À Saint-Pierre, le terrain du centre social s’est transformé en terrain d’espoir, le dimanche 27 juillet. À l’origine de cette initiative : un jeune de 23 ans, Djahmel Félicité, qui a décidé de lutter contre le fléau de la drogue à sa manière, par le sport.
Sous un soleil de plomb, une dizaine d’équipes se sont affrontées dans une ambiance à la fois conviviale et déterminée lors d’un tournoi de foot de rue, format 4 contre 4. L’événement, baptisé Sport Contre la Drogue, n’était pas qu’un simple rendez-vous sportif : c’était l’aboutissement d’un combat, celui de Djahmel Félicité contre le fléau de la drogue qui ronge son quartier… et l’île tout entière.
«Nou’nn netway terin sant sosial nou mem, mwa avek enn kamarad ek enn kouzin. Sa sant-la, se plis droger ki ti pe frekant sa. Enn zenn ti pe zwe football enn fwa isi, sering inn pik dan so lipie», raconte-t-il avec émotion. Cet événement tragique, évitable, a été le déclic. Face à l’inaction, Djahmel a retroussé ses manches, littéralement.
Une initiative née de la colère, nourrie par l’espoir
Le centre social de Saint-Pierre, longtemps laissé à l’abandon, était devenu un repère de toxicomanes. Mais Djahmel n’a pas accepté de voir sa génération sombrer. Il a pris les choses en main. Sans moyens, mais avec la rage au coeur. «Le trop-plein de démarches administratives m’a découragé. J’ai envoyé plusieurs lettres au ministère des Sports, sans réponse. J’ai préféré l’organiser moi-même, car le plus important, c’était que l’événement ait lieu. Comme je le dis souvent : même sans moyens, il y a toujours un moyen», affirme-t-il.
Malgré les obstacles, la première édition de Sport Contre la Drogue a rassemblé dix équipes – des jeunes venus de différents coins pour participer, mais aussi pour se sentir entendus.
Avec le soutien de quelques sponsors, dont Denis Meunier et Miss Smile, Djahmel a pu offrir un événement digne, encadré et porteur de sens. Il souligne que le président du village, touché par l’initiative, a promis de fournir des médailles pour la prochaine édition, prévue le 10 août.
Le sport comme arme sociale
Ce tournoi est plus qu’un simple match de foot : c’est un cri d’alerte, un acte de résistance. Djahmel l’affirme : «La situation de la drogue est grave, et il est important d’organiser des événements comme celui-là.» En l’absence de soutien institutionnel, des jeunes comme lui deviennent les véritables acteurs du changement. Par leur courage, ils réveillent les consciences et recréent du lien dans des quartiers trop souvent oubliés. Prochaine étape : le 10 août. Le rendez-vous est pris. Et cette fois, ils seront encore plus nombreux. Parce que là où les institutions tardent, la jeunesse, elle, agit.