El Fasher sous le feu : l’exode massif des civils face à l’intensification des combats


La capitale du Darfour du Nord continue de subir les assauts des Forces de soutien rapide, provoquant de nouveaux déplacements de population dans une région déjà ravagée par près de deux ans de guerre civile. La communauté internationale tire la sonnette d’alarme face à une crise humanitaire qui s’aggrave de jour en jour.
Des milliers de familles ont fui El Fasher, la capitale du Darfour du Nord à l’ouest du Soudan, ainsi que le camp d’Abu Shouk, cherchant refuge dans la ville voisine de Tawila en raison de combats qui y ont fait rage ces derniers jours, selon une agence des Nations Unies.
Au moins 7 500 personnes ont été déplacées en raison d’une « insécurité accrue », conséquence d’une intensification des affrontements entre les forces armées soudanaises et les paramilitaires des Forces de soutien rapide. D’après les équipes de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) déployées sur le terrain, ces civils ont été déplacés vers d’autres endroits de la localité d’El Fasher. Selon l’agence onusienne, la situation reste « tendue et très instable » dans cette partie du Darfour qui demeure l’épicentre des combats depuis le début de la guerre civile en avril 2023.
Une ville assiégée sous pression constante
Assiégée depuis mai 2024, la ville d’El Fasher a essuyé à la fin août la plus importante offensive des forces paramilitaires. Les Forces de soutien rapide, en guerre contre l’armée régulière, ont intensifié leurs frappes pour tenter de s’emparer de la capitale du Darfour du Nord.
La ville étant coupée du monde, les agences humanitaires des Nations Unies alertent sur les conditions de vie à El Fasher et dans les camps environnants, qui se sont considérablement détériorées depuis que la famine a été déclarée dans la région l’année dernière. Le risque de violences ethniques augmente également à mesure que les combattants pénètrent dans la ville.
Le Secrétaire général de l’ONU s’est déclaré ce week-end profondément inquiet face à la détérioration rapide de la situation, mettant en garde contre les risques croissants pour les civils pris au piège dans la ville assiégée. Il a réitéré son appel en faveur d’une cessation immédiate des hostilités. Alors que les dirigeants mondiaux sont réunis cette semaine à New York pour l’Assemblée générale des Nations Unies, Antonio Guterres a également appelé à « une action internationale concertée en faveur du peuple soudanais ».
Un exode qui dépasse les frontières
En dehors des déplacements internes, les combats ont obligé des civils à franchir les frontières. Depuis la première semaine de septembre, 394 réfugiés ont été nouvellement enregistrés au Tchad voisin, selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés. « La situation au Darfour du Nord, qui ne cesse de se détériorer et reste instable et imprévisible, laisse penser que les déplacements transfrontaliers vers le Tchad devraient se poursuivre dans les semaines à venir », précise l’agence.
La situation risque de s’aggraver après la saison des récoltes et des pluies. Il serait probable qu’une partie de la population actuellement déplacée à Tawila – où plus de 380 000 personnes déplacées ont trouvé refuge – tentent de fuir vers le Tchad. Selon un décompte effectué le 7 septembre dernier, près de 880 000 réfugiés soudanais et 315 000 rapatriés tchadiens ont été recensés.
Dans l’ensemble du Soudan, l’OIM estime à 9,8 millions le nombre total de personnes déplacées internes, dont 7,4 millions depuis le 15 avril 2023. Environ 4,3 millions de Soudanais se sont réfugiés dans les pays voisins.
Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance a quant à lui fait noter que l’attaque par drone contre une mosquée du camp de déplacés internes d’Abu Shouk à El Fasher a tué au moins 11 enfants âgés de 6 à 15 ans. L’UNICEF a jugé scandaleux que des enfants continuent d’être tués et blessés dans un conflit qu’ils n’ont pas déclenché et sur lequel ils n’ont aucun contrôle. « La vie des enfants est en jeu et l’impunité ne peut être tolérée. Une enquête rapide et approfondie doit être menée sur ces atrocités et les responsables doivent être tenus pleinement responsables », a déclaré Catherine Russell, la directrice générale de l’UNICEF, dans un communiqué.