Ile Maurice: La hausse du coût de la vie fragilise de plus en plus de familles

Maurice fait face à une crise silencieuse qui touche le quotidien des Mauriciens : la hausse continue du coût de la vie. Une pression économique qui impacte de plus en plus de ménages, notamment ceux déjà vulnérables, mettant en péril leur accès à une alimentation saine et équilibrée.

Selon le rapport annuel des Nations unies publié en juillet, la faim dans le monde connaît une légère baisse globale, mais Maurice, elle, voit ses indicateurs s’aggraver. En 2024, 12 % de la population mauricienne souffrait d’insécurité alimentaire modérée, contre seulement 5 % dix ans plus tôt. Plus préoccupant encore : près de 180 000 Mauriciens, soit 15 % des habitants, ne peuvent se permettre un repas sain pour des raisons financières.

Cette situation s’explique en grande partie par la forte inflation affectant le prix des produits de première nécessité. Le coût moyen d’un repas équilibré a augmenté de manière significative, passant de Rs 140 par personne en 2004 à Rs 235 en 2024. Cette inflation est le fruit de plusieurs facteurs mondiaux combinés : les répercussions durables de la pandémie de Covid-19, le conflit en Ukraine qui perturbe les marchés agricoles ainsi que les événements climatiques extrêmes qui affectent les systèmes de production alimentaire.

«Le coût de la vie a augmenté drastiquement… Beaucoup d’enfants ne mangent qu’un repas par jour», alerte Magali Freyneau, présidente de l’organisation non gouvernementale (ONG) Planète enfants. Elle décrit une réalité où la misère grandit et où les ONG peinent à répondre à toutes les demandes d’aide. «Nos élus ne réalisent pas la réalité du terrain et la classe moyenne est en train de s’appauvrir. Ce n’est pas simplement avec l’aide sociale que les gens vont s’en sortir», insiste-t-elle.

Du côté des institutions, la National Empowerment Foundation prône une approche plus durable. Son chairman, Hootesh Ramburn, souligne que les allocations monétaires seules ne suffisent pas à sortir les familles de la pauvreté. Il plaide pour des projets d’autosuffisance alimentaire au niveau des foyers et des communautés, ainsi qu’une réforme du système éducatif. «Les écoles alternatives et la formation professionnelle adaptée peuvent offrir une vraie chance aux enfants vulnérables, souvent en difficulté dans le système scolaire classique.» Il appelle également à un suivi rigoureux et à une évaluation indépendante des programmes sociaux.

Pour les familles, la hausse du coût de la vie impose des sacrifices quotidiens. Martine Narraidoo, maman de jumeaux de trois ans, raconte comment elle doit planifier chaque achat, privilégier les repas faits maison et limiter les sorties coûteuses. Annick Gaspard, mère de famille, cumule deux emplois pour assurer la stabilité financière nécessaire. «Cette double charge est épuisante, mais il faut garantir un avenir meilleur à nos enfants», confie-t-elle.

Les ONG sont elles aussi sous pression, confrontées à une augmentation constante des demandes d’aide alimentaire, tandis que leurs ressources se réduisent. Planète enfants et d’autres associations appellent à des mesures urgentes et coordonnées pour éviter que cette précarité ne devienne une crise sociale majeure.

Parmi les pistes envisagées figurent le développement de l’autosuffisance alimentaire, notamment à travers les jardins communautaires, l’adaptation du système éducatif aux besoins des enfants vulnérables, un suivi renforcé des programmes sociaux et une meilleure coordination entre acteurs publics et privés. Il serait également important de soutenir la classe moyenne, au moyen de mesures fiscales adaptées et d’aides ciblées.

La hausse du coût de la vie est un défi qui touche l’ensemble de la société, audelà de l’aspect économique. Une mobilisation concertée de tous les acteurs – institutions publiques, organisations de la société civile, entreprises et citoyens – pourrait contribuer à en atténuer l’impact sur la population.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to top
Close