Ile Maurice: Pension à 60 ans – Un cortège déterminé fait vibrer Mahébourg

Ils étaient des centaines à quitter Beau-Vallon pour rejoindre Mahébourg en cortège de voitures sous un soleil de plomb, samedi.

Syndicalistes, travailleurs, retraités, professionnels, jeunes militants ou simples citoyens : tous ont répondu présent à cet appel lancé par la plateforme Fron Komin La Voix Lepep. Brandissant drapeaux et pancartes, ils ont parcouru les 20 kilomètres séparant les deux villages avec un seul mot d’ordre : la pension de retraite doit impérativement revenir à 60 ans.

La marche a traversé pas moins de sept villages, transformant pour un jour le sud-est en un véritable corridor de revendications. Tout au long du parcours, la musique a donné le tempo. Malgré la chaleur accablante, les participants ont continué à avancer. Sur les terrasses, aux fenêtres ou le long des routes, les habitants ont salué le cortège, sourire aux lèvres, levant un pouce en signe d’encouragement. Certains sont même sortis pour applaudir ; d’autres ont filmé la scène. Les taxis, eux, ont ponctué le défilé de coups de klaxon appuyés, symbole sonore d’un soutien populaire grandissant.


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À la tête du cortège, debout sur un camion, Georges Ah Yan, figure bien connue des luttes citoyennes, a multiplié les appels. «La pension doit revenir à 60 ans», scandait-il, micro en main, d’une voix énergique. À chaque village traversé, son message a résonné, repris par les marcheurs comme un refrain unificateur. Une fois arrivés sur l’esplanade du Mahébourg Waterfront, les manifestants ont été rejoints par d’autres sympathisants venus écouter les prises de parole. L’ambiance était à la fois festive et tendue : festive, par la force du rassemblement, tendue, par la colère qui y était exprimée.

Parmi les interventions, celle de Reeaz Chuttoo, président de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé. Micro en main, il a rappelé que cette mobilisation n’était pas seulement un combat syndical, mais avant tout un combat citoyen. «Cela concerne tout le monde. Cette pension n’est pas une faveur. Pour beaucoup de travailleurs, elle est la seule bouée de sauvetage après une vie entière de labeur», a-t-il martelé.

«Aujourd’hui, c’est clair : c’est un criminal offense. Rs 1 million par tête de retraité. Ils devront rendre des comptes au peuple.» Très applaudi, il a dénoncé une réforme menée sans consultation, sans transparence et absente du programme électoral. «Depuis décembre, on nous parle de l’état de l’économie. En avril, lors des consultations pré-budgétaires, pas un mot. En mai, pendant les municipales, toujours rien. Et puis arrive le Budget. Nous demandons une seule chose : que la pension revienne à 60 ans.»

Une bataille sociale…

Présent aux côtés des manifestants, l’avocat Sanjeev Teeluckdharry a lui aussi sévèrement critiqué la décision gouvernementale de repousser l’âge de la pension à 65 ans. «C’est un acquis. On ne peut pas le toucher. Et surtout pas sans consultation. C’est la plus mauvaise décision économique, sociale et politique prise par ce gouvernement», a-t-il affirmé. Selon lui, l’impact financier pour les citoyens est colossal : deux personnes de 60 ans perdraient jusqu’à Rs 2 millions d’ici leurs 65 ans.

Il a également dénoncé ce qu’il qualifie de contradictions gouvernementales : «On nous dit qu’il n’y a pas d’argent pour la pension, mais les dépenses extravagantes continuent.» L’avocat a confirmé qu’une bataille légale est en cours : quatre cas constitutionnels seront déposés aujourd’hui, lundi, et une date d’audience est attendue pour l’année prochaine. S’il a appelé les citoyens à se mobiliser, il s’est montré plus réservé sur l’idée d’une grève générale : «Nous avons déjà connu la désillusion avec la promesse de baisser le carburant de Rs 30. Après 366 jours, ce ne sont que Rs 7,75 qui ont été enlevées.»

Autre voix forte du rassemblement : celle d’Ashvin Gudday, négociateur militant et membre de la General Workers Federation. Pour lui, cette marche n’était que le début d’un mouvement plus large. «La plateforme syndicale a lancé le travail. Georges Ah Yan a proposé de l’élargir et nous y avons adhéré. La population est derrière nous», a-t-il déclaré.

Le syndicaliste a insisté sur l’injustice ressentie par de nombreux travailleurs, en particulier ceux aux revenus modestes, pénalisés malgré l’Income Support ou le ciblage. «Certains vivent avec le salaire minimum et sont privés de cette pension. Un ami de 58 ans, qui a travaillé 43 ans dans le textile, m’a dit ce matin : ‘Je dois encore attendre ?’ C’est injuste.» Pour lui, la mobilisation devrait se poursuivre au nom de tous ceux qui comptent sur ces revenus pour vivre dignement après une vie de dur labeur.

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