Il existe des réalités dans le monde du football qui se répètent comme des refrains sans fin. En Guinée, l’un de ces refrains est celui des crises internes au sein de la Fédération Guinéenne de Football (Feguifoot). Entre polémiques, retraits de candidatures, élections contestées et interventions extérieures, notre football national se trouve aujourd’hui pris au piège d’un éternel recommencement. À l’heure où les stades africains se préparent à vibrer pour les prochaines échéances internationales, le football guinéen semble, lui, encore embourbé dans une guerre d’égo et de pouvoir, bien loin des terrains.
Cette semaine, les projecteurs étaient braqués sur l’élection partielle au comité exécutif de la Feguifoot. Alors qu’on attendait une clarification, un pas vers la stabilité, c’est encore une controverse de plus qui a émergé. Trois nouveaux membres ont été élus malgré le retrait spectaculaire des candidats du groupe dit « G47 », un collectif qui avait pourtant promis de restaurer la sérénité au sein de l’institution. Ce nouveau rebondissement montre à quel point la fracture est profonde et la route vers l’apaisement bien loin d’être tracée.
Ces élections controversées reflètent surtout un mal récurrent : celui d’une fédération divisée en factions, où chacun semble privilégier ses intérêts personnels au détriment du projet commun. Ce n’est d’ailleurs pas une surprise si, dans ce climat d’instabilité permanente, notre Syli national peine à briller sur les scènes continentales et internationales. Comment réussir à bâtir une équipe performante quand ceux censés être les garants de la cohésion sont eux-mêmes en permanence dans la discorde ?
Parallèlement, la déclaration récente de Kéamou Bogola Haba, figure bien connue du monde sportif guinéen, résonne comme un avertissement. Avec franchise et détermination, il a rappelé aux acteurs du football guinéen une vérité essentielle : « Nous ne sommes ni un État ni un ministère chargé de gérer des crises ». À travers ces mots forts, Kéamou Bogola Haba pointe un problème crucial : le football guinéen, depuis trop longtemps, se laisse détourner de son véritable objectif, celui de développer le jeu, promouvoir les talents, et unir le peuple guinéen autour d’une passion commune.
La vérité dérange, mais elle doit être dite : l’actuelle Fédération semble plus habituée aux salles de réunions tumultueuses qu’à célébrer des victoires sur le terrain. L’image qu’elle projette aujourd’hui au-delà de nos frontières est celle d’une institution instable, incapable de régler ses problèmes internes autrement que par des conflits médiatisés. Or, si la Guinée veut retrouver une place de choix dans le football africain, il est impératif de sortir définitivement de ces cycles destructeurs.
Kéamou Bogola Haba souligne un point essentiel : la fédération ne peut pas se substituer aux autorités étatiques. Elle doit plutôt jouer pleinement son rôle d’organe de régulation et de promotion du football. Les crises à répétition ne doivent pas être le quotidien d’une institution sportive. Son rôle premier est de permettre aux athlètes de s’épanouir, aux entraîneurs de travailler sereinement et aux supporters de rêver à nouveau.
Le retrait des membres du « G47 » révèle également l’urgence d’une véritable introspection au sein de la Feguifoot. Pourquoi les mêmes problèmes persistent-ils malgré les changements d’équipes dirigeantes ? Pourquoi ces luttes intestines continuent-elles à primer sur le bien commun ? Il est temps pour chaque acteur impliqué de dépasser ses ambitions individuelles et d’accepter que le football guinéen ne sortira grandi qu’en parlant d’une seule voix.
Les conséquences de cette situation chaotique sont évidentes : baisse de niveau du championnat national, difficultés à attirer des investisseurs et partenaires solides, perte de crédibilité sur la scène internationale et, pire encore, désillusion totale des jeunes talents guinéens qui rêvent pourtant de porter fièrement les couleurs du Syli national.
L’heure est donc venue pour la Feguifoot de cesser d’être cette arène où s’affrontent constamment intérêts personnels et rivalités inutiles. L’heure est venue de placer le ballon au cœur des préoccupations et de permettre au football guinéen de reprendre sa vraie place : sur les pelouses, dans les stades, et dans le cœur des fans.
Il est urgent, enfin, que chacun se rappelle que le football est avant tout un sport populaire, un vecteur de joie, de solidarité et de fraternité. La Guinée mérite mieux que ces batailles incessantes, ces intrigues sans fin et ces crises interminables.
Aujourd’hui, l’histoire nous place à la croisée des chemins. Il appartient désormais à la Feguifoot, à ses dirigeants et à tous les acteurs du ballon rond en Guinée de choisir la voie à suivre : celle du renouveau ou celle du chaos permanent.
Le temps des crises doit prendre fin. Il est grand temps de rendre au football guinéen ses lettres de noblesse.