Ile Maurice: Manque d'infirmiers – Le ministère se tourne vers les retraités

La crise des ressources humaines dans les hôpitaux s’aggrave, avec un nombre important de postes d’infirmiers vacants. Pour y répondre rapidement, le ministère de la Santé a annoncé, le 18 juillet, le recrutement d’infirmiers retraités âgés de moins de 70 ans. Cette mesure, conçue comme une solution d’urgence, suscite toutefois des réserves parmi les professionnels de santé.

Selon les autorités, elle repose sur la disponibilité d’un personnel déjà formé et expérimenté, capable de reprendre du service sans période d’adaptation. «C’est une option réaliste dans un contexte qui demande une action rapide», précise un cadre du ministère. Cependant, sur le terrain, les avis sont plus mitigés. Un infirmier de l’hôpital sir Anerood Jugnauth rappelle que «la charge physique reste importante, notamment dans les services d’urgence ou de soins intensifs. À un certain âge, cela devient difficile à gérer, même avec de l’expérience».

Par ailleurs, un médecin de l’hôpital Jawaharlal Nehru, à Rose-Belle, estime que le recours aux retraités devrait être limité à des services moins sollicités, tels que les consultations externes ou la formation des jeunes soignants. Il souligne que «le défi ne concerne pas uniquement le nombre d’agents disponibles, mais aussi les conditions d’exercice».

Certains infirmiers en poste dénoncent un manque d’anticipation. «Si les départs à la retraite avaient été planifiés et les formations adaptées, nous n’en serions pas là», indique un professionnel avec une quinzaine d’années d’expérience, pointant un déséquilibre dans la gestion des ressources humaines. Du côté des retraités, les positions varient. Amina, ancienne infirmière de 66 ans, se dit disposée à intervenir ponctuellement dans des services moins exigeants. «Je ne peux plus assurer des gardes ni être constamment sur le terrain», explique-t-elle. D’autres considèrent leur retour peu adapté aux conditions actuelles.

Ram Nowzadick, président de la Nursing Association, qualifie cette mesure de «soulagement partiel et temporaire», tout en regrettant l’absence de planification à long terme. «Plusieurs projets ont été lancés – hôpital de Flacq, New Cancer Hospital, équipements – mais la gestion des ressources humaines n’a pas suivi», ajoute-t-il. Il rappelle que la pénurie d’infirmiers, évaluée entre 1 500 et 2 000 postes, pèse sur le personnel en place. «Ils sont débordés», confirme-t-il. Si l’initiative est accueillie favorablement, elle ne résout pas la problématique structurelle. Selon lui, «ce recrutement de retraités reste un palliatif».

Pour une solution durable, Ram Nowzadick préconise un retour à un modèle structuré. «Autrefois, 150 infirmiers étaient recrutés au premier trimestre, puis, 150 autres au dernier, soit environ 300 par an grâce à une formation de trois ans à la School of Nursing. Cela garantissait un approvisionnement régulier.» Il insiste sur la nécessité d’un recrutement stable et continu pour répondre aux besoins du secteur.

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