Guinée: Présidentielle au pays – Chronique d'une élection Pipée ?

C’est définitif et certain, l’élection présidentielle en Guinée se tiendra le 28 Décembre 2025, l’assurance en avait été donnée par le 1er ministre de la transition M. Bah Oury. Ce qui l’est moins en revanche c’est la candidature du Général Mamadi Doumbia qui se susurre dans les cercles du pouvoir, et que les actes du quotidien semblent conforter.
En tout cas cette candidature a reçu un soutien de taille, celui du général Sékouba Konaté, ancien président de la transition en Guinée et aujourd’hui à la tête d’une mission d’observation internationale pour la présidentielle en Côte d’ivoire ; l’un des rares militaires à avoir transmis pacifiquement le pouvoir et qui s’en est éloigné depuis. C’est un coup de pouce que certains observateurs considèrent comme une onction à la candidature du général Doumbia, et qui par conséquent « légitime » par anticipation la réponse de Doumbia qui très probablement va lever toute équivoque sur sa candidature, même si les textes de la transition l’avaient initialement exclu du jeu politique au terme de celle-ci.
Mais la question fondamentale n’est pas en vérité si oui ou non Doumbia sera candidat, mais plutôt comment la présidentielle sera tenue en toute démocratie, dès lors que les trois figures de proue de l’opposition, à savoir Cellou Dalein Diallo, Alpha Condé et Sidya Touré, sont exclus de la compétition, leurs partis respectifs étant suspendus, et qui plus est au regard de la constitution, ils ne remplissent pas les critères d’âge et de résidences continue sur le territoire national.
La candidature indépendante du Général Doumbia ( il n’a pas de parti) est aujourd’hui analysée au regard du nombre et du profil de ses challengers éventuels, étant entendu que ces derniers doivent faire face à des obstacles quasiment infranchissables pour des candidats d’envergure assez moyenne. Tout d’abord, et c’est le premier d’entre eux, le parrainage des élus.
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L’on se rappelle que toutes les 368 Mairies sont depuis 2024, sous délégation spéciale, et leurs tenant ont déposé leur fiche de parrainage en faveur de Doumbia. En effet, aux termes du code électoral guinéen, “toute candidature indépendante à l’élection du Président de la République doit être parrainée par au moins 30 % de l’ensemble des maires, répartis au moins dans 70 % des communes, au moment du dépôt de la candidature”.
Il n’est toutefois pas garanti que les responsables de ces exécutifs locaux installés par Doumbia lui-même, prennent le risque de donner leur parrainage à ses adversaires, d’autant plus qu’ils ne peuvent parrainer qu’un seul candidat. Quelque part, on y décèle une rupture de l’égalité des candidats, que certains considère comme une manœuvre du pouvoir pour installer ses hommes et femmes.
Le second handicap des futurs adversaires de Doumbia, est bien entendu financier avec l’exigence posée par le code électoral, que la Direction générale des Elections vient de révéler, à savoir : le montant de la caution fixée à 90 000 €, soit 900 millions de francs guinéen, un budget de campagne de 40 milliards de francs Guinéens, qui doivent être déposés au trésor avec la justification de leur origine. On est ainsi passé de 50 millions FG en 2005, à 900 millions en 2025, la hausse vertigineuse du montant de la caution laisse croire, en dépit du souci invoqué de rationaliser les candidatures, que la volonté d’aller vers une élection censitaire est manifeste.
Il ya de fortes chance que le Cour Suprême, et même avant elle, la commission de réception et de validation des parrainages n’ait peu de travail à faire ; l’écrasante majorité des potentiels candidats indépendants, qui d’ailleurs ont d’excellents profils seront éliminés, ouvrant ainsi un boulevard au candidat Mamadi Doumbia sans suspens.



