Guinée: Le référendum constitutionnel sous le feu des critiques de l'opposition

Le référendum constitutionnel prévu en République de Guinée le 21 septembre 2025 suscite une vive controverse et agite la sphère politique nationale. Tandis que le gouvernement de transition dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya poursuit les préparatifs du scrutin, les principaux partis d’opposition, notamment l’UFDG, le RPG, l’UFR ainsi que le mouvement citoyen FNDC, appellent à le boycotter.

Dans une interview accordée à France 24 ce 3 septembre 2025, Cellou Dalein Diallo, Président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), n’a pas lésiné sur les mots. L’ancien Premier ministre guinéen a qualifié ce référendum de « deuxième coup d’État ».

À la question de savoir pourquoi son parti, tout comme d’autres membres de l’opposition, appelle au boycott, il a expliqué que cette décision repose sur le constat d’un écart croissant entre les promesses de Mamadi Doumbouya et la réalité de sa gouvernance.

Pour Cellou Dalein Diallo « On n’a jamais hésité à participer à ce référendum, et ce, jusqu’à ce qu’on se rende compte que la gouvernance de Mamadi Doumbouya allait à l’encontre du discours qu’il a décliné à l’occasion de sa prise de pouvoir, mais également par rapport à la charte de la transition qu’il avait élaborée sans associer les partis politiques, mais qu’il avait juré de respecter et de faire respecter. » Il a ajouté que cette charte « protégeait les libertés fondamentales et les droits humains ».


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Il faut rappeler que cette situation fait suite à la chute d’Alpha Condé, ancien président de la République, déchu lors du coup d’État du 5 septembre 2021. Pour Cellou Dalein Diallo, les engagements initiaux de Doumbouya ne sont aujourd’hui plus respectés, ce qui justifie, selon lui, l’opposition frontale à ce qu’il considère comme une dérive autoritaire.

Toutefois, il affirme que « l’opposition se met d’un commun accord afin d’empêcher ce second coup d’État qu’il s’apprête à perpétrer contre le peuple de Guinée ».

Une déclaration particulièrement marquante lors de son passage sur France 24 est celle où il affirme que « nous sommes dans un pays où la culture de la fraude est fortement ancrée. On a eu l’habitude en Guinée de proclamer des résultats qui n’ont absolument rien à voir avec la vérité des urnes ».

Il accuse ainsi Mamadi Doumbouya, commandant du Groupement des forces spéciales guinéennes (GFS), d’avoir déjà planifié une fraude électorale avec le soutien de l’armée. « Le référendum est organisé par lui-même et son administration et il ne peut avoir aucune chance d’avoir un référendum fiable à la vérité des urnes », a-t-il affirmé.

Dans cette dynamique, les autres partis politiques ont choisi de participer au scrutin tout en appelant à voter « Non ». Elles estiment en effet que, même si les résultats risquent d’être manipulés, il est important de marquer leur opposition dans les urnes.

Toujours selon Cellou Dalein Diallo, le chef de la junte ambitionne de rester au pouvoir au-delà de la transition  « Doumbouya veut une présidence à vie alors qu’à la base, il était question de permettre un retour à l’ordre constitutionnel. »

Par ailleurs, le projet de nouvelle constitution soulève d’autres critiques, notamment en raison de l’introduction d’une limite d’âge pour les candidats à la présidentielle. Toute personne âgée de plus de 80 ans serait désormais inéligible.

Une disposition qui, de fait, exclut des figures politiques majeures comme Alpha Condé et Sidya Touré. Un fait qui laisse présager une volonté d’exclure des rivaux politiques. Si ce référendum devait marquer un pas vers un retour à l’ordre constitutionnel, les doutes sur sa transparence et sur l’inclusivité du processus pourraient bien transformer ce moment en nouvelle crise politique.

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