Éthiopie: une vague d’arrestations de journalistes menace la liberté de la presse, s'inquiète une ONG

Une vague d’arrestations de journalistes secoue l’Éthiopie, avertit l’ONG Human Rights Watch dans un rapport publié le 22 septembre. Cette répression dure depuis le début de l’année et s’intensifie : six journalistes ont été arrêtés rien qu’au mois d’août 2025.

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Les forces de sécurité éthiopiennes ont arrêté arbitrairement plusieurs journalistes et professionnels des médias, déclare Human Rights Watch dans un rapport publié le 22 septembre. L’organisation exhorte les autorités à cesser le harcèlement des journalistes indépendants et à libérer immédiatement tous ceux détenus pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression.

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« Certains journalistes ont été arrêtés d’une façon « incommunicado ». Donc, on ne savait pas où ils étaient », explique Laetitia Bader, directrice adjointe de la division Afrique à Human Rights Watch, au micro de notre correspondante régionale Gaëlle Laleix.

« C’est une tendance inquiétante, surtout en période préélectorale. L’Éthiopie devrait organiser ses élections générales en 2026, et depuis le début de l’année, on observe une volonté de contrôler tout reportage sur des sujets sensibles ».

Des arrestations à l’approche des élections

Le 3 septembre, à Addis-Abeba, les journalistes Tigist Zerihun, Mintamir Tsegaw et Eshete Assefa, travaillant pour la radio privée Sheger FM 102.1, ont été arrêtés par des policiers et agents en civil. Ces arrestations font suite à un reportage diffusé le 29 août sur les travailleurs de la santé publique. « Ils ont été arrêtés suite à la diffusion d’un programme qui parlait d’une grève dans les services de santé publique », précise Laetitia Bader.

L’Autorité des médias éthiopienne, chargée de réguler le secteur, avait ordonné le retrait du reportage, l’accusant de partialité et d’incitation à la violence. Bien que la radio ait obéi le 30 août, les trois journalistes ont été arrêtés malgré tout.

Selon le droit éthiopien et le droit international, « l’arrestation ou détention suivie de dissimulation du lieu ou du sort de la personne constitue une disparition forcée », rappelle l’ONG.

Une loi qui donne plus de pouvoir au gouvernement

Cette nouvelle vague de répression contre les médias indépendants fait suite à l’adoption par le Parlement, le 17 avril, d’amendements à la loi sur les médias de 2021. « Cette année, des changements législatifs donnent beaucoup plus de pouvoir au gouvernement pour contrôler les reportages et la documentation des sujets importants », s’inquiète Laetitia Bader.

La nouvelle loi « renforce les possibilités d’ingérence politique, notamment en transférant des responsabilités importantes du Conseil d’administration de l’Autorité éthiopienne des médias à son Directeur général, nommé par le Premier ministre ». La loi révisée supprime également « l’interdiction pour les membres du Conseil d’appartenir à un parti politique, et exclut la participation de la société civile et des organisations de médias ».

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