Élections présidentielles Malawi septembre 2025 : enjeux et candidats clés


Les électeurs malawites se rendent aux urnes ce mardi pour des élections générales cruciales, marquées par un face-à-face très attendu entre le Président sortant Lazarus Chakwera, et son prédécesseur, Peter Mutharika. Outre l’élection présidentielle, les 7 millions d’électeurs inscrits doivent également renouveler les 229 sièges de l’Assemblée nationale ainsi que plus de 500 conseillers municipaux.
Cinq ans après le scrutin qui a porté au pouvoir le pasteur Lazarus Chakwera, les Malawites sont invités pour de nouvelles élections générales qui se déroulent ce mardi.
Un scrutin chargé d’histoire et de symboles
Ce vote est le premier test électoral national depuis le précédent cycle électoral mouvementé. En 2019, Peter Mutharika avait été déclaré vainqueur avant que la Cour constitutionnelle n’annule l’élection, dénonçant des irrégularités massives. Après des mois de manifestations, un nouveau scrutin avait été organisé en 2020, conduisant à la victoire de Lazarus Chakwera. Cette décision judiciaire historique avait marqué de façon indélébile l’histoire démocratique du pays, car c’était la première fois en Afrique qu’une élection présidentielle annulée par un tribunal entraînait effectivement la défaite du Président sortant.
Cinq ans plus tard, les deux hommes se retrouvent à nouveau face à face dans un duel électoral qui s’annonce serré. Au total, 17 candidats se disputent la magistrature suprême, mais la campagne a tourné autour du duel Chakwera-Mutharika.
Une campagne dans un climat de désillusion
Le Président sortant, Lazarus Chakwera, 70 ans, pasteur évangélique devenu chef de l’État, sollicite un second mandat avec la promesse de « terminer le travail ». Il rappelle ses engagements de 2020 : relancer l’économie et lutter contre la corruption. Mais son mandat a été terni par une inflation galopante, qui avoisine aujourd’hui les 30 %, et par le scandale Sattar, une affaire de corruption de grande ampleur ayant conduit à la démission de son vice-président, Saulos Chilima.
Face à lui, Peter Mutharika, 84 ans, ancien professeur de droit et Président de 2014 à 2020, tente de capitaliser sur le mécontentement populaire. Il promet de restaurer la discipline budgétaire et de renforcer la protection des lanceurs d’alerte. Mais son image reste entachée par les violences commises par ses groupes de jeunes partisans, surnommés les « cadets », ainsi que par l’héritage du scandale de corruption Cashgate.
Selon les observateurs, la population malawite, frappée par la crise économique, les pénuries de carburant et de devises, se montre de plus en plus désabusée face à une classe politique accusée de recycler les mêmes promesses sans rendre de comptes. Seuls 7 millions de citoyens se sont inscrits sur 11 millions en âge de voter, ce qui pourrait affaiblir la légitimité du prochain Président.
Une élection sous tension institutionnelle
La Commission électorale du Malawi, fortement critiquée pour sa gestion du scrutin de 2019, est cette fois placée sous haute surveillance. Le choix de Peter Mutharika de faire de l’ancien président de la Commission électorale, largement blâmé pour les irrégularités passées, son colistier a suscité de vives controverses.
Autre nouveauté : la réforme électorale de 2020 impose désormais le système du « 50 % + 1 », obligeant le vainqueur à obtenir la majorité absolue des suffrages. Les analystes estiment qu’il est peu probable qu’un candidat franchisse ce seuil dès le premier tour, ce qui ouvrirait la voie à un second tour entre Chakwera et Mutharika.
Les résultats devraient être annoncés dans la semaine suivant la fermeture des bureaux de vote. Dans un contexte de méfiance populaire et de tensions politiques, l’enjeu dépasse la simple alternance : il s’agit de tester la résilience démocratique d’un pays qui reste une exception en Afrique par sa capacité à corriger, par voie judiciaire, les irrégularités électorales.