Ile Maurice: Rs 167 millions pour 31 conseillers de l'ex-PM

Le Premier ministre Navin Ramgoolam a apporté, mardi, des précisions sur les rémunérations des anciens conseillers de son prédécesseur.
En réponse à une question parlementaire du député Kevin Lukeeram, il a révélé qu’un total de 31 conseillers avaient été employés au sein du Bureau du Premier ministre entre 2015 et novembre 2024, parmi lesquels figuraient 4 conseillers spéciaux, 11 Senior Advisers et 13conseillers.
Il a affirmé que ces nominations étaient souvent accompagnées de placements sur divers boards et comités, une pratique qui, selon lui, permettait à certains de percevoir des revenus largement supérieurs à leur salaire de base. Navin Ramgoolam a insisté sur le fait qu’il s’agissait d’un mécanisme pensé avec soin pour multiplier les émoluments de ces collaborateurs. Au total, ils ont touché environ Rs 167 millions.
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Face aux parlementaires, le PM a martelé que son gouvernement compte rompre avec ce type de fonctionnement. Selon lui, le recours à des rémunérations variables et attribuées selon les affinités politiques doit laisser place à un système rigoureux reposant sur des normes transparentes. Le chef du gouvernement a indiqué que la rémunération des conseillers, à l’avenir, devra répondre à des critères établis et non dépendre de la volonté du pouvoir en place. Dans cette optique, il a annoncé un exercice de rationalisation destiné à revoir l’ensemble des catégories de conseillers.
Navin Ramgoolam a présenté plusieurs cas révélateurs au Parlement. Parmi eux figure celui de l’ex-Special Adviser Prakash Maunthrooa, dont les revenus ont atteint Rs 23,1 millions pour la période allant de janvier 2015 à novembre 2024, incluant près de Rs 15 millions de board fees issus de 21 instances. Autre exemple cité : Kreedeeo (dit Dev) Beekharry, qui a totalisé Rs 23,6 millions en cumulant salaires et frais de conseil.
Le chef du gouvernement a également mentionné Nayen Koomar Ballah, autre Special Adviser, qui aurait perçu Rs3,5millions de salaire et environ Rs 7,5 millions provenant de conseils, soit un total de Rs 11 millions entre février 2023 et novembre 2024.
Du côté des Senior Advisers, Dev Beekharry ressort comme l’un des plus grassement rémunérés: Rs 7,6 millions de salaire et près de Rs 16millions de revenus additionnels, atteignant Rs 23,6 millions. Sarah Rawat Currimjee figure aussi parmi les profils les mieux payés, avec Rs 8,3 millions en salaire et Rs 9 millions de board fees, soit un total de Rs 17,3 millions.
Quant à Ken Arian, conseiller jusqu’en septembre 2021, il a touché Rs 3,8 millions de salaire et Rs 11,3 millions de board fees, pour un total avoisinant Rs 15,1 millions. Le Premier ministre a par ailleurs évoqué sur un ton ironique un conseiller dont la spécialité était l’«ojha», une pratique de guérison spirituelle traditionnelle. Celui-ci percevait, selon lui, un package mensuel de Rs 32 350 au PMO.
Navin Ramgoolam a insisté sur la nécessité de mettre un terme aux «pratiques arbitraires et discrétionnaires» du passé. Il a affirmé que son administration adoptera des règles de bonne gouvernance pour mieux encadrer les rémunérations, en mettant en avant la transparence et l’équité comme principes directeurs.
Kavish Pultoo et l’ACP Deal : une mission controversée
Interrogé sur les déplacements à l’extérieur de l’ancien conseiller Kavish Pultoo, le Premier ministre a indiqué que celui-ci a participé à dix missions officielles entre 2015 et 2024, dont huit aux côtés de l’ex-Premier ministre. Le coût total de ces voyages s’élève à Rs 1 359 997,57. L’un de ces déplacements, en mai 2024, aurait été présenté comme une mission urgente de sécurité, durant laquelle Kavish Pultoo a accompagné l’ex-Acting Director de la Counter Terrorism Unit, Lilram Deal. Navin Ramgoolam a souligné que des enquêtes sont toujours en cours.
L’ACP Lilram Deal, rappelons-le, avait été arrêté dans l’affaire «Reward Money» par la Financial Crimes Commission (FCC). Il est sous le coup d’une accusation provisoire de blanchiment d’argent liée à Rs 4,5 millions retrouvés sur un compte bancaire conjoint, des fonds que la FCC soupçonne de provenir d’activités illégales.


