Guinée: nouvelle flambée de violence entre éleveurs et agriculteurs en Guinée forestière

Le conflit entre éleveurs et paysans en Guinée a connu une flambée de violence ces derniers jours dans la commune de Lola dans la région forestière. Des centaines de têtes de bétail ont été abattues par des populations en colère qui demandent le départ des bouviers de leur région. Des femmes ont même manifesté torses nus, jeudi dernier, pour exprimer leur colère et demander aux autorités d’agir.
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Les conflits entre agriculteurs et éleveurs connaissent de temps en temps des regains de violences, les éleveurs sont accusés de détruire les champs et les cultures avec leurs troupeaux, ce qui provoque parfois des affrontements violents. Afin de règlementer le secteur, le ministère de l’Élevage a interdit depuis le début de l’année la transhumance transfrontalière en Guinée. L’objectif affiché selon les autorités est de répondre au manque d’espaces pastoraux, protéger les ressources et l’environnement, mais aussi de préserver la cohésion sociale entre les populations.
Le dernier incident est parti d’un différend entre deux éleveurs et un paysan. Les premiers accusant le second d’avoir tué leur vache. Il aurait été frappé et attaché sur une moto. Et c’est en chemin pour être transporté à la gendarmerie que la situation a dégénéré, nous explique Mamadi Bamba chargé des conflits à la fédération régionale Bétail-Viande de N’zérékoré. Un éleveur a été tué et l’autre grièvement blessé, nous explique-t-il. Il est hospitalisé à l’hôpital régional.
Des attaques qui ont causé des pertes importantes pour les éleveurs
Mamadi Bamba accuse des habitants d’autres localités où, dit-il, il n’y a pas de bouviers. Ils profitent de cette tension pour s’en prendre aux animaux afin de revendre leur viande dans des pays voisins. Jusqu’à ce jour, les éleveurs de Lola ne peuvent toujours pas accéder à leurs troupeaux abandonnés à eux-mêmes. « Les gens continuent d’abattre les animaux, on est privés de nos bien ! Moi, j’ai perdu tous mes animaux, 235 têtes ! Tous ont été tués », s’indigne Mamadi Bamba, qui déclare attendre de l’aide du gouvernement. Le ministre de l’Élevage, Félix Lama, est dans la région depuis plusieurs jours pour essayer de mettre fin au conflit.
Benjamin Doré est le président (maire) de la délégation spéciale de Lola.
La situation était tendue. Le ministre est sur le terrain en train de prendre des dispositions. Le décret du ministre disait que toutes les transhumances, c’est-à-dire les bœufs étrangers, doivent quitter la zone guinéenne. Mais nous avons constaté que les bouviers revenaient dans la région… Maintenant la population dit que bœufs guinéens ou bœufs étrangers, ils ne veulent plus les voir dans leur zone culturelle. En tant qu’autorité locale, moi, je ne fais que sensibiliser ma communauté, ma population pour leur dire que personne ne peut se rendre justice, mais je pense qu’il y a trop de colère !
Benjamin Doré : « il y a trop de colère ! »
Fulbert Ngodji, chercheur chez International Crisis Group (ICG), travaille notamment sur ces questions de pastoralisme et de transhumance.
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