Dakar célèbre le centenaire de Frantz Fanon : un colloque international pour raviver la pensée décoloniale


Le Musée des Civilisations noires de Dakar accueille du 17 au 20 décembre un colloque international consacré à Frantz Fanon, figure majeure de la pensée anticoloniale dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance.
Organisée par la Fondation Frantz Fanon et ses partenaires académiques, cette rencontre intitulée « Fanon, l’espérance africaine » réunit 120 intellectuels venus de 23 pays d’Afrique, d’Europe, d’Amérique et de la diaspora.
L’événement clôt un cycle de manifestations internationales qui ont jalonné l’année 2025 pour honorer la mémoire du psychiatre martiniquais. Durant trois jours, conférence inaugurale, 19 panels, 5 plénières et 2 interventions magistrales permettront d’explorer l’actualité de sa pensée, de ses analyses sur l’aliénation psychique et culturelle à ses réflexions sur le racisme et l’identité noire qui trouvent un écho particulier dans les mouvements contemporains comme Black Lives Matter.
Un parcours fulgurant entre psychiatrie et révolution
Né en 1925 à Fort-de-France en Martinique, Frantz Fanon s’engage dès l’adolescence dans les Forces françaises libres pendant la Seconde Guerre mondiale. Après des études de médecine et de psychiatrie en métropole, il est nommé en 1953 à l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville en Algérie, où il développe une approche novatrice intégrant la dimension culturelle dans le soin des patients colonisés. La guerre d’Algérie le conduit à rejoindre le FLN en 1956, devenant l’un des théoriciens les plus incisifs de la lutte anticoloniale.
Son œuvre, condensée en quelques ouvrages majeurs, Peau noire, masques blancs (1952) et Les Damnés de la Terre (1961), préfacé par Jean-Paul Sartre, a profondément marqué les mouvements de libération du tiers-monde. Emporté par une leucémie à 36 ans, Fanon laisse un héritage intellectuel qui n’a cessé de nourrir les études postcoloniales et les luttes pour la dignité des peuples opprimés.
Le colloque de Dakar ne se veut pas simplement commémoratif. Comme le soulignent les organisateurs, il s’agit de « se réapproprier la pensée de Fanon pour s’attaquer radicalement aux racines profondes des inégalités économiques, géopolitiques et raciales de notre temps ».
Un siècle après sa naissance, le psychiatre de la dignité continue de secouer les consciences et d’inspirer les mouvements panafricains dans leur quête d’une véritable désaliénation collective.