Ile Maurice: 25 ans de loyaux services… et une suspension pour un post en ligne

Après 25 années de service, Rohit (prénom modifié), employé dans le secteur de la maintenance d’une compagnie sous tutelle de l’État, vit aujourd’hui une profonde désillusion. Depuis quelques jours, il est suspendu de ses fonctions sans qu’aucune explication claire ne lui ait été fournie, dit-il. Pour lui, c’est une «persécution» venue de ses supérieurs.

Rohit raconte avoir intégré cette entité publique après une fusion. À l’époque, les employés s’étaient vus promettre de meilleures conditions salariales, en contrepartie d’une réduction de congés annuels et de congés maladie. «Je n’arrivais pas à joindre les deux bouts, alors j’ai accepté. Mais rapidement, on nous a imposé de travailler les samedis, ce qui ne figure pas dans notre contrat», dit-il. Ses horaires stipulent en effet des journées de lundi à vendredi, de 8 h 30 à 16 h 30. Pour lui, les heures supplémentaires devaient être rémunérées, une demande restée sans suite.

Pire encore, l’employé dit avoir découvert que même son plan de pension avait été réduit. «On nous a dit que si la compagnie faisait faillite, on pourrait tout perdre. Malgré les risques, on a continué.» Face à l’incertitude, il affirme n’avoir obtenu aucune réponse claire de ses responsables.


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La situation s’est aggravée après un post publié par Rohit sur Facebook. Réagissant à la polémique entourant la nomination de la fille d’un député, il a interpellé directement le Premier ministre. «J’ai écrit que ma propre fille, diplômée et ayant quitté un poste de manager pour rejoindre la fonction publique, attend toujours un contrat depuis plus de six mois. Comme elle, environ 6 000 jeunes sont inscrits à la Public Service Commission et n’ont toujours rien obtenu.»

Si la jeune femme citée dans la polémique a finalement décliné le poste qui lui avait été offert, cela n’a pas apaisé Rohit. «J’ai écrit ce message pour tous les jeunes qui attendent, pas seulement pour ma fille», insiste-t-il.

Un mois plus tard, il est convoqué par son service des ressources humaines. «On m’a demandé des explications sur ce post. J’ai dit que je pouvais répondre uniquement en présence d’une tierce personne. Ensuite, j’ai reçu ma lettre de suspension. On m’accuse d’avoir manqué à mon devoir de réserve sur les réseaux sociaux et on m’informe que je devrai passer devant un board disciplinaire.»

Aujourd’hui, ce père de famille se dit accablé. «J’ai donné 25 ans de ma vie à cette entreprise. Je suis suspendu, on me promet toujours mon salaire, mais à tout moment je peux être licencié. Cette pression est insoutenable. Je ne sais pas comment je vais nourrir ma famille.»

Le cas de Rohit soulève des interrogations sur la gestion des ressources humaines au sein des entreprises étatiques, mais aussi sur la liberté d’expression des employés publics et parapublics. Pour l’instant, il reste dans l’attente, partagé entre l’espoir de retrouver son poste et la peur de voir sa carrière brisée par un post sur les réseaux sociaux.

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