Est de la RDC: à l'ONU, Washington et Paris dénoncent les exactions et les combats qui continuent

Sur demande des États-Unis, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni vendredi 22 août 2025 à New York. Cette session a permis de prendre le pouls : les États-Unis qui haussent le ton, la France qui plaide pour l’implication de tous, et toujours cette méfiance entre Kinshasa et Kigali.

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La réunion a été convoquée après une série de rapports accablants du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme, de Human Rights Watch et, il y a deux jours, d’Amnesty International, dénonçant des exactions graves : viols, meurtres, attaques contre les civils dans l’est de la RDC.

Contrairement au ton conciliant adopté ces dernières semaines, Washington a durci son discours.  Les États-Unis pointent désormais clairement du doigt l’AFC/M23 et Kigali. « Soyons clairs : les massacres perpétrés par le M23, soutenu par le Rwanda, contre des civils dans le territoire de Rutshuru et ailleurs, sont horribles, et les États-Unis les condamnent avec la plus grande fermeté, a assuré Dorothy Shea, la représentante américaine à l’ONU. Par ailleurs, les informations du gouvernement américain confirment que le M23, soutenu par des éléments des Forces de défense rwandaises, a affronté les forces congolaises autour de Mulamba, dans la province du Sud-Kivu, en RDC, à partir du 8 août ».

« Les fossoyeurs de la paix seront tenus pour responsables »

Les États-Unis préviennent : ils tiendront pour responsables ceux qu’ils qualifient de fossoyeurs de la paix. Et ils appellent les autres membres du Conseil de sécurité à faire de même.

La France, elle, a tenu un discours proche. Elle a répété sa position : retrait des forces rwandaises, fin de tout soutien étranger aux groupes armés, y compris celui que Kigali apporte au M23, et neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), groupe rebelle hutu formé à l’origine d’anciens génocidaires rwandais. Paris a aussi salué les efforts du Qatar et des États-Unis, mais insiste : l’ONU doit jouer tout son rôle dans la résolution de ce conflit.

« Le Conseil de sécurité doit rester mobilisé pour veiller au suivi de la résolution 2773 adoptée à l’unanimité et les accords qui y concourent, déclare Jay Dharmadhikari, représentant permanent adjoint de la France auprès de l’ONU. Dans cette résolution, le Conseil a exprimé sans ambiguïté les responsabilités qui incombent aux parties : pas de solution militaires. Nous sommes déterminés à travailler avec l’UA, les USA, le Qatar sur la réussite des différentes médiations. Nous rappelons la nécessité de la coordination et de la convergence de toutes ces initiatives ainsi que du rôle central pour les Nations unies ».

l’AFC/M23 montré du doigt

De son côté, le représentant congolais a affirmé que les dernières attaques étaient de nature ethnique. Il a réclamé des sanctions contre Kigali et contre l’AFC/M23, tout en exprimant ses doutes sur la sincérité du Rwanda dans le processus de paix.

Réponse immédiate de Kigali : rejet en bloc de tous les rapports publiés, appel à une enquête indépendante, et promesse de coopérer. Mais le Rwanda a aussi accusé Kinshasa de ne pas avoir lancé la traque contre les FDLR 

Le mouvement politico-militaire AFC/M23 a rejeté ce 22 août les allégations du BCNDH et Human Right Watch sur les massacres d’une centaine des personnes dans le territoire de Rutshuru au Nord-Kivu. Pour la rébellion, ces accusations sont mensongères et visent à torpiller le processus de Doha. Bertrand Bisimwa, coordonnateur adjoint de l’AFC/M23 affirme que son organisation est ouverte à une enquête internationale afin de « faire toute la lumière ».

Sur le terrain, les violences continuent

Dans le même temps, dans l’est de la RDC, des combats ont été enregistrés ce vendredi 22 août entre les rebelles de l’AFC/M23 et l’armée congolaise appuyée par les milices locales dites wazalendo en province du Sud-Kivu. Ces violents affrontements ont eu lieu dans la localité de Kakanga et Matundu en territoire de Mwenga et sur l’axe Nzibira en territoire de Walungu selon des sources sécuritaires.

L’armée congolaise affirme avoir abattu un drone kamikaze à Nzibira et réussi à contenir les attaques des rebelles au travers son unité d’Infanterie. Des combats qui se poursuivent alors que les deux parties sont à Doha dans le cadre du processus de paix sous l’égide de Quatar.

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