Cote d'Ivoire: Présidentielle – La résistance des bannis s'organise

Journée marathon pour l’ancien président ivoirien Laurent Koudou Gbagbo mercredi dernier ! Il a reçu coup sur coup, Pascal Affi N’Guessan, du Front populaire ivoirien (FPI), Noël Akossi Bendio du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) et plusieurs lieutenants de Guillaume Soro, le président du Parti Génération des peuples solidaires (GPS).
Ce n’est ni plus ni moins les leaders les plus en vue de l’opposition ivoirienne, recalés emblématiques de la présidentielle du 25 octobre prochain ou leurs représentants. Ces audiences en présence des plus proches collaborateurs de l’ancien président et cadres de son parti, le Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI) dans le contexte politique actuel de la Côte d’Ivoire ressemble à des consultations restreintes sur la conduite à tenir des candidats non retenus par le Conseil constitutionnel pour la course au fauteuil présidentiel.
Si ce n’est pas encore « le conseil de guerre », c’est tout le moins les prémisses dans l’organisation de la résistance des bannis du scrutin présidentiel. On en voudrait pour preuve les déclarations de plusieurs de ces opposants qui vont du ton prudent, modéré à offensif du genre « la Côte d’Ivoire n’est pas un royaume… non à la confiscation du pouvoir… nous allons continuer la lutte politique pacifique contre un quatrième mandat… nous communiquerons sur la conduite à tenir les jours à venir ».
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« Faites vos jeux… rien ne va plus ! » Sans que cela soit un jeu de casino, l’expression veut traduire ici l’atmosphère de suspense qui règne actuellement sur les bords de la lagune Ebrié. Oui ou non la Côte d’Ivoire va renouer avec ses vieux démons de crises politiques aiguës au moment des scrutins présidentiels comme cela est arrivé plus d’une fois depuis 25 ans ?
Il est vrai que sur plus de 40 candidatures enregistrées, le Conseil constitutionnel a eu la main lourde dans un essorage drastique qui a vu la validation de seulement 5 candidatures. Cerise sur le gâteau de ce tamisage sévère, seuls des prétendants poids mouches sont passés par le trou de souris des juges constitutionnels. « Du maïs », pour ne pas dire « rien en face » du pachyderme porte-fanion du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), Alassane Ouattara. Des candidats formels pour une élection formelle à la victoire un coup K-O ?
Sans caricaturer, ni dramatiser le climat politique en Côte d’Ivoire, on s’interroge sur le sur place, voire les régressions du un pas en avant, deux pas en arrière dans la réconciliation nationale que prône le gouvernement ivoirien. Le refus de la grâce présidentielle à Laurent Gbagbo et à Guillaume Soro dans des dossiers judiciaires ou la sanction politique le dispute au pénal, est la parfaite illustration d’une Côte d’Ivoire qui tarde à cicatriser ses blessures historiques. De même on est plus que surpris qu’un Pascal Affi N’Guessan, après avoir été ministre, Premier ministre, plusieurs fois candidat à la présidentielle et député, ne puisse plus réunir 1% d’électeurs pour valider le parrainage de sa candidature à cette présidentielle, selon le verdict du Conseil constitutionnel. De là à parler d’un verrouillage du système électoral en vue d’une succession dynastique du pouvoir, comme il le sérine, il y a un pas…
C’est à croire que celui qui avait fait une OPA sur le FPI de Laurent Gbagbo quand ce dernier était exilé dans les geôles de la CPI, pour aller s’accoquiner presque avec le pouvoir actuel, sait de quoi il parle. Il y a quelque chose d’électoralement pourri au royaume des Houphouëtistes, pour paraphraser Shakespeare dans Hamlet. Et les bannis de la présidentielle à venir se pincent le nez… pas pour rire, hélas ! Mais pour résister… pacifiquement ? On attend de voir.