[En direct] Crise à Madagascar: le ministre des Armées accepte le chef d'état-major nommé par l'unité qui s'est mutinée

Le ministre des Armées malgache a reconnu ce 12 octobre 2025 comme chef d’état-major un officier choisi par l’unité militaire (Capsat) s’étant rangée du côté des manifestants qui exigent le départ du président Andry Rajoelina. Ce dimanche, Des soldats du Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques ont également rejoint les milliers de personnes à nouveau rassemblées à Antananarivo, cette fois pour une cérémonie d’hommage aux vies perdues depuis le début des manifestations antigouvernementales le 25 septembre.

Les points essentiels

Depuis le 25 septembre, des manifestations secouent Madagascar, portées notamment par le collectif Gen Z. La colère contre les coupures d’eau et d’électricité s’est muée en fronde plus large contre le pouvoir.

► Le président de la République, Andry Rajoelina, 51 ans, est très contesté par les manifestants. Ses consultations menées ces dernières semaines en marge des manifestations n’ont pas calmé la colère. La Gen Z, hostile au président Rajoelina, attend sa démission, ainsi que celle du président du Sénat.

► Les manifestations de ce samedi 11 octobre à Antananarivo sont les plus importantes depuis le début du mouvement. Des militaires ont décidé de se joindre aux manifestants, et une unité de l’armée, le Capsat, a appelé à la désobéissance pour protéger les civils.

► Ce dimanche 12 octobre au matin, le président Andry Rajoelina a déclaré dans un communiqué qu’une « tentative de prise du pouvoir illégale et par la force, contraire à la Constitution et aux principes démocratiques, est actuellement en cours sur le territoire national ». « Désormais, tous les ordres de l’armée malgache, terre, air, mer, émaneront du quartier général du Capsat (Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques) », ont annoncé des officiers de ce contingent dans une déclaration vidéo.


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16h00 : « Moi, je ne pense pas qui qu’il y avait coup d’État », déclare le colonel Michael Randrianirina

Le colonel Michael Randrianirina, qui a appelé la veille à la désobéissance au pouvoir, assistait ce dimanche à la passation de pouvoir entre chefs d’état-major des armées (Cema). « Je ne détiens pas le pouvoir, a-t-il insisté au micro de notre correspondante Sarah Tétaud. Non, je ne détiens pas le contrôle de l’armée. C’est le nouveau Cemgam [Chef d’état-major général de l’armée Malagasy, NDLR] qui détient le contrôle de l’armée, ce n’est pas moi ». Interrogé sur son rôle précis, il relativise : « Je suis un officier, un exécutant et je viens d’assister à la passation, c’est tout. Et le fait de parler en public ne signifie pas que je sois le leader. » Il poursuit : « Moi, je ne pense pas qu’il y avait coup d’État. Non. Moi j’ai répondu à chaque fois aux journalistes étrangers que l’armée vient de montrer au peuple malgache que l’armée existe encore. Et on essaie de répondre à l’appel incessant du peuple malgache à l’endroit de l’armée. » Questionné sur la localisation d’Andry Rajoelina, il répond : « Je sais que le président, il est encore là. Ce n’est pas une certitude, mais c’est une info qui circule en fait. » Il conclut : « La situation, si vous voulez, je peux appeler ça un chaos, mais ce n’est pas un chaos provoqué par l’armée, c’est un chaos provoqué par les dirigeants. » Sur son avenir à court terme, il réplique : « Je ne sais pas encore, Dieu seul le sait. C’est difficile de se projeter comme ça. À mon avis, c’est Dieu qui décide. On verra… Pour le moment, je suis un simple officier. Je sers le nouveau Cemgam et c’est tout pour moi. »

Le colonel Michael Randrianirina: «On a répondu aux appels du peuple mais pas de coup d’État»

Sarah Tétaud

15h30 : « L’objectif c’est que l’armée ramène le calme et la paix dans tout Madagascar », souligne le nouveau chef d’état-major

Le général Demosthene Pikulas, nouveau chef d’état-major de l’armée (Cema) nommé par les militaires du Capsat, a pris officiellement ses fonctions de Cema ce dimanche devant une soixantaine de hauts-gradés. Il a été accueilli avec les honneurs dans le quartier général à Andohalo. Il a été reçu à l’entrée de l’état-major par son prédécesseur.

« L’armée malagasy se lève pour faire face à la situation, a-t-il déclaré à notre correspondante Sarah Tétaud. J’ai été proposé à ce poste puis choisi par plusieurs militaires. La tournure qu’ont pris les événements était imprévisible. Désormais, l’objectif c’est que l’armée prenne sa responsabilité pour ramener le calme et la paix dans tout Madagascar ». Interrogé sur le pourcentage de militaires qui cautionnent cette situation, il répond : « Nous aimons tous le pays. Ceux qui pensent aimer le pays, focalisez-vous sur cet amour pour le pays et préservez-le. Les chefs qui ordonnent dans l’armée sont tous ici [autour de lui, NDLR]. Surtout ceux d’Antananarivo. Sinon, à part ça, nous avons des liens de communication établis avec ceux qui sont en province. Le but est d’avoir la paix, ensemble. »

À la question « appelez-vous à la démission du président ? », le général Demosthene Pikulas a botté en touche : « On ne parle pas de politique dans une enceinte militaire. »

14h30 : l’ex-Premier ministre Christian Ntsay et l’influent homme d’affaires Mamy Ravatomanga à Maurice ?

À Maurice, l’atterrissage dans la nuit de samedi à dimanche d’un jet privé en provenance de Madagascar suscite la controverse. La liste officielle des passagers indique que l’ancien Premier ministre malgache Christian Ntsay et surtout l’homme d’affaires influent et contesté, Mamy Ravatomanga, se trouvaient à bord.

Le jet privé immatriculé 5R-HMR, appartenant au groupe SODIAT, a atterri à l’aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam, au sud de l’île Maurice, détaille notre correspondant à Port-Louis, Patrick Hilbert. La liste des passagers comprend le nom de l’ancien Premier ministre malgache, démis de ses fonctions il y a une semaine, ainsi que celui du puissant homme d’affaires Mamy Ravatomanga. Le Cessna 560XL avait décollé d’Antananarivo vers 21h.

Selon plusieurs sources, l’appareil aurait d’abord tenté d’atterrir à La Réunion, sans succès. L’avion s’est finalement posé à Maurice aux alentours de 00h45. Les passagers, dont des membres de la famille proche de Ravatomanga ont aussitôt été escortés hors de l’aéroport.

Mais cet atterrissage en pleine nuit a déplu aux autorités mauriciennes. Le Premier ministre par intérim, Paul Bérenger s’est dit « pas du tout satisfait » de la manière dont l’Aviation Civile a pu autoriser cet atterrissage « au milieu de la nuit », sans consultation préalable.

Dans un communiqué émis dimanche après-midi, le ministère des Affaires étrangères mauricien dément toute ingérence de Maurice dans les affaires intérieures de Madagascar.

12h30 : Passation de pouvoir au sein de l’état-major des armées

À l’état-major des armées s’est déroulée une passation de pouvoir importante, indique notre correspondante, Sarah Tétaud. Le ministre de la Défense, le général Rakotoarivelo, fraîchement nommé au gouvernement la semaine précédente, et lui-même ex-chef d’état-major des armées, a signé les documents de passation avec son successeur. Pour rappel, le tout nouveau chef d’état-major des armées, le général de division Pikulas, avait été placé à la tête de l’état-major ce matin au Capsat. Une décision annoncée au cours d’une allocution filmée au sein de cette unité de l’armée. Les militaires, ceux-là même qui avaient appelé la veille à la désobéissance et à cesser de tirer sur la foule, avaient alors annoncé que, dorénavant, toutes les décisions propres à l’armée se prendraient au Capsat. En temps normal, une telle décision doit être validée par un décret signé du président de la République. « Nous sommes dans des conditions particulières », disait à RFI un général. « Nous régulariserons les documents en temps voulu », ajoutait-il. Le chef de l’État n’a toujours pas pris la parole personnellement et on ignore encore actuellement sa localisation.

12h20 : les vols Air France vers Antananarivo suspendus jusqu’à lundi inclus

Air France a annoncé dimanche à l’AFP avoir suspendu ses liaisons entre l’aéroport Paris-Charles de Gaulle et Antananarivo depuis samedi et jusqu’au lundi 13 octobre inclus, « en raison de la situation sécuritaire ». De son côté, la compagnie Air Austral, qui opère entre l’Ile de la Réunion et Madagascar, a indiqué à l’AFP qu’elle avait annulé une rotation samedi mais que ses vols étaient « maintenus » pour la journée de dimanche.

11h30 : À Antananarivo, des manifestants espèrent « changer enfin le système pourri en place depuis des décennies »

À Madagascar, un millier de personnes environ se sont réunies à la mi-journée sur la place du 13-Mai, en plein cœur d’Antananarivo, souligne notre correspondant, Guilhem Fabry. Des jeunes de la génération Gen Z aux mères de famille, ils sont venus, toute génération confondue, acclamer les militaires du Capsat qui ont fendu la foule à bord de trois blindés.

C’était ici un sentiment de joie qui prédominait sur la place du 13 mai, mêlé par instants à la gravité et au recueillement. Il était environ 13h heure locales lorsque trois blindés ont fendu la foule, sous un soleil radieux. « Merci Capsat » scandaient les Malgaches présents tandis que les militaires les saluaient, sourires aux lèvres. Un accueil triomphal puis un moment de prière. Sur le toit d’une camionnette, au centre de la place du 13 mai, se trouvait un cercueil contenant la dépouille d’un militaire du CAPSAT tué par balles la veille par un gendarme. Un prêtre prenait la parole. « Dieu a entendu la voix des manifestants et nous a guidés », déclarait-il.

Étaient présents sur scène : des hommes d’Église donc, mais aussi Mikolo, une figure de la contestation de la jeunesse brutalement arrêté par les forces de sécurité jeudi ou encore l’ancien président du pays, Marc Ravalomanana, celui-là même qui avait été renversé par Andry Rajoelina en 2009. Se sont joints à eux, sous les hourras de la foule, le colonel Mickael, ce militaire qui a pris samedi la tête de la mutinerie.

Beaucoup espèrent désormais que cette journée du 11 octobre marquera le début d’une nouvelle ère pour leur pays. Harry, 35 ans, fonctionnaire des finances, a été de toutes les manifestations depuis le 25 septembre. Il veut, dit-il « changer le système pourri en place depuis des décennies à Madagascar ».

Lalatiana, responsable de communication dans une grande entreprise, est venue sur la place pour célébrer ces deux dernières semaines de mobilisation. « On est en train de réussir, mais il reste encore un peu de chemin : enlever Andry Rajoelina du pouvoir, car c’est le seul responsable de toute cette pauvreté et du mécontentement du peuple », a-t-elle affirmé à RFI.

11h00 : Nouveau rassemblement à Antananarivo

Un nouveau rassemblement à lieu ce 12 octobre à la mi-journée au coeur de la capitale malgache. Une foule hétéroclite est rassemblée sur la place du 13-Mai. Des étudiants, des hommes d’Église, des hommes politiques, mais aussi des militaires issus du Capsat, juchés sur plusieurs blindés. Hier, des véhicules appartenant à ce corps armé des personnels et des services administratifs et technique étaient entrés dans la capitale, Antananarivo.

8h34 : Le Capsat affirme prendre le contrôle des forces armées du pays

« Désormais, tous les ordres de l’armée malgache, qu’ils soient terrestres, aériens ou militaires, émaneront du quartier général du Capsat (Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques) », ont annoncé des officiers de ce contingent dans une déclaration vidéo.

7h30 : « Nous sommes là pour protéger et non pour terroriser », assure la gendarmerie nationale

Les plus hauts gradés du commandement de la gendarmerie nationale ont, eux aussi, pris la parole dans une allocution filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, indique notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud. Très critiqués pour leur usage de la force envers les manifestants, les responsables reconnaissent certains abus au sein de leurs troupes et affirment avoir pris des mesures à cet effet. « Nous sommes là pour protéger et non pour terroriser », assurent-ils. 

Dorénavant, « les consignes et ordres émaneront uniquement du siège du commandement de la gendarmerie nationale ». Un message qui conserve une part d’ambiguïté quant au positionnement de la gendarmerie vis-à-vis du gouvernement. L’enjeu désormais, c’est de voir si l’appel lancé hier par un groupe de militaires de l’armée de terre, à désobéir aux ordres sera suivi, et par qui. Ce matin, la Gen Z a appelé une nouvelle fois à manifester dans les rues de la capitale. Le rendez-vous a été donné à 11h.

🔴 6h31 : La présidence malgache dénonce « une tentative de prise de pouvoir illégale »

Impossible pour l’heure de savoir où se trouve exactement le président de la République, Andry Rajoelina. Mais la présidence malgache communique ce 12 octobre au matin pour dénoncer « une tentative de prise de pouvoir illégale par la force actuellement en cours sur le territoire national ». La présidence appelle les forces vives de la nation à faire bloc pour « défendre l’ordre constitutionnel et la souveraineté nationale ».

6h00 : Une situation tout à fait incertaine

La ville est très calme ce matin, relate notre correspondante à Madagascar, Sarah Tétaud. La nuit n’a pas été agitée. Mais il est vrai qu’il est difficile encore de savoir à qui la confiance politique du pays va être accordée.

Hier, samedi 11 octobre, cet appel à refuser l’ordre du tirer sur les manifestants, qui a été suivi par plusieurs groupes de militaires, a montré aux yeux de tous qu’il régnait sur le territoire un climat de défiance généralisé vis-à-vis du pouvoir. Néanmoins, impossible encore de parler de putsch, puisque, depuis la prise de parole des militaires en direct de la place du 13-Mai, il n’y a eu aucune nouvelle annonce ni prise de commandement militaire du pays.

L’enjeu désormais, c’est de voir si cet appel sera suivi par la majorité des militaires, ou s’il y aura une division au sein même des forces.

Ce matin, la police nationale a réaffirmé son engagement envers la population. Dans une vidéo, la confédération syndicale de la police nationale a néanmoins interpelé les responsables sur leurs conditions de vie et de travail pour assurer la protection de la population. La gendarmerie, accusée elle par les manifestants d’être à l’origine de la répression, n’a pas encore communiqué.

3h30 : « L’appel du Capsat est très important », dit Christiane Rafidinarivo

À Madagascar, après 17 jours de manifestations de la Gen Z, des militaires ont rejoint les manifestants et appelé à la désobéissance. Pour en parler, Christiane Rafidinarivo, politologue, chercheuse associée au Cevipof, à Sciences-po, répond aux questions de RFI. Tout a basculé, samedi 11 octobre, avec cette vidéo d’un peu plus de huit minutes dans laquelle le colonel Mickaël Randrianirina appelle à la désobéissance… 

On peut penser que les militaires ont pris une position politique claire…

Christiane Rafidinarivo, politologue, chercheuse associée au Cevipof-Sciences Po

Arthur Ponchelet

23h10 : « Si le président ne part pas, ça finira en bain de sang », redoute Benja sur la place du 13-Mai

Dans le sillage de deux véhicules blindés partis du Capsat, un camp militaire, plusieurs milliers de manifestants se sont réunis samedi en fin d’après-midi sur la place du 13-Mai, en plein cœur d’Antananarivo. Encore présent à la tombée de la nuit, Benja, un travailleur indépendant dans le service après-vente, a fait part à notre correspondant Guilhem Fabry de sa reconnaissance envers les militaires ayant appelé à la désobéissance :

« Je les remercie de soutenir le peuple. Ils en font partie aussi, ils ont des familles et ils savent ce que nous vivons. Aujourd’hui a vraiment marqué l’histoire, parce que s’ils n’avaient pas été là, malheureusement, la grève pacifique n’aurait pas marché. Grâce aux militaires, nous avons pu atteindre la Place du 13-Mai. »

Benja voudrait que le président Andry Rajoelina « ait la décence de quitter (son poste) ». « Il n’y a jamais eu de guerre civile à Madagascar et je ne veux pas qu’il y en ait. S’il ne part pas, ça finira en bain de sang. Il faut juste qu’il nous écoute et qu’il cède sa place », poursuit-il. Pour lui, ce qu’il se passe à Madagascar « n’est pas un coup d’État » mais « une manifestation populaire, pour tout simplement dire qu’on en a ras-le-bol ». « Cette manifestation est appuyée par une partie de l’armée, par beaucoup d’influenceurs et par le monde entier d’après ce que je vois. Beaucoup de Malgaches qui vivent en France et partout dans le monde sont là et nous soutiennent. On en est fier », conclut-il.

22h02 : Des militaires au côté des manifestants à Antananarivo

Des militaires malgaches, refusant les ordres de répression, ont décidé de se joindre aux manifestants à Antananarivo, samedi 11 octobre 2025.
Des militaires malgaches, refusant les ordres de répression, ont décidé de se joindre aux manifestants à Antananarivo, samedi 11 octobre 2025. REUTERS – Zo Andrianjafy

21h06 : « L’appui des militaires est une force pour le peuple, ça lui redonne courage », témoigne un manifestant

En cette soirée, les rues d’Antananarivo sont calmes, après une journée de mobilisation historique. L’influenceur et bodybuilder Fitiavana Mickaël était parmi les manifestants de la Place du 13-Mai. Par téléphone, il témoigne auprès de Sidy Yansané pour RFI. « On était en première ligne, un ami et moi, du matin jusqu’à la fin de la soirée. Les militaires du Capsat sont arrivés dans l’après-midi », explique-t-il.

Ce soutien militaire est, pour Fitiavana Mickaël, un grand motif d’espoir : « Tous les jours depuis le 25 septembre, il y a des manifestations. Mais l’appui des militaires aujourd’hui, c’est vraiment une force pour le peuple. Ça lui redonne courage. »

Certes, les manifestants ne savent pas de quoi demain sera fait, notamment de ce qu’il adviendrait si les militaires prenaient le pouvoir. Mais pour Fitiavana Mickaël, le plus important est que l’organisation du pouvoir change à Madagascar, et qu’Andry Rajoelina s’en aille : « On a espoir que cela change. L’ennemi du peuple, maintenant, c’est le président. »

20h50 : Deux morts et 26 blessés samedi, selon des médias locaux

Selon des médias locaux, les services de secours font état de deux personnes décédées lors manifestations de ce samedi, ainsi que 26 personnes blessées. Des journalistes de l’AFP ont entendu des coups de feu pendant la manifestation. Des tirs et des explosions étaient encore entendus dans le centre de la capitale à la nuit tombée. La police a fait usage de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes pour disperser plusieurs milliers de manifestants dans la capitale.

18h46 : Le président Rajoelina est « toujours sur le territoire national », assure la présidence

Notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud, rapporte les derniers événements de cette journée mouvementée dans le pays. Le Premier ministre Ruphin Zafisambo, nommé le 6 octobre, s’est exprimé dans « une très courte allocution de moins de quatre minutes ». Il s’est adressé à la population en ces termes : « Le gouvernement est debout et je suis prêt à écouter les jeunes, les syndicats et les militaires. J’appelle mes confrères militaires à éviter de s’entretuer. On doit se faire confiance, on doit s’aimer. Une seule armée, un seul peuple, un seul pays. Madagascar ne supportera plus aucune crise si cette séparation du peuple continue. » « Il a conclu en disant qu’en tant que Premier ministre, il était prêt à communiquer avec  »ses frères » du Capsat pour le bien du peuple », ajoute Sarah Tétaud.

Dans la soirée, la présidence malgache a elle aussi communiqué, pour « couper court à la diffusion de fausses informations » selon ses termes. D’après le communiqué, le président Andry Rajoelina se trouve « toujours sur le territoire national » et il « continuera d’assurer la direction des affaires nationales en collaboration avec le Premier ministre ».

17h30 : « Qu’ils quittent le pouvoir », déclare le colonel Mickaël Randrianirina à RFI

À 18h15 à Antananarivo (15h15 TU), sur la Place du 13-Mai, le colonel Mickaël Randrianirina, à l’intérieur d’un blindé, s’est adressé à la foule composée de milliers de personnes venues manifester. Juste après, il a répondu aux questions de la correspondante de RFI à Madagascar, Sarah Tétaud.

« On est venus du Capsat pour accompagner le peuple, et lorsqu’on est passés devant le Toby de Ratsimandrava, il y avait un blindé de la gendarmerie qui a fait feu sur nous deux fois. Ils ont touché un militaire et un journaliste. Le journaliste a été touché, tandis que le militaire est mort », a-t-il d’abord expliqué.

Puis, le colonel Mickaël Randrianirina est revenu sur ses mots déclamés à la foule : « Si je n’étais pas chrétien, j’aurais dit  »œil pour œil, dent pour dent ». Mais je suis chrétien, donc je veux dire :  »À tous ceux qui ont envoyé les gendarmes ici, à commencer par le commandant de la gendarmerie, le ministre de la gendarmerie, le Premier ministre, le tout nouveau, et le président de la République : qu’ils quittent le pouvoir. » C’est tout. »

Et en cas de démission du président Rajoelina, qui prendrait le pouvoir et dirigerait le pays ? « On verra », a répondu le colonel, qui « ne sait pas encore » si on peut parler de putsch.

17h24 : Les vols de la compagnie Air France vers Madagascar suspendus jusqu’à lundi

La situation confuse sur la Grande-Île a des répercussions dans le trafic aérien. La compagnie Air France a suspendu, samedi, ses vols vers Madagascar jusqu’à lundi.

17h12 : Rajoelina muet et absent

Le correspondant de RFI à Antananarivo, Guilhem Fabry, évoque aussi le président de la République, Andry Rajoelina. Celui-ci « n’a pas pris la parole » de la journée. « On ne sait pas avec certitude où il se trouve à l’heure actuelle », précise-t-il. Par ailleurs, des « scènes de pillage » ont été constatées dans le sud de la capitale.

17h06 : « Ambiance calme » sur la Place du 13-Mai à Antananarivo en début de soirée

À 20h00 à Antananarivo (17h00 TU), notre correspondant Guilhem Fabry a pris la parole depuis la capitale malgache. « L’ambiance est calme. Les quelques centaines de personnes présentes sont en train de se disperser en petits groupes, après que quelques détonations ont retenti non loin de la Place du 13-Mai », rapporte-t-il.

« Tout à l’heure, on a pu observer des scènes de liesse. Les manifestants ont brandi des drapeaux malgaches et allumé quelques feux. L’avenue de l’Indépendance est plongée dans le noir. Ce qui est frappant, c’est que plus aucun militaire, gendarme ou policier n’est ici visible. Depuis deux semaines, ils étaient pourtant déployés en masse, par centaines, nuit et jour dans le centre de la capitale », poursuit le correspondant de RFI.

16h22 : Le drapeau malgache très présent dans les mains des manifestants

Le drapeau malgache brandit par des manifestants lors d'une nouvelle journée de mobilisation contre le pouvoir à Antananarivo, le 11 octobre 2025.
Le drapeau malgache brandit par des manifestants lors d’une nouvelle journée de mobilisation contre le pouvoir à Antananarivo, le 11 octobre 2025. REUTERS – Zo Andrianjafy

16h14 : La colère ne désenfle pas à Antananarivo

Un véhicule de la gendarmerie pris pour cible à Antananarivo, le 11 octobre 2025.
Un véhicule de la gendarmerie pris pour cible à Antananarivo, le 11 octobre 2025. AFP – LUIS TATO

15h54 : « N’obéissez plus aux ordres », insiste l’unité de l’armée qui a pris la parole

Les membres du contingent de militaires s’adressent encore aux autres corps de l’armée malgache : « Fermez les portails et attendez nos instructions. N’obéissez plus aux ordres venant de vos supérieurs. Braquez vos armes sur ceux qui vous ordonnent de tirer sur vos frères d’armes car ce ne sont pas eux qui vont s’occuper de notre famille si jamais on meurt. »

Le nombre de soldats ayant répondu à cet appel n’était pas connu dans l’immédiat. Mais des véhicules chargés de soldats armés ont rejoint dans l’après-midi des milliers de manifestants rassemblés dans la zone du lac Anosy, dans le sud de la capitale, où la police avait tiré des grenades lacrymogènes pour tenter de les disperser, montre une vidéo de l’AFP. 

15h46 : Une unité de l’armée appelle à « refuser les ordres de tirer » sur les manifestants

Un contingent de l’armée malgache posté près d’Antananarivo a appelé les forces de sécurité à « refuser les ordres de tirer » sur la population, alors que plusieurs milliers de manifestants dans la capitale ont été rejoints par des militaires. « Unissons nos forces, militaires, gendarmes et policiers, et refusons d’être payés pour tirer sur nos amis, nos frères et nos sœurs », ont déclaré dans une vidéo des soldats du CAPSAT (Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques), stationnés sur l’importante base militaire du district de Soanierana, en périphérie d’Antananarivo.

« Les jeunes peinent à trouver du travail alors que la corruption et le pillage de la richesse ne cessent de s’accroître sous différentes formes » et que « les forces de l’ordre persécutent, blessent, emprisonnent et tirent sur nos compatriotes », ont souligné ces soldats. « À tous les militaires, ceux qui sont prêts à prendre leurs responsabilités, rejoignez immédiatement le CAPSAT (…) Vous, les militaires aux palais présidentiels d’Iavoloha et d’Ambohitsorohitra, quittez votre poste et rejoignez vos camps d’origine (…) Vous qui êtes à (l’aéroport international d’)Ivato, empêchez tous les aéronefs sans distinction de décoller », ont dit les militaires.

15h40 : Des groupes de soldats rejoignent les manifestants dans les rues d’Antananarivo

Des groupes de soldats malgaches ont rejoint les manifestants dans les rues d’Antananarivo, ont constaté des journalistes de l’AFP. Des véhicules chargés de soldats armés ont rejoint des milliers de manifestants rassemblés dans la zone du lac Anosy, dans le sud de la capitale, où la police avait tiré des grenades lacrymogènes pour tenter de les disperser, montre une vidéo de l’AFP. Les manifestants ont crié « Merci » aux militaires, dont certains brandissaient des drapeaux malgaches.

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