Cote d'Ivoire: Consommation énergétique au pays – Attention à l'impact du bâtiment !

Dans une période où la croissance démographique, l’émergence de nouveaux usages et l’urbanisation explosent la demande énergétique, la Côte d’Ivoire veut optimiser sa consommation en énergie et surtout prendre en compte les enjeux climatiques. Comment parvenir à minimiser, notamment les effets du bâti sur la consommation énergétique ? Notre dossier.

Les statistiques interpellent plus d’un.

Selon le Rapport pays 2023 de ONU-Habitat Côte d’Ivoire, le taux d’urbanisation qui était de 14 % en 1960 est passé à 32,0 % en 1975, à 52,5 % en 2021 puis à environ 53 % en 2023. D’ici 2030, la Côte d’Ivoire sera le pays le plus urbanisé de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), avec une population urbaine estimée à plus de 20 millions d’habitants, selon le rapport « Dynamiques d’urbanisation de l’Afrique 2025 », publié par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la Banque africaine de développement (BAD), CGLU Afrique et Cities Alliance.

Cet essor exponentiel de la population urbaine va avec un boom immobilier. Cette réalité est visible, notamment à Abidjan où les bâtiments poussent un peu partout.


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Or, selon l’Agence internationale de l’énergie, l’impact environnemental du bâtiment est colossal. Il représente 30 % de la consommation énergétique mondiale et 26 % des émissions globales de CO2.

Faut-il donc en avoir peur ?

En effet, selon l’Agence internationale de l’énergie, les émissions de CO2 issues du bâtiment résultent principalement du chauffage, de la climatisation, de l’éclairage et de l’utilisation d’appareils électriques. En outre, la construction en tant que telle nécessite elle aussi d’importantes quantités de ressources comme le bois, le béton, l’acier et les plastiques.

En sus, relève l’Agence internationale de l’énergie, l’extraction et la transformation de ces ressources sont sources de déforestation et de destruction des écosystèmes. Elles engendrent aussi des pollutions de l’air et de l’eau, du fait des émissions évoquées ci-dessus, des rejets de substances chimiques dans les eaux usées et des matériaux aux composés organiques volatils comme les peintures et les isolants. Autant de processus qui contribuent aussi à perturber les habitats naturels et la biodiversité.

Dans un tel contexte et face au défi climatique, l’industrie a développé au cours des dernières décennies plusieurs approches pour limiter ces impacts, parmi lesquelles la construction dite « passive ». Un Ivoirien a aussi créé une technologie pour optimiser la consommation de l’énergie.

Une technologie pour une consommation énergétique efficiente

Emmanuel Yeo, directeur général de la société Lynays, spécialisée en énergie électrique, a mis en place la technologie de gestion intelligente des mouvements d’énergie (TGIME). Cette technologie, explique-t-il, en limitant les pertes sur l’énergie produite et consommée, « se présente comme l’une des solutions les plus économiques et durables pour aider les pays d’Afrique de l’Ouest à atteindre et maintenir l’autosuffisance énergétique tout en contribuant à une meilleure gestion de l’environnement naturel grâce à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ».

Selon M. Yéo, cette technologie comprend le coffret électrique intelligent TLJ 100, TLJ 200, TLJ 400, TLJ 800 et TLJ 1200, en fonction de la taille du site. « Avec ces outils, vous donnez des instructions à tous les consommateurs d’énergie qui sont dans vos entreprises ou dans votre résidence, votre bâtiment… Ces outils feront en sorte que tout ce qui est dans votre bâtiment fonctionne juste au moment où il le faut, dans l’endroit où il le faut, et jamais quand ce n’est pas nécessaire.

Par exemple, quand ce coffret ne perçoit personne dans un lieu, il n’autorise pas à climatiser ou éclairer ce lieu. Il ne permet pas que l’on ouvre un robinet pour puiser de l’eau sans autorisation et demande à quoi va servir cette eau. S’il constate que vous avez puisé plus que ce qui devrait être utilisé, il va fermer les robinets.

Ce coffret s’appelle le Coffret intelligent de gestion des mouvements d’eau potable. Tous ces éléments mis ensemble vont permettre à chacun d’être efficient et efficace dans l’utilisation de l’énergie et de l’eau mises à sa disposition. Cela va conduire à réduire les demandes d’au moins un tiers au niveau national : ménages, secteur tertiaire, industriels… », souligne-t-il.

Pour cet expert, lauréat du Prix national d’excellence 2024 dans la catégorie de la meilleure structure de l’énergie, énergies renouvelables et maîtrise d’énergie, si on utilise bien sa solution, on peut même arriver à une réduction de moitié de la consommation de l’énergie.

Par ailleurs, l’utilisation de certains matériaux écologiques permettent également une consommation efficiente d’énergie.

Le BTCS avec ses atouts environnementaux

Plusieurs experts recommandent d’utiliser des matériaux écologiques dans la construction pour faire face à la lutte contre le réchauffement climatique. Parmi ceux-ci figure le Bloc de terre comprimée et stabilisée (BTCS).

Selon Marina Nobout, directrice générale d’Ohel international, entreprise leader dans domaine des BTCS en Côte d’Ivoire, ces matériaux sont utilisés dans la construction de bâtiments, singulièrement dans des projets visant à réduire l’empreinte carbone. Car, fait-elle savoir, les BTCS nécessitent moins d’énergie pour leur production comparativement aux matériaux traditionnels comme le béton.

« Les BTCS sont écologiques parce que s’il s’agit d’une construction en ciment, pour fabriquer le ciment, il faut déjà faire appel à d’autres matériaux qui proviennent forcément peut-être de l’étranger, de l’Europe. En outre, une fois le ciment fabriqué, il faut transporter sur les chantiers. Pour ce faire, on va brûler du carburant. Ce qui augmente le CO2 », justifie-t-elle.

En sus, Marina Nobout souligne que les blocs de terre offrent une bonne isolation thermique ; ce qui peut contribuer à réduire les coûts de chauffage et de climatisation. « Lorsque la maison est construite en BTCS, on économise 80 % d’énergie, parce que l’argile est un isolant qui isole la température », ajoute-t-elle. Enfin, pour cette cheffe d’entreprise, « le BTCS peut aider à réguler l’humidité à l’intérieur des bâtiments, créant ainsi un environnement intérieur plus sain et confortable ».

A faveur de la 44e Assemblée générale annuelle de Shelter Afrique qui s’est tenue, du 15 au 17 juillet 2025, à Alger (Algérie) Bruno Koné, ministre ivoirien de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, a dressé un tableau ambitieux de la stratégie ivoirienne de l’utilisation des matériaux locaux dans la construction de logements. Il a affirmé, à cette occasion, que « son pays a mis en place un dispositif d’incitations fiscales destinées à encourager les entreprises qui investissent dans la production locale de matériaux de construction ».

Il s’agit, entre autres, des matériaux comme les Blocs de terre comprimée et stabilisée, la voûte nubienne, le bambou ou encore le bois local, avec un accompagnement technique renforcé du Laboratoire national du bâtiment et des travaux publics. Une initiative en adéquation avec les objectifs du ministère de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition Écologique (MINEDDTE).

C’est dire que les BTCS et d’autres matériaux locaux écologiques sont vulgarisés par les pouvoirs publics qui développent également une politique de maîtrise de l’énergie.

Le ministère ivoirien en charge de l’énergie met un point d’honneur sur les enjeux climatiques

Dans le cadre de sa politique de maîtrise de l’énergie, la Côte d’Ivoire à travers le ministère en charge de l’Energie, a initié en 2009 un projet intitulé « Promotion de l’efficacité énergétique dans l’éclairage public en Côte d’Ivoire ».

Dans cette optique, depuis le 1er janvier 2019, les lampes (les ampoules) à incandescence ont été interdites de vente sur le marché ivoirien. Le but de ce projet, est de vulgariser l’utilisation des lampes efficaces ou lampes basse consommation. À cet effet, le projet « Promotion de l’efficacité énergétique dans l’éclairage public (PEEEP) », financé à hauteur d’environ 600 millions de F CFA par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) FEM, vise à l’élimination des ampoules à incandescence et de l’introduction de nouvelles ampoules économiques respectant l’environnement.

Dans ce sens, la direction générale de l’énergie (DGE) du ministère des Mines, du Pétrole et de l’Energie, a initié en 2024 une campagne nationale de sensibilisation aux bonnes pratiques d’économie d’énergie, en touchant à la fois les administrations publiques et les populations locales.

Par ailleurs, à en croire le ministre des Mines, du Pétrole et de l’Energie, Mamadou Sangafowa-Coulibaly, la Côte d’Ivoire s’est fixée un objectif ambitieux de porter la part des énergies renouvelables à 45 % d’ici 2030 contre 76,4 % d’énergie thermique, 23,6 % d’hydroélectricité y compris 1 % de solaire en 2024.

Ainsi, une centrale solaire de 52 MW a vu le jour à Ferkessédougou, une centrale solaire photovoltaïque à Kong est en cours de réalisation, des projets éoliens et de biomasse sont également en projet.

Ceci, pour concilier l’exigence de rentabilité avec les impératifs climatiques et sociaux.

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