Cyrius Armand Zemangui-Kette: le slam engagé s’impose en Centrafrique

Dans une Centrafrique où le slam reste encore discret, Cyrius Armand Zemangui-Kette s’affirme comme le premier artiste du pays à compter plusieurs albums à son actif. Avec Victime de mon cœur dévoilé le 26 juillet 2025, il propose une œuvre engagée, miroir de la société et appel vibrant à l’unité nationale. Retour sur un concert événement et sur la montée en puissance du slam centrafricain.

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Micro en main, Cyrius Armand Zémangui-Kette s’avance au centre du podium, entouré de ses instrumentistes. La salle, comble, vibre au rythme de ses mots ; le public reprend ses textes et mélodies par cœur. L’ambiance est électrique, fusionnelle.

Tout au long de la soirée, Maître Zemx interprète un à un les dix morceaux de son nouvel album Victime de mon cœur. Un projet aux textes engagés qui questionnent la société. « On a décidé d’orienter tous les textes sur le plan social, explique l’artiste. C’est un ensemble de conseils tous azimuts touchant à la vie en société, la jeunesse, le vagabondage sexuel, le respect de soi, les questions liées aux baisses de niveau dans les écoles et tout ce qui touche au social. On s’est dit que c’est le moment où jamais de conscientiser la population, de lancer un appel en faveur du vivre-ensemble, pour que la Centrafrique ne revive pas les crises du passé. »

L’album, terminé en 2024, a nécessité une année de préparation avant la cérémonie de dédicace, pour offrir un concert à la hauteur des attentes des fans. Pour l’occasion, la scène a réuni d’autres figures du slam centrafricain, à l’image d’Arnauld Esatis Le Bon, qui témoigne : « Quand je suis sur scène, je me sens comme dans un paradis. Devant le public, c’est mon âme que je partage. Nous espérons que le slam fera partie des top models de l’art en République Centrafricaine. »

Un art en pleine ascension à Bangui

À Bangui, le slam gagne doucement du terrain. On l’écoute à l’Alliance française et dans les centres culturels de la capitale. « Je vois un avenir radieux pour le slam en République Centrafricaine », jubile Bienvenu Juvenal, également slameur, qui voit dans cette discipline bien plus qu’un genre musical. « Le slam va de pair avec la poésie. C’est une forme de poésie orale qui se fait à travers une déclamation devant un public. Quand je me retrouve sur scène, face à un public, je pars à la rencontre du monde, à la rencontre de moi-même et aussi à la rencontre de ce public qui me suit souvent. C’est un monde suréaliste qui me permet de communiquer avec le monde. »

Pourtant, le slam reste moins médiatisé que le rap, la rumba, l’afrobeats ou l’amapiano, et attire moins de promoteurs culturels. Mais la tendance évolue. « En 2016, on était au nombre de 17-18, mais aujourd’hui, si je compte bien, on arrive déjà à une centaine d’artistes slameurs en République Centrafricaine, souligne Cyrius Armand Zémangui-Kette. Et aussi les mélomanes commencent à aimer ce genre musical. Même pour un concert dans une salle de 100 places, on peut avoir entre 150 et 200 personnes qui viennent nous voir. Donc les gens commencent à s’intéresser beaucoup plus au slam. »

Si le mouvement a franchi un cap, les artistes centrafricains du slam rêvent désormais de porter leur voix sur la scène internationale, convaincus que cette poésie vivante a un rôle à jouer dans la construction d’une société plus consciente, unie et ouverte sur le monde.

Victime de mon cœur Maître Zemx (Gmz) 2025

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