Éthiopie: un ouvrage éclaire le rôle majeur des femmes dans l’histoire du pays

Il y a quelques jours, à Addis-Abeba, était présenté le livre History of Women in Ethiopia. L’ouvrage rassemble 19 autrices et auteurs autour de la place qu’ont joué les femmes éthiopiennes à travers les siècles, et qui reste peu connues du grand public, comme l’explique son organisatrice, Margaux Herman.

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Avec notre correspondante à Addis-Abeba, Marlène Panara

Les empereurs Ménélik II et Haïle Sélassié, ou encore le coureur de fonds Haile Gebrselassie sont célèbres dans le monde entier. Mais des souveraines, des sportives ou des communautés de femmes, moins connues, ont-elles aussi fait l’histoire de l’Éthiopie, comme l’explique Margaux Herman, historienne spécialiste des femmes et du genre : « On a des reines importantes dès le XVIème siècle, qui sont des grandes régentes et des femmes assez fortes. Un peu plus connue, la reine Taïtu a eu un rôle important dans la victoire de la bataille d’Adwa, en conseillant son époux Ménélik. Cela avec la stratégie de couper avec son armée l’arrivée de la rivière pour les Italiens, par exemple. »

Un rôle prépondérant dans la résistance sous l’occupation italienne

Les femmes éthiopiennes ont aussi joué un rôle prépondérant dans la résistance sous l’occupation italienne de 1936 à 1941. « On a énormément de femmes qui se sont mobilisées pour faire de l’espionnage, aller chercher des armes, ajoute Margaux Herman. Il y a aussi bien sûr toutes celles qui se sont formées aux techniques modernes de soins et donc ont soigné aussi les soldats blessés. Et puis bien sûr, toutes les femmes derrière qui sont restées faire tourner l’économie. »

Plus tard, les Éthiopiennes se sont aussi illustrées dans les contestations contre l’empereur Hailé Sélassié. « C’étaient les mouvements des années 1960-1970 plutôt pour essayer de changer les normes sociales de la monarchie. Et les femmes au sein de ces mouvements-là ont aussi beaucoup lutté contre les idées patriarcales », précise l’historienne.

Les mouvements étudiants ont joué un rôle central dans la chute d’Haïlé Sélassié, en 1974.

« Le rôle des femmes est constamment négligé »  

Malgré leur rôle indéniable dans l’histoire ancienne et récente du pays, les Éthiopiennes souffrent pourtant d’invisibilisation, constate Meron Zekele, professeure d’anthropologie à l’université d’Addis-Abeba : « Si l’on observe l’histoire de l’Éthiopie au fil du temps, on constate une tendance commune : le rôle des femmes est constamment négligé. Les récits dominants accordent souvent une attention excessive aux figures masculines, ce qui détourne l’attention du rôle des femmes et des figures historiques clés de l’Éthiopie. Pour relever ce défi du manque d’informations et de données sur les histoires des femmes, la meilleure solution consiste bien sûr à mener davantage de recherches. »

Elle ajoute : « La deuxième chose dont nous avons besoin est, bien sûr, de combler ce manque dans notre système éducatif, principalement dans nos écoles. Les programmes scolaires devraient mettre en avant la contribution des femmes éthiopiennes, les contributions qu’elles ont apportées en tant que leaders. Il faut inculquer cette valeur aux jeunes élèves, afin qu’ils grandissent en considérant les femmes comme un élément central de notre histoire nationale. »

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