Est de la RDC: la Cour d'assises de Paris «compétente pour juger» l’ex-chef rebelle congolais Lumbala

La Cour d’assises de Paris a décidé ce 21 novembre 2025 qu’elle était « compétente pour poursuivre et juger » Roger Lumbala, a conclu son président après avoir lu un arrêt rejetant l’exception d’incompétence soulevée par la défense. L’ex-rebelle congolais est jugé depuis la semaine précédente pour complicités de crimes contre l’humanité. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour des faits remontant à 2002-2003, dans le nord-est de la RDC, lors d’une opération baptisée « Effacer le tableau ». Détenu depuis son interpellation en décembre 2020 à Paris, il a décidé de ne pas assister aux débats et a récusé ses avocats.
Publié le : Modifié le :
3 min Temps de lecture
Roger Lumbala, poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité et association de malfaiteurs, refuse toujours de comparaître. À l’ouverture du procès, le 12 novembre, les avocats de la défense soutenaient que la juridiction française était incompétente. L’accusé lui-même fait lire un message chaque jour pour affirmer que le code de procédure pénale n’a pas été respecté et qu’il faut une preuve écrite de la Cour pénale internationale attestant qu’elle ne le poursuit pas.
Après avoir lu les demandes formulées par l’inculpé en début d’audience, le président de la Cour d’assises de Paris, Marc Summerer, lui a répondu : oui, le ministère public a vérifié que le mandat d’arrêt de 2013 en RDC n’a aucun lien avec les poursuites actuelles. À l’époque, l’inculpé était poursuivi pour trahison à Kinshasa. Il demandait justement à la France un statut de réfugié politique, craignant de ne pas avoir un procès équitable. Et pour répondre à une autre affirmation de l’accusé, les autorités congolaises ont en effet émis, en juin 2025, un mandat d’arrêt visant Roger Lumbala. Or il n’est pas possible de poursuivre une personne dans deux juridictions différentes pour les mêmes faits.
À lire aussiEst de la RDC: ce qu’il faut savoir sur le procès de l’ex-chef rebelle Roger Lumbala en France
Roger Lumbala a été mis en examen en 2021 pour complicité de crime contre l’humanité et association de malfaiteurs, ce que revendique depuis quelques mois la RDC, sans apporter d’élément à cette requête récente, affirme le délibéré lu ce matin.
Le président de la cour poursuit : la CPI a été informée, en 2017, des investigations initiées par les autorités françaises. Elle n’a d’ailleurs jamais revendiqué sa compétence. L’inculpé ne peut donc pas exiger une note en ce sens.
La compétence universelle de la Cour d’assises de Paris est donc confirmée.
Roger Lumbala a été interpellé en décembre 2020, mis en examen le 4 janvier 2021 et inculpé en 2023. Il est jugé depuis le 12 novembre 2025 à Paris, devant la Cour d’assises, pour complicité de crimes contre l’humanité et association de malfaiteur en vue de préparation d’un crime contre l’humanité pour des faits commis à l’est de la RDC, notamment en 2002. Il est aujourd’hui jugé en vertu de la compétence universelle. Il s’agit du premier procès en France visant un ressortissant de la République démocratique du Congo.
À écouter aussiDécryptage – Le procès de Roger Lumbala, un pas vers la fin de l’impunité en RDC
Du 12 novembre au 19 décembre 2025, le président de la Cour d’assises, les deux vice-procureurs antiterroristes, examinent le rôle de cet ancien chef rebelle du RCD-N (Rassemblement congolais démocratique-National), accusé d’avoir participé à l’opération « Effacer le tableau » avec l’actuel vice-Premier ministre de la RDC et ancien chef rebelle Jean-Pierre Bemba, alors dirigeant du Mouvement de libération du Congo. Cette opération, marquée par des massacres, des viols et des actes de torture, essentiellement contre les populations civiles Batwa et Nande. Roger Lumbala n’avait jamais fait l’objet de poursuites judiciaires.
Plus de vingt ans après les faits, ce procès symbolique est fondé sur différents rapports et témoignages des victimes du Haut-Uélé et de l’Ituri. Pour les parties civiles, il incarne une avancée historique contre l’impunité ; pour la défense, une atteinte à la souveraineté congolaise.



