Guinée: Une présidentielle qui marque le retour à l'ordre constitutionnel

Les 6,7 millions d’électeurs guinéens sont appelés aux urnes ce dimanche 28 décembre pour le premier tour de l’élection présidentielle. Ce scrutin, qui marquera le retour à l’ordre constitutionnel après plus de quatre ans de transition, voit huit candidats affronter le président de la transition Mamadi Doumbouya dont Abdoulaye Yéro Baldé et Faya Millimouno. L’affiche de campagne avec notre correspondant à Conakry Tangi Bihan.

En renversant Alpha Condé, Mamadi Doumbouya avait promis de ne pas se présenter à l’élection présidentielle en Guinée. Le voilà pourtant bel et bien sur la ligne de départ, pour, selon son Premier ministre Bah Oury, consolider les acquis de la transition et poursuivre le développement économique du pays. Candidat discret, ses prises de paroles pendant la campagne se seront limitées à un clip et une allocution pré-enregistrés. Il aura laissé ses ministres défendre son bilan et son projet auprès des électeurs sur le terrain.

Face à lui, un challenger a émergé en la personne d’Abdoulaye Yéro Baldé. Cet ancien ministre de l’Enseignement supérieur avait quitté le gouvernement d’Alpha Condé pour protester contre son projet de troisième mandat. Autre voix critique, Faya Millimouno, du Bloc libéral, n’aura cessé, durant toute la transition, de dénoncer les disparitions d’opposants ou la fermeture des grands médias audiovisuels. Également présents l’ancienne diplomate et ministre des Affaires étrangère Makalé Camara, seule femme candidate, et Mohamed Nabé, de l’Alliance pour le renouveau et le progrès.


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Un scrutin enfin marqué par l’absence de figures qui ont marqué la vie politique guinéenne ces trente dernières années, comme Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo ou Sidya Touré, tous en exil. Leurs partis appellent leurs militants à rester chez eux. Les autres candidats à ce scrutin sont : Bouna Keita, Abdoulaye Kourouma, Mohamed Chérif Tounkara et Ibrahima Abé Sylla.

Une élection sous l’oeil de plusieurs observateurs

Une élection observée par plusieurs organisations internationales comme l’Union africaine, la Cédéao ou l’Union européenne. Mais aussi par des observateurs nationaux, dont les dispositifs sont déjà en place. Ils s’attendent à un scrutin calme, même s’ils pointent quelques risques.

Parmi les organisations de la société civile à déployer des observateurs, le Réseau ouest-africain pour l’édification de la paix (Wanep), qui se concentre sur les risques de violence. Pour son responsable Tamba Jean Tolno, même si la campagne s’est déroulée dans le calme, l’absence des grands partis politiques et leur appel au boycott constitue un risque.

« Les leaders ont appelé leurs militants à rester chez eux, à ne pas participer à ce scrutin. Les gens peuvent penser que boycotter ça veut dire empêcher ceux qui veulent voter d’aller voter, et ça peut mener à la violence. Voilà le risque principal que nous craignons lors de cette élection ».

Il se dit néanmoins rassuré par le dispositif sécuritaire déployé par les autorités. Autres observateurs : l’Association des blogueurs de Guinée (Ablogui), spécialisée dans les questions numériques. Si l’accès à Facebook est déjà bloqué depuis lundi, son président Baro Condé craint des restrictions plus larges, comme ce fut le cas pendant le référendum de septembre, cela entraverait leur travail.

« Si toutefois il y a une restriction de la qualité et du début d’Internet, cela pourrait affecter le travail d’observation de l’Ablogui, même si derrière nous avons quand même développé des outils de résilience qui permettront après à nos observateurs de remonter les données, mais elles seront remontées plus tard. » Ces organisations présenteront leurs premiers rapports dès le 28 décembre.

Jour de vote en Guinée dans un contexte compliqué

Partis politiques suspendus, médias fermés, manifestations interdites en 2022, opposants et membres de la société civile arrêtés ou disparus, le contexte de ce scrutin qui doit mettre fin à la transition politique est complexe. Malgré la promesse qu’aucun membre de la junte ne serait candidat, Mamadi Doumbouya est donc en quête d’un pouvoir légitime pour diriger le pays.

Derrière sa bannière « bâtir ensemble », le militaire, candidat indépendant, promet « paix et stabilité » dans une campagne durant laquelle, comme Alpha Condé à son époque, il s’est fait très discret. Face à lui, ils sont donc huit à participer à cette course à la présidence, notamment Faya Millimono qui a fustigé le pouvoir militaire et dénoncé la « stratégie de la terreur visant à étouffer les voix dissidentes ». Seule femme candidate, Makalé Camara, qui a été ministre des affaires étrangères entre 2015 et 2017, a obtenu 0,7% de voix à la présidentielle de 2020.

Ancien de la banque mondiale, ancien ministre de l’enseignement supérieur d’Alpha Condé, Abdoulaye Yéro Baldé, critique vis à vis de la junte, se présente pour la 1ère fois. Une scrutin présidentiel sans les ténors de l’opposition, notamment Cellou Dalein Diallo qui a évoqué une mascarade, scrutin que les soutiens de Mamadi Doumbouya comptent gagner dès le premier tour.

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