En Guinée, des manifestations étouffées dans l'œuf pour le 4e anniversaire du coup d'État de Doumbouya

À Conakry, l’atmosphère était tendue vendredi 5 septembre. Les Forces vives, une plateforme regroupant partis d’opposition et organisations de la société civile, avaient appelé à manifester contre le référendum constitutionnel prévu le 21 septembre. Un scrutin convoqué par la junte au pouvoir, qui ouvre la voie à une candidature du général Mamadi Doumbouya à la présidentielle, malgré sa promesse initiale de ne pas se présenter. Cette mobilisation, programmée le jour du quatrième anniversaire de sa prise de pouvoir, a été interdite.

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Tôt vendredi matin, des groupes de jeunes ont tenté d’ériger des barricades en brûlant des pneus, notamment à Sonfonia gare, Bombali ou encore à la Transversale 6. Mais les forces de l’ordre sont vite intervenues et les ont dispersés en tirant en l’air, selon les Forces vives. Cette plateforme, qui regroupe des partis d’opposition et des organisations de la société civile, avait appelé à manifester vendredi 5 septembre contre le référendum constitutionnel du 21 septembre, convoqué par la junte au pouvoir qui permet au général Doumbouya de se présenter à la présidentielle malgré sa promesse. 

Puis un véritable déluge s’est abattu sur la ville pendant des heures, obligeant les uns et les autres à se mettre à l’abri. Les rues de Conakry sont restées calmes une grande partie de la journée, sous l’abondante pluie de l’hivernage. En ce jour férié de Maouloud, la fête de la naissance du prophète Mahomet, quelques pickups de la police et de la gendarmerie stationnaient sur les carrefours de la route Le Prince. Dans ce bastion de l’opposition, circulation fluide, nombre de commerces et de marchés étaient ouverts ouverts et aucun manifestant dans les rues jusqu’au milieu de l’après-midi, rapporte notre correspondant à Conakry, Tangi Bihan.

C’est seulement quand la pluie a cessé que, selon des sources locales, des heurts ont éclaté et des tirs ont été entendus, notamment dans le quartier de Cosa. Des tensions entre manifestants et forces de défense et de sécurité qui se sont prolongées dans la soirée. Car la junte militaire au pouvoir, qui avait interdit la manifestation, s’était préparée en conséquence. Les organisateurs de la manifestation dénoncent des arrestations préventives, tandis qu’un imposant dispositif sécuritaire a empêché tout rassemblement dans la capitale.

Arrestations préventives

Il y a eu d’abord l’arrestation d’un membre du comité d’organisation des manifestations dès mercredi, puis ce sont quatre jeunes mobilisateurs des Forces vives qui ont été cueillis à leurs domiciles tard dans la nuit de jeudi à vendredi. « C’est pour tenter d’étouffer dans l’œuf notre manifestation », a accusé le porte-parole de l’UFDG, Souleymane Konaté, passé depuis lors dans la clandestinité, comme plusieurs des leaders des Forces vives, tous craignant d’être arrêtés. Les Forces vives avaient déjà dénoncé l’« enlèvement » de quatre de ses militants locaux.

Et sur le terrain, la sécurité avait été renforcée dès jeudi soir dans la ville de Conakry, avec la présence de véhicules de la police et de la gendarmerie, dont des camions blindés anti-émeutes, visibles surtout dans les bastions de l’opposition, selon des sources concordantes.

Contacté par RFI, le porte-parole du gouvernement, en mission à l’intérieur du pays, n’a pas souhaité commenter.

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