Cote d'Ivoire: Il y a 26 ans avait lieu le premier putsch

Ce coup d’Etat du 24 décembre 1999 a ouvert une longue période d’instabilité politique dans le pays, dont les conséquences sur l’économie restent incalculables.

« Je dois dire que nous étions complètement abasourdis, totalement désorientés, car nous n’avions rien vu venir. Le régime du président Bédié, auquel j’appartenais, a été affaibli, il faut bien le reconnaître, par le concept d’ivoirité, qui a fracturé la société ivoirienne. Ce terme a été complètement dévoyé de son sens initial. »

Danielle Boni Claverie était ministre de la Communication au moment du coup d’État de 1999 en Côte d’Ivoire, au sein du gouvernement du président Henri Konan Bédié.


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Selon elle, ce coup de force a constitué un tournant majeur dans l’histoire politique du pays. Depuis le 24 décembre 1999, le recours à la violence comme moyen d’accès au pouvoir s’est peu à peu normalisé dans l’imaginaire collectif. Ce qui apparaissait autrefois comme sacré et immuable est progressivement devenu envisageable.

Le respect des institutions s’est érodé, ouvrant la voie à une succession de crises. Les Ivoiriens se souviennent notamment de la tentative de coup d’État de septembre 2002, qui s’est transformée en rébellion armée, ainsi que de la grave crise post-électorale de 2010-2011, cite Danielle Boni Claverie.

« Pour les Ivoiriens, les coups d’État, c’était pour les autres. Or, ce putsch des généraux rompait avec la tradition de stabilité politique à laquelle Félix Houphouët-Boigny avait habitué le pays. À partir de là, je dirais que l’autorité institutionnelle est devenue instable et contestée », estime celle qui a ensuite été ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant de décembre 2010 à avril 2011.

Une crise qui impacte la vie des citoyens

Sur le plan économique, les Ivoiriens se souviennent également de cette phrase prononcée aux premières heures du coup d’État par le général Robert Guéi : « Les caisses de l’État sont vides. »

De nombreux opérateurs économiques ont alors tout perdu. Depuis, les crises se sont succédé, et chaque élection est devenue une source potentielle de tensions.

Aboubacar Sanogo est gérant de la société de location Erans Multiservices, qui dispose d’un parc automobile de plus de 250 véhicules. Il n’était pas encore chef d’entreprise en 1999, mais il a traversé toutes les grandes crises, de la rébellion armée de 2002 à la crise post-électorale de 2010-2011, puis les tensions liées à l’élection présidentielle de 2025. Il témoigne de l’impact de ces instabilités sur ses activités.

« C’est vraiment un choc. Du jour au lendemain, les clients disparaissent. Les entreprises et les partenaires arrêtent tout et quittent le pays. Le travail s’effondre, il n’y a plus de mouvements. Pendant ce temps, les charges restent. À la fin, c’est dur, très dur. Et ce sont les employés qui perdent leur travail. Un coup d’État, ce n’est donc pas seulement un problème politique, c’est une crise qui impacte directement nos vies », assure Aboubacar Sanogo.

Si les armes se sont tues depuis 2011, le climat politique reste néanmoins tendu. La paix dont bénéficie aujourd’hui la Côte d’Ivoire ne constitue pas une garantie de stabilité durable. Les divisions sociales et politiques demeurent, alimentées par l’exclusion de certains acteurs lors de l’élection présidentielle de 2025, une réconciliation nationale inaboutie et le sentiment persistant d’une justice à deux vitesses.

Autant de facteurs qui suggèrent que les racines profondes de la crise, apparues dès le coup d’État de 1999, n’ont jamais été véritablement traitées.

Dans ces conditions, le pays reste vulnérable à une résurgence des tensions.

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