Depuis février, l’Association pour la protection des droits des handicapés (APDH) mène une campagne de sensibilisation pour rappeler aux automobilistes que les places de stationnement réservées aux personnes handicapées ne sont pas un luxe, mais un droit fondamental. Vinesen Vinz, militant engagé et paraplégique, a été choisi comme ambassadeur de cette initiative. Son objectif: éveiller les consciences et inciter au respect de ces espaces indispensables à la mobilité des personnes en situation de handicap.
Sept mois plus tard, le constat est amer. «Il est difficile de changer certaines mentalités», lâche-t-il. Deux types de problèmes persistent : les stationnements publics – dans les hôpitaux ou sur la voie publique – et ceux situés dans les centres commerciaux.
«Le souci, c’est qu’il n’y a même pas de policiers pour intervenir. Malgré nos efforts de sensibilisation, je ne constate pas de réel changement», regrette-t-il. Pour lui, c’est un problème d’éducation civique et de respect. «Ce ne sont pas seulement pour les personnes handicapées, mais aussi pour les personnes âgées. Il faut réapprendre à respecter l’autre», souligne-t-il.
Quelques centres commerciaux ont accepté de collaborer avec l’APDH pour améliorer l’accessibilité, mais la route reste longue. «Ce ne sont pas des changements qu’on peut réaliser du jour au lendemain, et c’est ce qui attriste le plus… Il faut rééduquer pour valoriser ces personnes et rappeler leurs droits humains.» Vinesen milite pour que la sensibilisation commence tôt, dans les écoles primaires et secondaires.
«S’il faut aller de collège en collège pour expliquer aux jeunes que les personnes porteuses de handicap ont les mêmes droits, je le ferai. Ils pourront ensuite transmettre ce message à leurs proches. Un accident peut arriver à tout le monde.»
Vinesen sait de quoi il parle. En 2012, un accident de moto a bouleversé sa vie. Devenu paraplégique, il lui a fallu sept ans pour retrouver une autonomie. «J’ai eu des problèmes de santé, mais j’ai décidé de me ressaisir. J’ai repris le sport, appris à conduire, commencé un stage pour retrouver un emploi… Aujourd’hui, c’est à moi de décider quand je reprendrai le travail.» Ce parcours de résilience l’a conduit à comprendre une vérité essentielle :
le premier pas vers le respect des autres, c’est l’acceptation de soi. «Quand on s’accepte comme on est, on ne se préoccupe plus du regard des autres. Le problème, c’est que certaines personnes profitent de la dépendance des personnes handicapées pour abuser de leurs droits. Mais quand on est indépendant, les gens nous respectent.»
Son message est clair : «Nous sommes tous humains et nous méritons les mêmes droits. Il ne s’agit pas de mettre en avant notre handicap, mais de faire respecter nos droits légaux.» Concernant les parkings réservés, il rappelle une démarche simple:
«Je demande aux personnes concernées d’aller chercher leur ticket auprès du ministère de la Sécurité sociale et de le placer sur leur véhicule. Cela montrera clairement qu’elles ont droit à ces espaces et aidera à éviter les malentendus.» Derrière ce combat se cache une revendication simple : pouvoir se déplacer et vivre dignement, sans avoir à justifier en permanence sa légitimité à utiliser un espace qui lui est destiné. Un droit qui, en 2025, devrait être une évidence… mais qui, face à l’indifférence et au manque de civisme, reste encore à défendre.
Vinesen Vinz, militant en fauteuil, et Ashvin Gudday, viceprésident de l’ADPH, lors de la journée de sensibilisation tenue au Bagatelle Mall, samedi.
Conscientisation aux places réservées: un succès au Bagatelle Mall
Samedi, Bagatelle Mall a vibré au rythme de la solidarité et de l’engagement grâce à l’APDH. L’événement, placé sous le signe de la sensibilisation à l’utilisation des parkings réservés aux personnes en situation de handicap, a réuni grand public, artistes et autorités.
«C’était un vrai succès. Nous sommes satisfaits du retour du public, qui a été très attentif. Beaucoup nous ont parlé et ont exprimé leur volonté de suivre les consignes données», s’est réjoui Ashvin Gudday, vice-président de l’APDH. Il a tenu à remercier chaleureusement les membres de l’association, le management du Bagatelle Mall, l’équipe technique ainsi que les artistes présents, dont El Passi et Blakkayo. Ce dernier, séduit par l’atmosphère et la vision de la campagne, a même assuré qu’il serait toujours prêt à répondre à l’appel pour cette cause.
L’événement a également pu compter sur la présence de représentants du ministère des Transports terrestres, dont le chef inspecteur Rama et des membres de la Road Safety Unit. Ces derniers ont rappelé l’importance de respecter les aires de stationnement réservées et la nécessité de changer les mentalités.
Des témoignages poignants de personnes qui utilisent quotidiennement ces parkings sont venus illustrer les difficultés rencontrées lorsque ces espaces sont occupés illégalement. L’APDH entend poursuivre et intensifier cette campagne de sensibilisation. «C’est un combat que nous mènerons jusqu’à ce que les lois soient revues», a affirmé Ashvin Gudday. Une mobilisation qui, à en juger par l’enthousiasme suscité samedi, est loin de faiblir.