En Afrique du Sud, le maire de Johannesburg veut faire des cimetières des lieux de tourisme mémoriel

En Afrique du Sud, le maire de Johannesburg veut développer le tourisme des cimetières. Une pratique encore très peu répandue, alors que de nombreux héros sud-africains, notamment de la lutte anti-apartheid, y reposent. À Soweto, cœur de la lutte et de la répression, le cimetière Avalon, l’un des plus grands de la ville, s’est doté de nouvelles installations et prépare déjà le terrain pour accueillir des touristes du monde entier.
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Avec notre correspondant à Johannesburg, Valentin Hugues
Il y a encore un an, l’accueil du cimetière Avalon se résumait à une rangée de chaises. Aujourd’hui, on y trouve une grande fresque historique. « Vous avez toute l’histoire d’Avalon, cimetière inauguré en 1972. » L’histoire est là ; Azola Manjati, directeur du cimetière, veut maintenant la rendre accessible. « Vous voyez ? Là, c’est notre nouvelle signalisation. Elle indique où se trouvent les personnalités importantes. C’est tout nouveau, nous l’avons installée en juillet. »
Des panneaux qui mènent par exemple à la tombe d’Hector Pieterson, tué à 12 ans lors de la violente répression de 1976. « Sa tombe est loin du carré des héros. Parce qu’en 1976, ces figures n’étaient pas encore considérées comme des héros. »
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Parler d’histoires
Le cimetière espère bientôt engager un guide. Pour parler de cette tombe unique, par exemple : deux symboles de la marche des femmes du 9 août 1956, quelque 20 000 femmes de couleurs de peau différentes. Là, une blanche et une noire, réunies dans la lutte, ont été enterrées ensemble.
« Lillian Ngoyi a été enterrée ici, puis il y a eu une réouverture, parce que quand Helen Joseph est décédée, son souhait était d’être enterrée aux côtés de son amie, de sa camarade de lutte, détaille le directeur. Vous savez, les cimetières sont des lieux sacrés, les visiter ne fait pas vraiment partie de notre culture. Mais aujourd’hui, on passe le pas, pour parler de notre histoire, comme ça se fait en Europe ou en Amérique du Nord. Et j’en suis très fier ! »
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Le cimetière met aussi en avant les soldats sud-africains tombés au combat lors de la Première Guerre mondiale et bien trop souvent oubliés des livres d’histoire. Plus de 200 000 Sud-Africains ont participé à la Grande Guerre. Au total, 11 575 d’entre eux ont été tués.
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