Ile Maurice: Pourquoi l'or brille à plus de 4 000 dollars l'once ?

Le métal jaune a franchi un seuil symbolique cette semaine. Pour la première fois, le prix de l’or a dépassé les 4 000 dollars l’once, le 8 octobre, confirmant une tendance haussière qui pourrait marquer l’une des meilleures performances annuelles depuis plus de quatre décennies. Depuis le début de l’année, le cours a progressé de plus de 50 %, rappelant la flambée de 1979, dans un contexte de fortes incertitudes économiques et géopolitiques.

Plusieurs facteurs expliquent cet engouement. En premier lieu, souligne Imrith Ramtohul, Head of Investment Consulting chez Actuarix (ex-Aon Hewitt Mauritius) : «Les tensions commerciales liées aux nouveaux tarifs annoncés par Donald Trump ont ravivé le spectre d’une guerre commerciale mondiale. Avec pour résultat que les investisseurs, inquiets d’un ralentissement de l’économie, se sont massivement tourné vers l’or, valeur refuge par excellence.»

La faiblesse persistante du dollar américain a également soutenu le métal précieux. Les doutes sur l’indépendance de la Réserve fédérale (Fed) et les interrogations quant à sa capacité à juguler l’inflation pèsent sur la devise. «L’inflation persistante aux États-Unis, passée de 2,7 % en juillet à 2,9 % en août, combinée aux incertitudes politiques liées au blocage budgétaire (shutdown), accentue la perte de confiance dans les actifs libellés en dollar», poursuit Imrith Ramtohul.

Autre élément majeur : la montée des risques géopolitiques, qu’il s’agisse des tensions au Moyen Orient, en Europe de l’Est ou encore en Asie. Chaque regain de tensions internationales entraîne une ruée vers l’or. À cela s’ajoute la perspective de nouvelles baisses des taux directeurs de la Fed. Une telle orientation réduit l’attrait des obligations américaines et incite les investisseurs à se diversifier hors du marché obligataire.


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Pour d’autres spécialistes, les banques centrales jouent un rôle décisif. Leurs achats massifs d’or, en particulier dans les pays émergents, traduisent une volonté de réduire leur dépendance au dollar. Cette tendance structurelle contribue à maintenir une demande soutenue pour le métal précieux.

Les grandes banques d’investissement n’excluent pas une poursuite de la hausse. Goldman Sachs a révisé son objectif pour décembre 2026 à 4 900 dollars l’once, tandis que Julius Baer, groupe suisse parmi les leaders mondiaux de la gestion de fortune, anticipe un prix de 4 500 dollars dans les 12 prochains mois. La dynamique d’accumulation par les banques centrales et la recherche de diversification des réserves de change devraient continuer à jouer un rôle central dans cette évolution.

Pourquoi inclure l’or dans un portefeuille ?

Le métal jaune conserve toute sa pertinence comme outil de diversification. On se souvient certainement de la posture de l’ex-ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, ardent défenseur de l’or comme refuge sûr, plus particulièrement pour la Banque de Maurice dans ses choix d’investissements. Son argument : l’or protège historiquement contre la dépréciation des monnaies, l’inflation et même la déflation. En période de crise, il reste perçu comme une valeur refuge. Actuellement, les réserves officielles de la BoM en or sont valorisées à environ USD 2,3 milliards.

Toutefois, contrairement aux actions ou aux obligations, l’or ne génère pas de revenus réguliers. Sa rentabilité repose uniquement sur l’appréciation de son prix. Si posséder de l’or physique séduit encore certains, cette option implique des coûts de stockage, d’assurance et une logistique parfois lourde. Le moyen le plus accessible et liquide reste l’Exchange Traded Fund (ETF). Ces fonds indiciels, cotés en Bourse comme des actions, permettent de suivre l’évolution du prix de l’or tout en réduisant les coûts opérationnels.

À Maurice, les investisseurs ont accès à un ETF aurifère libellé en roupies et coté à la Stock Exchange of Mauritius. Le New Gold ETF était coté hier à Rs 1,815 par action, soit une hausse de 2 % par rapport au cours de la séance du 8 octobre.

L’envolée du cours de l’or est avant tout le reflet d’un climat de défiance face aux déséquilibres économiques mondiaux, à la dette américaine et à l’instabilité politique. Elle traduit aussi une prudence accrue des investisseurs qui cherchent à protéger leur patrimoine.

Alors que les prévisions laissent entrevoir de nouveaux sommets, l’or confirme son statut intemporel : une valeur refuge qui, à chaque crise, retrouve son éclat.

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