Guinée: Présidentielle – Elimination de candidats, mode d'emploi

La prochaine présidentielle en Guinée, dont la date est jusqu’à présent inconnue, devrait se tenir sous l’empire de la nouvelle Constitution qui sera sans aucun doute adoptée à l’issue du référendum du 21 septembre 2025.
Pour la plupart des observateurs, les jeux semblent déjà faits, dès lors que le Général Mamadi Doumbouya a décidé unilatéralement avec son administration, après avoir suspendu les partis politiques les plus à même de lui porter la réplique lors de la campagne référendaire, leur interdire pour ce fait de faire campagne et de s’adresser aux médias durant cette période, même si entretemps il y a eu un rétropédalage.
L’enjeu est de taille, et il se joue à l’externe comme en interne, car le Général Doumbouya est très sensible à son image à l’extérieur, raison pour laquelle il a joué de subtilité pour contourner les obstacles que pourrait dresser devant lui le protocole additionnel de la CEDEAO qui fixe un délai de 6 mois en deçà duquel les règles électorales ne peuvent être modifiées. C’est important pour lui car c’est la CEDEAO et l’Organisation internationale de la Francophonie qui l’ont adoubé au moment où les pays de l’AES aujourd’hui subissaient les foudres de l’institution régionale.
En effet, à quelques encablures de la présidentielle que le Premier ministre guinéen avait promis de tenir d’ici la fin de l’année 2025, l’argument du Référendum pour l’adoption de la nouvelle constitution devient de ce point de vue imparable pour quelqu’un qui veut changer les règles du jeu électoral, sans coup férir.
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Du coup, en interne, les dispositions de la transition qui excluaient le Général de la compétition pour la présidentielle deviennent désuètes, et donc Doumbia pourra légitimement et légalement compétir sans ses sérieux challengers que sont Alpha Condé (ou son parti), Cellou Dalein Diallo de l’UFDG et Sidya Touré (seul rescapé de la suspension qui frappe les partis politiques) et Rafiou Sow, le leader du PRP.
Cette suspension de trois mois, il est vrai, vicie le processus, car les griefs de l’opposition vis-à-vis du nouveau texte ne peuvent être rendus publics, ni une critique formulée pendant la campagne, pour ainsi inciter les partisans des partis suspendus à voter contre les dispositions, qui selon eux sont « liberticides ».
En effet, le nouveau texte, s’il venait à être adopté, exclurait définitivement les leaders de ces trois grands partis de la scène politique guinéenne, pour une raison bien simple.
D’abord, le nouveau texte consacrerait un retour au septennat, et Doumbouya qui a déjà commencé sa campagne risque d’être le vainqueur de ce scrutin et donc gouvernerait la Guinée jusqu’en 2032.
Ensuite, le texte introduit un autre changement, au niveau des conditions d’éligibilité, en ce sens que désormais, il faut avoir moins de 80 ans et résider en Guinée. Cette disposition exclut de facto Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré.
Le Général Doumbouya va-t-il réussir le coup de l’élimination des adversaires politiques mieux que ses prédécesseurs dans les pays voisins ?
Avec l’habillage constitutionnel, il y est presque !