En Centrafrique, des militants de la diaspora anti-Touadéra demandent de nouvelles enquêtes de la CPI

Alors que le pays approche des élections, un groupe de militants de la diaspora centrafricaine demande de nouvelles enquêtes de la Cour pénale internationale (CPI). Cela pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité qui aurait, selon eux, été commis dans le pays depuis 2018. Ils ont adressé la semaine dernière une longue communication au bureau du procureur de la CPI.
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En République centrafricaine (RCA), les militants pointent du doigt les mercenaires russes de Wagner et l’État mené par Faustin-Archange Touadéra. Les autorités repoussent toutes ces accusations, alors que les enquêtes de la CPI sur la Centrafrique sont closes depuis plusieurs années.
Dans la longue communication déposée auprès du bureau du procureur, le cabinet de l’avocat canadien Philippe Larochelle détaille des actes commis « contre la population civile dans le cadre d’une politique d’État » mise en place, selon lui, par les autorités de Bangui et leurs supplétifs russes dans le but de maintenir le président Touadéra au pouvoir. Tout cela « en contrepartie de la mainmise du Groupe Wagner sur l’exploitation des gisements miniers ».
Sont maintes fois cités les chefs du groupe militaire russe, présents ou passés – Dimitri Sityi, Vitali Perfilev, Valery Zakharov – ainsi que le ministre de l’Élevage, issu de la rébellion UPC, Hassan Bouba.
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Des témoignages et données à l’appui
Derrière ces accusations figurent « Les 12 apôtres », un groupe de militants de la diaspora centrafricaine hostiles au pouvoir et récemment constitués en association.
Le cabinet Larochelle affirme avoir entendu une trentaine de témoins, y compris des gendarmes, des militaires, des victimes et des personnalités centrafricaines. L’équipe s’est également appuyée sur des rapports de l’ONU, d’ONG et sur des données fournies par l’organisation américaine Acled (Armed Conflict Location & Event Data Project), spécialiste du recensement des incidents sécuritaires dans le monde, qui dit « soutenir » la démarche.
Une demande de réouverture des enquêtes
Les plaignants demandent une réouverture des enquêtes concernant la Centrafrique, officiellement closes depuis décembre 2022.
Plusieurs procédures sont néanmoins toujours en cours devant la CPI : celle contre l’ex-Séléka Mahamat Saïd Abdelkani en première instance, celle contre les anti-balakas Alfred Yekatom et Patrice-Edouard Ngaïssona en appel, tandis qu’un mandat d’arrêt vise toujours le chef rebelle Noureddine Adam.
Une source officielle centrafricaine estime que ce document n’a « aucune valeur », qu’il n’est « ni une plainte, ni une saisine au sens juridique », qu’il n’implique « aucune enquête » et que le bureau du procureur reçoit « des centaines de communications de ce type chaque année ». Elle y voit « une expression politique » dans le contexte pré-électoral de décembre 2025.
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