Fraude fiscale, faux CV… Qui est vraiment Kamal Benali ?

Se présentant comme consultant, Kamal Benali parcourt les dictatures pour leur proposer ses services en communication. L’homme d’affaires vient d’être rattrapé par la justice française.

Il est le sujet de plusieurs articles ces derniers jours. Kamal Benali, à la tête de sa société Efficient Network, serait « l’architecte des ponts économiques entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient », selon l’obscure journal The Paris Times. Une opération de communication qui vise en réalité à invisibiliser une information de taille, révélée par le journal Gotham City : le fisc aurait décidé de « mettre son nez dans les affaires » de ce « consultant international », peut-on lire. L’homme d’affaires marocain serait soupçonné par la Direction Nationale des Enquêtes Fiscales (DNEF) de fraude fiscale. Des opérations de visite et de saisie auraient même visé un de ses appartement dans le 16e arrondissement de Paris.

Kamal Benali et Efficient Network : partout mais nulle part 

Quant à son cabinet de conseil en affaires internationales Efficient Network, lui aussi perquisitionné, pas certain que les autorités y aient trouvé quoi que ce soit. Car la société Efficient Network n’a aucune existence légale en France. Plusieurs sources nous indiquent d’ailleurs que Kamal Benali donne généralement ses rendez-vous de travail dans des espaces de coworking. Pas étonnant que Kamal Benali assure désormais qu’Efficient Network dispose de quatre bureaux à Genève, Bruxelles , Dubaï et Nicosie. De quoi interloquer la justice française : en septembre 2025, la Cour d’appel de Paris estimait que Kamal Benali « exercerait en France une activité de conseil aux entreprises à titre individuel et/ou sous couvert (…) de la dénomination ‘efficient network’ sans souscrire les déclarations fiscales correspondantes ».

Quant à son bureau de Nicosie, il serait une simple boîte à lettres : selon la Cour d’appel de Paris, la société de droit chypriote ENC Efficient Network Consultants LTD « ne dispose pas de locaux en propre à l’adresse de son siège social à Chypre » ni « de moyens humains et/ou d’exploitation suffisants permettant d’y exercer une activité de conseil aux entreprises ». Pour le bureau de Bruxelles, la justice française en est certaine : « Aucune entité n’existe sous la dénomination Efficient Network en Belgique ». Contestant les perquisitions de la DNEF, qui a notamment saisi des ordinateurs et des téléphones portables, Kamal Benali a donc été débouté. Au-delà de l’amende infligée à l’autoproclamé expert en diplomatie internationale, l’affaire montre à quel point Kamal Benali a mis en place un « personal branding » bien loin de la réalité.

Coquilles vides et faux curriculum vitæ

Car Kamal Benali est surtout « connu pour créer des coquilles vides, sans bureaux ni salariés », expliquait un ex-collaborateur au journal Afrique Chronique, qui avait consacré un portrait à l’homme d’affaires marocain. On apprenait alors que Kamal Benali avait assuré avoir travaillé, via Efficient Network, pour l’Iraqi National Business Council (INBC) et la National Investment Commission en Irak, en 2013 et 2014, soit… huit ans avant la création de la société. Quelques années plus tard, Kamal Benali voyageait dans plusieurs pays en se présentant comme le vice-président du Crans Montana Forum. Ce qu’avait démenti Jean-Paul Carteron, président du forum. Cette carte de visite a cependant permis au Marocain de décrocher quelques contrats de communication signés avec des amis du Crans Montana Forum. Dernier en date : un contrat le liant au sanguinaire Mohamed Hamdan Dogolo, accusé de crimes de guerre. Depuis, Efficient Network semble vouloir se repositionner sur le marché des entreprises.