Ile Maurice: Cyclisme – Kimberley Le Court-Pienaar face à l'histoire

Kimberley Le Court-Pienaar aborde la course en ligne des Championnats du Monde de cyclisme sur route au Rwanda (départ cet après-midi à 14h) avec des ambitions légitimes. Première Africaine victorieuse d’un Monument, Liège-Bastogne-Liège et d’une étape sur le Tour de France Femmes, la double championne de Maurice 2025 espère mettre la cerise sur le gâteau sur un parcours qui semble fait pour elle. Même la Française Pauline Ferrand-Prévot, récente lauréate du Tour de France Femmes, la place parmi les trois grandes favorites, aux côtés de la Néerlandaise Demi Vollering et la Suissesse Marlen Reusser.

Le rendez-vous est inédit. Le continent africain accueille pour la première fois les Mondiaux de cyclisme sur route. La course en ligne féminine longue de 164,6 km avec 3 350 m de dénivelé positif ne comporte pas de cols interminables, mais un enchaînement d’efforts explosifs à travers 11 tours d’un circuit très vallonné. À 1 500 m d’altitude, les concurrentes devront dompter des côtes sèches, surtout le Mur de Kimihurura, 1,3 km de pavés à 6 % de moyenne, qui pourrait servir de juge de paix.

Un tel profil est loin de rebuter Kimberley Le Court-Pienaar. La Mauricienne n’est pas une grimpeuse pure, mais son explosivité et sa capacité à répéter les efforts dans les courses «punchy» lui confèrent un avantage certain. «C’est un circuit qui ressemble beaucoup aux courses que j’ai faites en Belgique», confie-t-elle.

Sa victoire historique à Liège-Bastogne-Liège, en avril dernier, reste un repère majeur. Au-delà de l’exploit symbolique, ce succès a prouvé sa solidité face aux montées successives et sa faculté à conclure dans un groupe restreint grâce à sa pointe de vitesse. Le scénario rêvé pour Kigali ressemblerait à celui de la Doyenne : une usure progressive, un petit peloton dans les deux derniers tours, et un sprint réduit où la Mauricienne aurait toutes ses chances.


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Mais notre compatriote reste prudente. «Sur une course comme celle-là, on ne peut jamais être totalement confiante parce que tout le monde veut la gagner. Mais je ne me serais pas alignée si je ne voulais pas remporter le maillot arc-en-ciel. Je donnerai tout, d’autant plus que cela se passe en Afrique et que c’est donc très spécial à mon coeur.»

Une préparation minutieuse

Un discours mesuré mais des ambitions claires, confirmées par le respect de ses pairs. Pauline Ferrand-Prévot, multiple championne du monde et victorieuse du Tour de France Femmes il y a quelques semaines, n’hésite pas : «Kimberley Le Court-Pienaar fait partie des trois grandes favorites avec Demi Vollering et Marlen Reusser.»

Consciente des spécificités de la course rwandaise, Kim l’a préparée en effectuant un stage en altitude à Andorre, à plus de 2 000 m d’altitude. Un choix stratégique : adaptation physiologique, meilleure oxygénation, tolérance à l’effort. Des atouts précieux. «L’altitude va forcément affecter les coureuses, mais je pense avoir eu la préparation qu’il faut en Andorre avant de venir au Rwanda», soulignet-elle.

Le secteur pavé du Mur de Kimihurura, lui aussi, s’annonce comme un passage clé. «C’est une portion difficile, qui va user les organismes», prévient la Mauricienne.

Reste que le défi est immense. La sélection mauricienne ne comptera que trois coureuses au départ. Difficile dans ces conditions de peser sur la stratégie de course, quand des nations comme les Pays-Bas, la France ou l’Italie aligneront des armadas capables de contrôler et de durcir l’épreuve. «Ce sera un gros challenge pour mes coéquipières Lucie Lagesse et Aurélie Halbwachs-Lincoln. Elles ne sont pas habituées aux gros pelotons. On n’a pas vraiment de plan tactique. Elles vont surtout profiter de l’expérience, surtout Lucie qui est encore jeune», explique-t-elle.

Malgré tout, Kimberley ne sera pas seule dans sa quête. «Mes précédents résultats et mon entourage m’apportent énormément de confiance et d’encouragement», se réjouit-elle.

La Mauricienne n’élude pas ses ambitions. «Je n’aurais jamais pensé me battre pour un titre mondial sur le continent africain. C’est un rêve pour moi», dit-elle, consciente que l’histoire l’attend peut-être au bout des 164 kilomètres.

Avec une saison de référence et une préparation soigneusement calibrée, Le Court-Pienaar s’avance avec ambition et lucidité. Un podium serait déjà une performance majuscule. Une victoire, une nouvelle page d’histoire pour le sport mauricien et africain.

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