Exposition «Survivre» à Kinshasa: des photographies pour raconter la guerre à l’est de la RDC

« Survivre », c’est le nom d’une exposition photographique qui se tient à l’académie des Beaux-Arts de Kinshasa. On y découvre des dizaines de clichés prises par sept jeunes photographes talentueux de Goma. Ces images mettent en lumière le conflit dans l’est de la RDC, la situation humanitaire comme la beauté des paysages.

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De notre correspondante à KinshasaAurélie Bazzara-Kibangula

La solitude et la souffrance, c’est ce qu’a réussi à capter la photographe Marie-Jeanne Munyerekana qui a passé du temps auprès des femmes du Nord Kivu. Sur l’un de ses clichés, on y voit une femme de dos se tenir à peine debout. « Elle a 17 ans et elle n’est même pas âgée. Elle a été violée deux fois et un enfant est né de ce viol là. Elle a été mutilée et elle a subi une chirurgie réparatrice. C’est parmi les photos que j’ai prises dans ma carrière et qui m’ont vraiment fait mal », raconte la photographe.

Témoigner par l’image

Fuites des populations, camps de déplacés ou encore groupes armés, les clichés interpellent et racontent le quotidien de ces photographes vivant à Goma. « Je crois que c’est important de garder des souvenirs, de garder des traces de mémoire de ce qui se passe. Depuis 30 ans, il y a des cycles de violence. Ce que j’ai appris et ce que j’ai vécu en vivant à Goma, c’est que oui, c’est compliqué. Mais on fait toujours de notre mieux pour se relever un peu plus vite et continuer à croire à la vie. J’ai intégré aussi ça dans ma démarche où je me suis dit ‘pourquoi ne pas raconter les histoires de ces personnes qui luttent chaque jour pour subvenir aux besoins de famille malgré des conditions difficiles‘ », raconte l’artiste et photographe Guershom Ngebo dont le travail est exposé à l’académie des Beaux Arts de Kinshasa.

Avec leurs clichés, les photographes veulent humaniser le conflit et montrer que des familles souffrent des violences armées. « Photographier dans une zone de conflit, ça n’a jamais été facile et ce qu’ils ont fait comme projet documentaire avait beaucoup plus de sens pour témoigner. Déjà, voyager de Goma à Kinshasa n’est pas facile. Ils ont eu ce courage. C’est un grand acte artistique. C’est assez spectaculaire. Pour moi, c’est une performance. C’est pourquoi, quand j’ai été contacté comme technicien pour contribuer à l’exposition, je n’ai pas hésité », témoigne Arsène Mpiana, scénographe de l’exposition et professeur aux Beaux-Arts de Kinshasa.

Raconter sa propre guerre

Parce qu’ils vivent eux-mêmes la guerre et le quotidien de la population, les photographes à l’origine du projet « Survivre » sont les mieux placés pour raconter l’histoire de Goma. Et c’est là que réside la puissance de l’exposition que l’on peut découvrir à l’académie des Beaux-Arts de Kinshasa.

 

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