Est de la RDC: l’ex-chef rebelle Roger Lumbala en grève de la faim au troisième jour de son procès à Paris

Nouveau coup de théâtre au troisième jour du procès de Roger Lumbala : ce dernier annonce avoir entamé une grève de la faim. Poursuivi pour complicité de crime contre l’humanité, le prévenu refuse toujours de comparaitre. Le président de la Cour d’assises de Paris a lu l’acte écrit par le Congolais et l’a versé aux débats. On attend par ailleurs de savoir si cette juridiction française est compétente pour juger l’ex-chef rebelle.

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Comme chaque jour, le président de la Cour d’assises de Paris, Marc Sommerer, a constaté l’absence de Roger Lumbala. Interruption de séance : il revient quelques minutes plus tard et annonce qu’un agent pénitentiaire lui a remis un document, lequel sera versé au débat dans l’annexe 1. Le prévenu y déclare qu’il entame une grève de la faim et de la soif. La greffière remet la déclaration au président, qui en fait lecture : « Je ne reconnais pas la compétence de la Cour d’assises. L’article 689-11 du Code de procédure pénale n’a pas été respecté. »

Le président poursuit la lecture : « La CPI n’a pas fourni d’acte prouvant qu’elle ne me poursuit pas. En l’absence d’un déplacement d’expert en RDC, il n’a pas été possible de vérifier si une juridiction nationale me poursuit. » Et enfin : « Sans attestation administrative, je ne peux pas comparaître. »

La question de la compétence de la Cour toujours en suspens

Les parties civiles ont par ailleurs demandé au président de la Cour si la légitimité de la compétence universelle est reconnue par ce tribunal. Le président répond que cela interviendra après l’audition, jeudi prochain, des enquêteurs de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité qui ont participé à l’enquête préliminaire.

Le président de la Cour précise que les conditions ne sont pas optimales pour le prévenu, actuellement installé dans une petite salle du palais de justice. Une autre organisation va être mise en place pour lui permettre de retourner en prison après le constat de son refus de comparaitre.

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Roger Lumbala a été interpellé en décembre 2020, mis en examen le 4 janvier 2021 et inculpé en 2023. Il est jugé depuis le 12 novembre 2025 à Paris, devant la Cour d’assises, pour complicité de crimes contre l’humanité et association de malfaiteur en vue de préparation d’un crime contre l’humanité pour des faits commis à l’est de la RDC, notamment en 2002. Il est aujourd’hui jugé en vertu de la compétence universelle. Il s’agit du premier procès en France visant un ressortissant de la République démocratique du Congo.

Du 12 novembre au 19 décembre 2025, le président de la Cour d’assises, les deux vices-procureurs antiterroristes, examinent le rôle de cet ancien chef rebelle du RCD-N (Rassemblement congolais démocratique-National), accusé d’avoir participé à l’opération « Effacer le tableau » avec l’actuel vice-Premier ministre de la RDC et ancien chef rebelle Jean-Pierre Bemba, alors dirigeant du Mouvement de libération du Congo. Cette opération, marquée par des massacres, des viols et des actes de torture, essentiellement contre les populations civiles Batwa et Nande. Roger Lumbala n’avait jamais fait l’objet de poursuites judiciaires.

Plus de vingt ans après les faits, ce procès symbolique est fondé sur différents rapports et témoignages des victimes du Haut-Uélé et de l’Ituri. Pour les parties civiles, il incarne une avancée historique contre l’impunité ; pour la défense, une atteinte à la souveraineté congolaise.

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