Cote d'Ivoire: Infrastructure scolaire – Zodry, le village de Bangolo qui attend sa première école primaire depuis qu'il existe !

De nombreuses promesses de construction d’une école primaire dans ce village situé dans le canton Zarabahon, à Bangolo, n’ont pas été tenues jusqu’à ce jour.
Sous un préau de fortune sont rassemblés le chef du village de Zodry, Guéi Barthélémy et ses notables, le président des jeunes de cette localité et quelques habitants du village. Femmes, hommes, enfants, tous se sentent concernés par de nouvelles perspectives d’apprentissage et de développement pour leur village.
Leur regard brillant de joie illustre l’importance qu’ils accordent à cette nouvelle visite, qui s’inscrit dans la dynamique d’un avenir meilleur pour Zodry. Un village parmi de nombreux autres dans la sous-préfecture de Zou, précisément dans le canton Zarabahon, département de Bangolo, qui attend sa première école depuis la création.
Ces populations, alors impatientes et pleines d’espoir, attendent avec enthousiasme l’arrivée de leurs hôtes. Ces derniers qui viennent parler de leur école. Certainement, les échangent pourront étancher leur soif d’école, qui dure depuis belles lurettes.
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Gaho Oulaï Alexis, président des jeunes, fait partie des habitants dont les enfants pénalisés par cette situation. Il dit avoir une fillette de six ans qui doit arrêter l’école. Car la gamine n’a pas de force pour non seulement parcourir une distance de deux kilomètres et rallier dans la matinée, le village le plus proche, Gohouo qui bénéficie d’une école et parcourir la même distance pour retourner à Zodry, le soir après les cours. Mais aussi, si elle y arrive après moult efforts, la fillette devrait prendre les cours à même le sol, vu que les classes sont déjà saturées, et que les tables-bancs sont en nombre insuffisant. « J’ai tout fait pour qu’elle accepte d’aller à l’école malgré ces difficultés, ma fille a refusé », relate Gaho Oulaï Alexis.
La fillette en question n’est pas la seule à ne plus retrouver les salles de classe. Les enfants de Zodry sont nombreux à ne pas être scolarisés, selon Gaho Alexis. Si d’autres y ont déjà grandi et ont par conséquent dépassé largement l’âge de faire les bancs, d’autres, des tout-petits, en ont encore la possibilité. Hélas ! L’obstacle demeure.
Quelques enfants de Zodry prennent la route pour Gohouo. Ceux-ci sont parfois confrontés aux intempéries. Les motocyclistes qui circulent sur cet axe représentent un danger permanent pour ces écoliers, ajoute le président des jeunes, le regard inquiet pour l’avenir.
Un village de 3000 habitants
Goulehi Lucien, est un autre habitant. C’est un homme de la cinquantaine révolue. Selon les propos du chef du village qu’il rapporte, il fait savoir que Zodry a une population d’environ 3000 personnes qui souffre de ce manque criard d’école. Lui n’étant pas épargné. Il ne sait ni lire ni écrire.
Dans les années 80, il avait quitté le village faute d’école pour se retrouver au nord du pays, précisément dans un village de la ville de Boundiali. C’est dans cette nouvelle localité de Boundiali, qu’il a pu faire l’école coranique qui ne lui pas permis de savoir lire ni écrire.
Lorsqu’il avait l’âge d’être inscrit à l’école primaire, à cette période, les enfants de Zodry devraient se rendre à Zou, le chef-lieu de sous-préfecture, distant de 5 km. A cette période, il fallait également être courageux pour ne pas fuir l’école. Quelque uns y sont parvenus. Mais combien sont-ils, explique-t-il. Le regard est désormais tourné vers l’avenir.
Goulehi Lucien se pose mille et mille questions. Que deviennent ces enfants qui ne sont plus jamais scolarisés ? Quel avenir pour ces derniers ? Vu que l’école n’existe encore dans leur village et que cette situation perdure. D’où viendrait leur salut ? Qui sera le bienfaiteur de toute une population, de tout un village d’environ 3000 habitants qui espèrent toujours, certainement par la prière. M. Goulehi s’interroge encore et encore.
Le cri de coeur du chef central
Glan Jules s’exprimant au nom de Wohi Dion Bernard, chef central de la Sous-préfecture de Zou plaide. Il souhaite qu’un effort soit fait, de la part des autorités éducatives en faveur de ces villages où le besoin d’école primaire est urgent. Mais également où les écoles sont dans un état de dégradation avancée.
« Il y a des villages qui n’ont pas eu la grâce d’avoir des écoles. Les enfants doivent aller à l’école sur place. S’ils doivent parcourir des kilomètres à la recherche du savoir dans une autre localité. C’est compliqué. Qu’est-ce qui peut arriver en cours de route. Il est bien que chaque localité soit dotée d’une école. Il faut que les décideurs soient interpellés afin qu’une solution soit trouvée », a-t-il affirmé.
Revenant de façon spécifique sur la situation de Zou en matière d’école primaires, le chef central est clair. Selon lui, la sous-préfecture dispose de trois écoles. La troisième école, « Zou 3 », n’existe pas en réalité faute de salles de classes. Il explique que dans les classes, les enfants sont en surnombre (entre 75 et 80). Devant une telle situation, c’est la qualité de l’enseignement qui en souffre.
Ce problème d’école pour certaines localités dans la zone est associé à l’insécurité qui est imputable au mais état des routes. Il reconnait tout de même qu’une brigade de gendarmerie est construite dans le chef-lieu de la sous-préfecture. Cela reste insuffisant pour couvrir toute la zone.
Il félicite déjà le gouvernement qui a promis d’aller plus loin. Il entend y affecter plus d’hommes et doter Zou d’une caserne de gendarmerie. « On a déjà le site, on n’attend que le projet soit effectif ».
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La plupart des villages pourtant électrifiés
Bruno Fohoua, est un fils du canton Zarabahon, dans le département de Bangolo. Il est en fait le secrétaire général du Collectif des mutuelles de ladite zone constituée de vingt et un villages.
Au nom des populations, il exprime sa reconnaissance au gouvernement pour les projets d’électrification dans le canton. Il dit reconnaitre que le Zarabahon a été largement bien servi. « Sur les 21 villages, sauf erreur, vingt localités sont électrifiées. Un seul nommé Gouétilé qui attend d’être relié au réseau national. Mais déjà tout est prêt, les poteaux électriques sont installés. C’est vraiment énorme pour nous », s’est-il réjoui.
Gouétilé le projet d’électrification est avancée. Car, les poteaux en béton armé sont perceptibles à différents endroits. Les villageois attendent impatiemment que les câbles ainsi que les lampes soient érigés pour que le village reçoive la lumière.
D’autres villages font face à d’autre souci et non des moindres. Celui de l’école. Tionlé et Zodry. Gouétilé n’est pas aussi épargné.
En sommes, ce sont des localités où des écoles dont les bâtiments ont perdu la toiture, sous l’effet du vent, pour certains. Si bien que les élèves se retrouvent à un effectif de plus de 100 enfants dans certaines salles de classes. Pour d’autres, la dégradation très avancée des bâtiments et la situation est pire en raison de l’inexistence de l’école.
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Le Zarabahon difficile d’accès
La visite des villages a été difficile en raison des routes non praticables. Le constat est amer. Des cours d’eau qui traversent certaines pistes qui ne bénéficient pas de pont. Les usagers doivent aussi affronter des parties de pistes pleines de boues.
Pour se frayer le passage, les automobilistes se sentent obligés de superposer des troncs d’arbres pour éviter que leurs engins ne s’embourbent. Parfois, les populations font la traversée à pied de sorte à guider l’engin toujours dans le labyrinthe.
Les véhicules de type Kia et remorque sont les plus nombreux sur les voies. Car, ils sont utilisés pour le transport de produits tels le cacao, le café et l’hévéa. Le plus souvent très chargés de marchandises alors que le passage relève d’un parcours de combattant. Les plus chanceux sont les engins à deux et trois roues. Ils sont les maîtres des lieux. Visiblement, ceux-ci circulent plus aisément.
En cas de difficulté, à certains endroits, les occupants les poussent facilement et passent les nombreux obstacles : Des creux formés à la suite de nombreuses pluies qui se sont abattues sur la région, des mares d’eau encore, ainsi que des ponts de fortune érigés.
Selon le secrétaire général du Collectif des Mutuelles de développement du canton, Bruno Fohoua, la route est un véritable problème. Depuis leur enfance, ce souci a toujours existé. Il explique que les dernières pluies ont commis énormément de dégâts. Entre autres dégâts, les coupures totales du canton.
« On ne pouvait pas aller d’un village à un autre ni d’une sous-préfecture à une autre, ou du canton au chef-lieu de département qui est Bangolo. Au niveau de la sous-préfecture de Kahein, l’eau a fait des dégâts, des maisons ont été inondées », relate-t-il.
Ajoutant qu’au niveau de Badjeï, l’eau a détruit assez de maisons, à Zérégbo, le pont qui est érigé a subi des dégâts. La rivière est sortie de son lit et a envahi le pont, empêchant de facto la circulation pendant au moins deux semaines.


