Ile Maurice: Selvom Mootien – «Par les temps qui courent, il faut savoir prendre des risques»

La jeune écurie Mootien tient son premier gagnant de la saison par l’entremise de Not In Doubt samedi dernier. Dans l’entretien qui suit, l’entraîneur Selvom Mootien revient notamment sur les aspirations de son écurie, mais aborde aussi d’autres sujets de l’actualité hippique dont la polémique du «hood» de Not In Doubt.

Tout comme l’année dernière, vous ouvrez assez rapidement votre compteur. Peut-on parler de soulagement ?

C’est le cas, surtout si vous prenez en considération comment la compétition se déroule actuellement avec tous ces nouveaux chevaux. Le fait que mes chevaux étaient souvent dans les accessits me laissait présager que je finirai par remporter une course, mais tant que ce n’est pas fait, vous ressentez toujours cette pression. Je ne voulais pas devenir le nouveau Poulidor du Champ-de-Mars (rires).

La décision de redoubler Not In Doubt a-t-elle été difficile à prendre ? Were you in doubt ?

Tout à fait. Il ne faut pas oublier que Not In Doubt n’avait pas couru depuis 30 mois. Par les temps qui courent, il faut prendre des risques. On l’a fait. Cela aurait pu être une tout autre paire de manche si nous l’avions engagé sur le 990m (Benchmark 31) où Crescent était aligné. Le facteur chance doit aussi être pris en considération je pense. Mais sa victoire m’a conforté dans le choix d’avoir payé son keeps pendant tout ce temps.

Après trois journées de compétition, êtes-vous satisfaits du rendement de vos chevaux ?

Je pense que oui, à l’exception de Times New Roman. C’est un coursier qui a pas mal de soucis. Je suis très patient avec mes chevaux, mais il reviendra aux propriétaires de décider de la suite. Il travaillait si bien et il a couru si mal. Sa course m’est restée en travers de la gorge, je dois dire… Sinon, pratiquement tous mes chevaux sont à l’arrivée. Il ne faut pas oublier que c’est ma première année face à des cadors du turf qui sont là depuis des décennies comme Ramapatee Gujadhur, Vincent Allet, Rameshwar Gujadhur, etc. Dans l’ensemble, je n’ai pas à me plaindre.

En parlant de ces grosses écuries, l’investissement se poursuit. Êtes-vous inquiet pour l’avenir ?

À l’écurie, nous n’avons pas vraiment les chevaux pour rivaliser avec eux, mais nous serons bien représentés dans certaines catégories. Il y a cependant du bon dans cette situation car cela va motiver les entraî- neurs et les propriétaires à acheter de meilleurs chevaux. Le niveau des courses n’en sera que meilleur.

Sentez-vous cet engouement pour investir au sein de votre écurie ?

Oui, mais cela coûte trop cher. Personnellement, j’estime que la garantie bancaire de Rs 3 millions est trop lourde à porter pour les entraîneurs. Avec 11 entraîneurs, c’est Rs 33 millions qui se retrouvent bloquées et qui auraient pu être utilisées pour acquérir une vingtaine de chevaux au moins. Je pense qu’il faut sérieusement revoir cette situation. À titre de comparaison, on demande Rs 3 millions à un entraîneur, mais seulement Rs 1 million à un bookmaker. Who has greater liabilities ?

En parlant de nouveaux chevaux, comment s’est passée la quarantaine pour les nouvelles unités de l’écurie Mootien ?

Je n’ai aucun reproche à faire en ce qu’il s’agit de la quarantaine à Maurice. Les centres sont excellents. Mais je pense qu’il serait bon de faire souligner qu’aucune assurance ne couvre un cheval quand il est dans l’avion. D’ailleurs, le vétérinaire ne peut rien faire quand le cheval se blesse, comme nous l’avons appris amèrement après la blessure de Danilo Danilovitch. Il y a un gros risque à faire venir des chevaux par avion.

Vous êtes parmi les entraîneurs qui comptent pas mal de chevaux âgés dans son effectif. La décision de l’organisateur d’appliquer finalement les remises au niveau du rating est forcément bien accueillie…

Pour être honnête, je pense qu’il aurait fallu faire cela depuis le départ. Si l’on se base sur les Rules Of Racing de 2024, comme c’est le cas, on doit obligatoirement se baser sur les handicapping guidelines de cette même période. Not In Doubt, par exemple, aurait dû avoir un rating bien plus bas. Malgré le fait de n’avoir pas couru pendant 30 mois, il n’a bénéficié d’aucune remise. Actuellement, le système favorise énor- mément les nouveaux chevaux. Quand ceux-là remportent une course, ils sont pénalisés de 4 à 5 points, mais ils sont toujours là dans la même division, ce qui complique la tâche des anciens.

Les écuries Foo Kune et Gujadhur sont en train de mettre le paquet pour l’acquisition de nouveaux chevaux de qualité. Quel regard jetez-vous sur tout ça, vous qui êtes à la tête d’un petit établissement ?

Je pense qu’il faut avant tout les féliciter. Par les temps difficiles que nous connaissons actuellement, ils sont en train de faire les efforts. J’ai tout le temps respecté ceux qui investissent dans les courses hippiques. Ils mettent la barre très haut, c’est à nous de relever notre niveau. Il faut le voir d’un bon oeil car tout investissement dans les courses est le bienvenu, que ce soit au niveau de l’achat de chevaux, du sponsoring ou de compagnies de betting qui désirent se lancer sur le turf mauricien.

Votre première victoire n’a pas été sans polémique, certains estimant que vous auriez utilisé un équipement non-déclaré. Hood ou compression mask ? Qu’en est-il au juste ?

(Agacé) Je ne comprends franchement pas. Où étaient ces personnes l’année dernière quand Whipping Boy a couru et gagné avec ce même équipement ? C’est un hood (Ndlr : un bonnet), un point c’est tout. Seraitce de la jalousie ? Les commissaires avaient accepté cet équipement l’année dernière. Qu’est-ce qui a changé depuis ? Autant que je sache, on se sert des mêmes règlements. Où est donc le problème ?

Sinon, êtes-vous satisfait de l’apport de Ryan Curatolo, votre nouveau jockey titulaire ?

Bien évidemment. Ryan (Curatolo) n’est pas n’importe qui. C’est un jockey avec une grosse expérience internationale. J’ai travaillé avec des jockeys mauriciens et des étrangers par le passé. Les Mauriciens sont bons, mais ils sont parfois influençables en ce qu’il s’agit des adversaires en courses. Pour avoir du succès au Champ-de-Mars, un jockey étranger doit être talentueux, mais aussi rusé, à l’image d’un Shane Dye ou d’un Robbie Burke. Avec un jockey international comme Ryan, l’adaptation est quelque chose de normale pour lui. Il écoute beaucoup et il met en pratique ce qu’on lui demande. Je n’ai peutêtre pas les meilleurs chevaux, mais j’ai le jockey (rires). Quand l’écurie va tourner à plein régime, son apport sera inestimable.

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