Cote d'Ivoire: Esther Dagri – 'Nous appelons la loi réglementant le secteur de tous nos voeux !'

La directrice générale adjointe de l’entreprise pionnière des infrastructures de recharge pour véhicules électriques en Côte d’Ivoire a bien voulu lever un pan du voile sur le secteur de la mobilité électrique.
Comment êtes-vous parvenus à vous imposer sur un marché uniquement dominé par les véhicules thermiques ?
Nous avons passé trois ans à tester des bornes adaptées au réseau ivoirien. Pour prouver la faisabilité, nous avons fait rouler la première Tesla sur nos routes. Ensuite, nous avons travaillé avec les concessionnaires et l’État pour concrétiser les engagements de transition écologique.
Votre métier, concrètement ?
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Les infrastructures de recharge des véhicules électriques sont notre expertise. Nous installons et exploitons les bornes. Cela veut dire que nous ne vendons pas de véhicules électriques. Considérez-nous comme des stations à essence, sauf que nous sommes des stations de recharge.
Où peut-on se recharger aujourd’hui ?
Nous disposons de plus d’une trentaine de bornes à Abidjan, ainsi que de points à Yamoussoukro, Bouaké et Korhogo. Notre objectif est de mailler le territoire national.
Où en êtes-vous à ce jour dans votre élan de maillage du pays ?
L’électricité n’admet pas l’informel. L’absence de texte dédié nous a ralenti en 2024. La promulgation de la loi et de ses décrets permettra à Ev.Tech d’ouvrir davantage de sites.
Vous êtes donc en attente de la promulgation de la loi qui sécurise votre secteur d’activité ?
Tout à fait. Je répète qu’il s’agit d’électricité. C’est un métier qui ne peut pas accepter l’informel. Cela veut dire que le citoyen lambda ne peut pas aller acheter des bornes pour les installer et faire son business. Ce n’est pas possible. Il faut donc adresser avec rigueur toutes les problématiques liées à ce secteur afin de pouvoir exercer dans un environnement assaini. Et c’est la loi qui viendra réglementer le secteur. C’est pourquoi nous l’appelons de tous nos voeux.
Est-il possible à un usager de véhicule électrique, aujourd’hui, de rallier la frontière du Mali depuis Abidjan sans craindre une panne sèche ?
C’est notre rêve. Mais pour l’instant, ce n’est pas encore le cas. Comme je le soulignais, la réglementation nous a un peu freinés dans notre élan, mais notre objectif reste de mailler tout le territoire ivoirien. En revanche, on peut faire Abidjan-Korhogo actuellement sans difficulté, via le réseau Ev.Tech. Nous l’avons fait et démontré à plusieurs reprises.
Quelles puissances déployez-vous ?
Ev.Tech installe différents types de bornes. Il y a les bornes privées que nous installons à domicile ; les bornes duo dites « bornes lentes », encore appelées bornes AC. Elles comportent deux charges lentes, qui permettent de se recharger sur le long terme : 1h, 2h, voire toute la journée. Enfin, les bornes rapides de 150 Kw permettent de se recharger en 20, 30 ou au plus 45 minutes, en fonction de la taille de la batterie du véhicule. Nous privilégions ces dernières. On les trouve soit dans les stations-service, soit dans les espaces visibles que nous créons, soit sur les voies rapides. Cela dit, il est bon de savoir que c’est la Direction générale de l’électricité (Dge) qui délivre les agréments aux opérateurs.
À propos des bornes privées à domicile, au regard de la dangerosité du courant électrique, n’y a-t-il pas lieu de s’inquiéter ?
En réalité, la borne privée est un équipement de protection. Lorsque nous l’installons, l’objectif est de protéger l’usager de tout accident électrique. Ev.Tech fait installer les bornes par des techniciens hautement qualifiés. Il n’y a donc pas de problème réel. Il faut seulement augmenter son ampérage. C’est la seule contrainte.
Combien coûte la recharge dans vos stations-service ?
Nous ne vendons pas d’électricité. En Côte d’Ivoire, la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie) en a le monopole. Nous facturons le service d’accès et d’exploitation des bornes. À l’usage, l’électrique est beaucoup moins cher comparativement au thermique.
Combien d’emplois a généré Ev.Tech à ce jour et quels sont les profils recherchés ? En trouvez-vous sur le marché local ?
Nous employons directement une dizaine de jeunes et contribuons à d’autres emplois chez nos partenaires. Pour ce qui est du profil, il est rare, pour l’instant, sur le marché local. Ev.Tech forme ses techniciens et accompagne les concessionnaires. Avec l’Apeme-CI (Association pour la promotion de l’écosystème de la mobilité électrique en Côte d’Ivoire), nous préparons des parcours de formation.



