Ile Maurice: Les plus de 60 ans représenteront 40 % de la population en 2062

La Commission d’experts sur la réforme des retraites s’est exprimée, mardi, à l’auditorium de l’Economic Development Board, à Ébène. Présidés par Ashok Prayag, ces professionnels ont aussi mis en avant les données économiques et démographiques qui les motivent ainsi que les principes qui guideront la refonte du système de pensions.

Selon le président de la commission, le choix de parler un peu plus de la réforme de la pension de vieillesse pour cette première rencontre n’est pas anodin. «C’est le sujet qui a suscité le plus d’émotions», a-t-il déclaré. Mais au-delà de la polémique, les chiffres parlent d’eux-mêmes : Maurice vieillit rapidement et son système actuel devient de moins en moins soutenable, d’où la nécessité urgente de venir avec des réformes structurelles.

En 2014, 14,6 % de la population mauricienne avait plus de 60 ans. Aujourd’hui, cette proportion atteint 21 % et devrait grimper à 30 % d’ici 2042, puis à 40 % en 2062. Parallèlement, la fécondité est tombée à 1,34 enfant par femme, bien en dessous du seuil de renouvellement des générations. Résultat : de moins en moins d’actifs soutiennent de plus en plus de retraités. Le ratio travailleurs/retraités, qui était de 3,9 en 2015, est passé à 2,7 en 2024-25, et pourrait tomber à 2 d’ici 2035.


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Cette évolution pèse lourdement sur les finances publiques. La pension de vieillesse représentait 1,9 % du Produit intérieur brut (PIB) en 2010, contre 7,8 % aujourd’hui – soit près d’un quart des dépenses récurrentes de l’État. Entre 2001 et 2024, la pension mensuelle moyenne est passée de Rs 1 500 à Rs 15 000, tandis que le revenu moyen n’a augmenté «que» de 233 %.

Créée par décision du Cabinet en septembre, la Commission d’experts a pour mission d’examiner l’ensemble des trois piliers du système mauricien : le régime non contributif (BRP), les régimes contributifs (NPF et CSG) ainsi que les régimes privés volontaires. Elle devra évaluer la durabilité, l’équité et la gouvernance de ces dispositifs, tout en formulant des propositions concrètes sur le relèvement de l’âge de la retraite et la refonte des contributions.

Les travaux s’appuient sur des études du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, qui recommandent notamment d’indexer l’âge de départ à la retraite sur l’espérance de vie et d’ajuster les taux de contribution pour assurer la soutenabilité du système. La commission prévoit de produire plusieurs rapports analytiques, de conduire des consultations publiques et de soumettre un rapport final assorti d’une feuille de route législative.

Les principes directeurs annoncés sont clairs : simplicité, transparence, proportionnalité, équité et durabilité. «Toute réforme doit être compréhensible, juste et applicable sans créer d’inégalités entre les générations», a insisté Ashok Prayag. Si la réforme de la pension à 65 ans reste la plus controversée, elle n’est qu’un volet d’un chantier plus vaste : celui de repenser entièrement la protection vieillesse. L’enjeu sera de préserver la sécurité financière des aînés, tout en évitant une dérive budgétaire qui mettrait en péril l’équilibre social à long terme.

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