, elle a contribué à hauteur de 11,7 % (soit 350 GWh) de la production totale.
Cependant, la disponibilité de cette ressource dépend directement des récoltes annuelles de canne. La contraction du secteur sucrier a entraîné une baisse de la production d’électricité issue de la bagasse (de 384 GWh en 2020 à 350 GWh en 2021). De plus, la bagasse n’est disponible que durant la saison des récoltes (de juin à novembre) ; le reste de l’année, les IPP recourent au charbon importé. Résultat : bien que renouvelable, la bagasse reste soumise à des contraintes saisonnières, et sa contribution globale a légèrement diminué au cours de la dernière décennie.
Pour répondre à la demande non couverte par les sources renouvelables, Maurice dépend encore largement du charbon et du fioul. Dans les années 2000, la production à base de charbon a fortement augmenté, portée par les IPP. En 2021, le charbon a généré 1 255 GWh, soit 42 % de la production totale d’électricité. Le fioul lourd (HFO) utilisé dans les centrales du CEB à Fort-George, Saint-Louis et ailleurs représentait environ 37 %, soit 1094 GWh (en incluant les unités diesel).
Cette prédominance des énergies fossiles entraîne des émissions importantes de CO2, estimées entre 0,7 et 0,8 million de tonnes ces dernières années. Toutefois, l’utilisation de la bagasse, considérée comme neutre en carbone, permet de compenser partiellement ces émissions.
Maurice s’est fixé un objectif ambitieux : atteindre un mix électrique composé à 60 % d’énergies renouvelables d’ici 2030, tout en éliminant complètement le charbon. Pour y parvenir, le pays mise sur le développement rapide de parcs solaires, de projets éoliens, de centrales de valorisation énergétique des déchets, ainsi que sur le stockage d’énergie et la gestion intelligente du réseau. La maximisation de la biomasse locale et la stabilité du réseau figurent également parmi les priorités.
Si cette transition est menée à bien, Maurice disposera d’ici 2035 d’un système électrique plus propre, plus résilient et plus autonome, dominé par le soleil, le vent et la bagasse – un tournant décisif pour la sécurité énergétique et la lutte contre le changement climatique.



