Est de la RDC: pourquoi la cohabitation à Uvira entre FARDC et les Wazalendo est si explosive

La ville d’Uvira, dans le Sud-Kivu, a connu dimanche 7 septembre le sixième jour consécutif de « ville morte » décrétée par les groupes armés Wazalendo, soutenus par une partie de la société civile. Ils exigent le départ du commandant adjoint de la région militaire, qu’ils accusent de proximité avec l’AFC/M23 et dont il aurait échoué à stopper l’avancée. Cette crise est l’exemple de l’équilibre délicat que Kinshasa doit trouver, entre la primauté de l’armée et le poids des Wazalendo dans cette région, pourtant l’Armée et ces groupes sont partenaires dans la lutte contre AFC/M23.
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Les Wazalendo menacent de poursuivre leur mouvement si leurs revendications ne sont pas satisfaites.
La situation à Uvira est délicate d’abord parce que les Wazalendo sont dans la ville. Avant, ils étaient dispersés dans les collines, chacun dans son fief, comme les miliciens mai-mai. Mais ils sont descendus, et aujourd’hui, ils vivent, circulent et opèrent dans la cité et autour d’Uvira. Certains ont même monté une unité qui fonctionne comme une police.
Résultat : dans toutes les communes, on trouve à la fois des positions FARDC et des positions Wazalendo.
Ils avaient bien discuté, il y a quelques mois, de patrouilles conjointes pour comprendre qui tuait la nuit à Uvira. Mais la réalité, c’est que Wazalendo et FARDC n’obéissent pas toujours à la même hiérarchie.
La situation est aussi délicate, parce que ces Wazalendo connaissent le terrain par cœur. Ce sont des groupes organisés en entités quasi-autonomes, chacun répondant directement à son chef. Et puis, surtout, parce que ces groupes sont dirigés par des chefs miliciens connus et redoutés dans la région.
Il y a par exemple l’ancien FARDC René Itongwa, ou encore l’ex-militaire et leader de la CNPSC William Amuri Yakutumba, sanctionné par l’ONU. Il y a aussi John Makanaki Kasimbira, installé depuis longtemps dans les collines qui surplombent Uvira et très hostile au général Olivier Gasita, commandant adjoint de la 33ème région militaire, qui accumule les frustrations du mouvement « ville morte ». On peut encore citer Kashumba, Nyerere ou Kamama.
Chargée de faire respecter l’autorité de l’État, l’armée se trouve donc en situation délicate dans cette zone. Elle appelle ces groupes à la retenue et à se concentrer sur la lutte contre l’AFC/M23.
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