Cote d'Ivoire: Marche pacifique de l'opposition au pays

Combien étaient-ils dans la rue d’Abidjan samedi dernier ? 10, 20, 30 mille ? En tout cas, c’est une foule bien bigarrée, avec des slogans allant dans tous les sens contre le pouvoir en place, qui a battu le macadam. Du « non à un quatrième mandat » à « pouvoir au peuple », le Front pour l’alternance a fait bien entendre son mécontentement sur ce qu’il qualifie de processus démocratique confisqué et d’exclusion.

Les observateurs de la scène politique ivoirienne étaient donc attentifs à l’allure que prendrait cette marche de protestation de l’opposition. Elle a surpris par son bon déroulement. Pas de pneus brûlés, de commerces vandalisés, de bâtiments administratifs caillassés, de policiers agressés… « Les microbes », ces voyous anarchistes et violents du lumpenprolétariat qui ont si souvent troublé la paix sociale en Côte d’Ivoire, n’étaient donc pas de service. Que ces casseurs professionnels n’aient pas infecté la marche de l’opposition pour la faire dérailler, est un bon point pour ses organisateurs. Chapeau bas messieurs !

Idem pour le gouvernement ivoirien qui a eu le nez creux d’autoriser et la marche et l’itinéraire choisi par l’opposition. L’encadrement discret des forces de l’ordre qui se sont bien gardées de répondre aux slogans aigre-doux, à la limite de la provocation, est aussi bon à souligner. Ce rare alignements de signaux de la décrispation sociale en Côte d’Ivoire, à moins de 3 mois d’un scrutin majeur, ne pouvait passer inaperçu.

« Pourvu que ça dure » pour reprendre la célèbre exclamation de Letizia Ramolino, mère de Napoléon Bonaparte 1er, dont le grand réalisme la poussait à s’inquiéter, incrédule, devant la bonne étoile de son empereur de fils. Oui, pourvu que la lagune Ebrié ait exorcisé ses vieux démons de la violence en politique ! A défaut d’un consensus sur qui peut ou ne peut être électeur et éligible, que la raison des leaders politiques l’emporte sur la passion va-t’en guerre des faucons de chaque camp qui ne jurent que sur le « moi, nous, ou le chaos ».

Certes, on ne saurait cautionner le système de ces républiques bananières qui se perpétuent à l’aide d’iniquités improductives pour le bien commun et le progrès des peuples, mais dans le cas d’espèce, « dura lex sed lex ». Laurent Gbagbo, Tidiane Thiam et Guillaume Soro ont bien été condamnés par la justice ivoirienne ? Le 1er pour l’attaque de la succursale de la BCEAO à Bouaké, le 2e pour atteinte à la sureté de l’Etat et le dernier pour double nationalité.

On peut subodorer, à juste raison, sur l’instrumentalisation de la justice, de l’appareil d’Etat, pour nuire à des adversaires politiques mais il ne faudrait pas oublier que des voies de recours, aux plans national et international, ont été utilisées par ces 3 personnalités. Sans succès. La dernière en date est celle de Tidiane Thiam devant la commission des Nations unies pour les droits de l’homme, laquelle a appelé le gouvernement ivoirien à respecter les droits du président du PDCI, sans intimer l’ordre de sa réinscription sur les listes électorales, ni la validation de sa candidature à la présidentielle. Un verdict à la Salomon qui donne à penser que le Front pour l’alternance doit mieux se pourvoir et… prendre date pour l’avenir.

En attendant, on se surprend à redire, pourvu que la raison continue de l’emporter sur la passion en Côte d’Ivoire. Il y va de sa stabilité et, peu ou prou, celle régionale.

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