Ile Maurice: La BoM mise sur la compétitivité pour suivre la tendance

Le secteur financier évolue à grande vitesse, porté par les technologies émergentes. Afin de s’assurer que le pays n’accuse pas de retard dans ce domaine, la Banque centrale a organisé un atelier sur l’innovation, le 24 juillet au Bank of Mauritius Innovation Hub, à la United Docks Tower 4, à Port-Louis. D’entrée, le gouverneur de la Banque de Maurice (BoM), Rama Sithanen, a exposé sa vision sur l’avenir du secteur financier mauricien face aux «disruptives technologies». Il avait face à lui des représentants de banques et d’universités.

Le pays, a-t-il dit, fait face à deux grands défis: «Un manque de talents et de capital humain dans des domaines stratégiques comme l’intelligence artificielle (IA), la blockchain, le machine learning et la fintech, ainsi qu’une réalité démographique marquée par une population en baisse et vieillissante.» Toutefois, ces contraintes peuvent être atténuées par la high-tech, alors que d’autres pays africains doivent, eux, relever le défi d’une population jeune et en forte croissance.

En citant l’exemple des États-Unis et des centres financiers comme Singapour, Dubaï ou Abou Dabi, Rama Sithanen a souligné des développements très rapides dans l’utilisation de l’IA dans les secteurs financier, bancaire et de l’assurance. Ces innovations permettent d’améliorer l’efficacité opérationnelle, l’inclusion financière, la rapidité des transactions et de réduire les coûts pour les consommateurs. «Nous devons, nous aussi, entrer dans cette course. Nous disposons de nombreux atouts, mais nous faisons face à un manque de ressources humaines qualifiées», a-t-il souligné.

Selon le gouverneur, l’IA peut contribuer à combler ce déficit, mais il est nécessaire de mettre en place des formations d’upskilling et de reskilling. «En formant les employés actuels, on peut leur confier des tâches à plus forte valeur ajoutée. La machine ne remplace pas l’humain ; elle le complète.»

Pour accompagner cet effort, la BoM souhaite mettre son Innovation Hub à la disposition de tous ceux qui souhaitent faire des avancées, y compris les Banques centrales africaines, afin de développer de nouvelles idées, des études de cas, et des applications pratiques de l’IA et de «disruptives technologies» dans le secteur financier.

La banque a d’ailleurs signé des partenariats avec plusieurs universités locales afin que les étudiants puissent venir tester leurs idées et bénéficier gratuitement des infrastructures de l’Innovation Hub.«C’est notre contribution pour le bien commun. Si nous prenons trop de retard dans le développement des compétences humaines et l’adoption des technologies émergentes, il nous sera difficile de rester compétitifs», a averti Rama Sithanen.

Selon l’ancien ministre des Finances, l’expérience d’autres pays montre que des formations poussées sur les nouvelles technologies entraînent une augmentation de la productivité, de l’efficacité et des rémunérations. Alors qu’il y a également l’émergence de nouveaux métiers. Rama Sithanen a cité un article du New York Times évoquant 22 nouvelles professions créées grâce à l’IA, la fintech et la blockchain. «Avec une formation adéquate, les jeunes diplômés auront accès à ces emplois. Comme lors de la révolution industrielle, certains métiers disparaîtront, mais beaucoup d’autres verront le jour», a-t-il rappelé.

D’autre part, la BoM a signé des accords avec la Banque de France et la Reserve Bank of India pour collaborer sur l’utilisation de l’IA et de la blockchain dans l’amélioration des systèmes financiers. Cette ouverture internationale s’accompagne de préoccupations en matière de cybersécurité et de protection des données personnelles. Rama Sithanen a insisté sur la nécessité de mettre en place un cadre réglementaire et de supervision adapté, garantissant un développement responsable de ces technologies.

Nouveaux services et produits

L’utilisation de l’IA pour faciliter le commerce transfrontalier entre Maurice et ses partenaires, notamment l’Afrique, l’Inde et la Chine, est également explorée. «Nous avons pu convaincre la Banque centrale de Chine pour qu’une banque à Maurice puisse régler des transactions en devise chinoise. Un projet similaire est en cours avec la Reserve Bank of India, afin de permettre des règlements en monnaie locale.»

Les technologies émergentes ouvrent également la voie à de nouveaux produits financiers. Dans certains pays, les émissions de dettes publiques et les opérations des Banques centrales sont déjà effectuées via la blockchain.

«Certains pays émettent désormais des titres de dette publique ou des instruments financiers via la technologie blockchain, ce qui représente une avancée majeure dans la digitalisation des marchés financiers. La tokenisation – transformer un actif financier traditionnel en un jeton numérique – permet de transformer ces titres, qu’ils soient émis par les Banques centrales ou les gouvernements ainsi que les actions, parts sociales et obligations d’entreprises en actifs numériques. Cette pratique est déjà déployée dans plusieurs pays. Aux États-Unis, par exemple, la tokenisation d’actifs offre aux investisseurs la possibilité d’acquérir des fractions de ces actifs. À l’avenir, les dépôts bancaires pourront aussi être transformés en tokens, ce qui impliquera pour les banques l’obligation de verser des intérêts sur ces dépôts numériques», a expliqué Rama Sithanen.

Les smart contracts sur la blockchain représentent également une avancée majeure en supprimant le recours aux supports papier pour de nombreuses transactions. «Il s’agit de rester en avance sur la courbe et d’anticiper les évolutions du secteur», a conclu le gouverneur de la BoM.

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