Guinée-Bissau: ce que les étudiants attendent de la présidentielle

La Guinée-Bissau se prépare à élire, le 23 novembre, son prochain président ainsi que les 102 députés du Parlement, dissous et à l’arrêt, depuis deux ans. C’est la présidentielle qui concentre toutes les attentions. L’actuel président Umaro Sissoco Embalo brigue un deuxième mandat. L’opposition, affaiblie par l’exclusion inédite de Domingos Simões Pereira et du parti de la lutte pour l’indépendance le PAIGC, se range derrière le candidat indépendant Fernando Dias et se montre beaucoup plus discrète dans la capitale.
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Avec notre envoyée spéciale à Bissau, Eva Massy
Dans les rues de Bissau, impossible d’échapper aux affiches politiques appelant à voter Umaro Sissoco Embalo. Des affiches XXL ornent façades, voitures, bus et chemises des passants, mais tous les Bissau-guinéens n’expriment pas leur intention de vote aussi confortablement.
Un climat délétère
Les étudiants de la faculté de droit de l’université Amilcar-Cabral parlent d’un climat délétère. Voter c’est important, et ils vont le faire, disent les jeunes, à la fac de droit de Bissau. Ils savent déjà, pour la plupart, quel bulletin de vote ils glisseront dans l’urne, dimanche prochain, mais tous, sans exception, préfèrent taire les noms, comme Angelo Baldé.
« On ne peut pas montrer nos opinions de façon claire, à cause de l’abus de force auquel on assiste. Tout le monde a peur, tout le monde. Il y a eu des cas de torture. On le sait, on l’a entendu et on a peur de parler. On attend le 23 novembre pour montrer notre position à travers le vote », tient-il à souligner.
« Qu’il restaure la liberté d’expression en Guinée-Bissau ! »
Entre les 12 candidats à la présidence, Loïda 18 ans, sortant d’un amphithéâtre quelques mètres plus loin, nous dit, discrètement, quel est son préféré : « Le candidat n°4 ! », et ce qu’elle attend de son futur président : « Qu’il restaure la liberté d’expression en Guinée-Bissau ! On est dans un régime plus ou moins dictatorial et oui, la liberté d’expression existe officiellement mais on n’ose pas vraiment s’exprimer et ça provoque un certain malaise. »
Edineida, elle, suit la campagne électorale à la radio et sur les réseaux sociaux, parfois déçue par les discours et attitudes de certains candidats : « On entend beaucoup trop de discours tribalistes. J’ai l’impression que les personnes vont voter en fonction de leur ethnie. Mais l’ethnie ne donne des compétences à personne. Nous sommes tous des Bissau-guinéens, on veut le meilleur pour notre pays. »
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L’engouement pour ces élections générales se mesure aussi au nombre d’électeurs. Ils sont 42 000 de plus que lors du dernier scrutin législatif, en 2023.



