Cote d'Ivoire: Cacaoculture – L'agence belge de coopération identifie les opportunités d'investir dans les projets carbone

Face à l’urgence climatique et à la nécessité de réinventer un modèle durable pour la première filière agricole du pays, le cacao, la Côte d’Ivoire explore désormais une voie nouvelle : celle du marché carbone comme moteur de transformation de la cacaoculture.
C’est dans cette dynamique qu’Enabel, l’Agence belge de coopération, a présenté, ce mercredi 10 décembre 2025, les résultats d’une étude majeure sur les opportunités d’investissement carbone dans les zones cacaoyères ivoiriennes. Une étape décisive pour un secteur qui cherche à concilier performance économique, protection des forêts et amélioration des revenus des producteurs.
Une rencontre stratégique a réuni institutions publiques, partenaires techniques, investisseurs et représentants du secteur privé autour d’un enjeu clé : faire du marché carbone un levier de durabilité pour la première filière économique du pays. L’émergence des marchés carbone forestier et agroforestier ouvre en effet une fenêtre d’opportunités sans précédent.
En rémunérant la séquestration de carbone par les arbres et les pratiques d’agroforesterie, les crédits carbone offrent une source de financement durable pour restaurer les forêts, renforcer la résilience des plantations et sécuriser la production dans les zones cacaoyères.
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Pourtant, malgré un engagement fort de l’État et un intérêt croissant du secteur privé, plusieurs obstacles persistent : manque d’information, faible lisibilité du cadre juridique, complexité des processus de certification et insuffisance d’interfaces entre investisseurs et porteurs de projets. C’est pour lever ces barrières qu’Enabel, via le projet Cacao Durable, a commandité cette étude conduite par Aets Afrique. Elle a permis d’identifier des zones prioritaires, d’évaluer les potentiels de séquestration et de formaliser trois Project idea notes (Pin), véritables pré-projets carbone à haut potentiel environnemental et socio-économique.
Pour Tom Dedeurwaerder, directeur pays d’Enabel, le marché carbone représente « une opportunité concrète d’augmenter durablement les revenus des producteurs, au même titre que l’amélioration de la qualité du cacao ou les activités génératrices de revenus ». Il a rappelé que chaque arbre planté, chaque parcelle restaurée peut devenir un crédit carbone utile aux entreprises cherchant à compenser leurs émissions : « un échange gagnant-gagnant, où le climat et les planteurs sortent bénéficiaires ».
Rachel Boti-Douayou, du ministère de l’Environnement, a rappelé pour sa part que la Côte d’Ivoire s’est engagée à réduire ses émissions de 30,7 % d’ici 2035 et que les projets carbone jouent un rôle déterminant dans l’atteinte de cet objectif. Elle a insisté sur la nécessité d’intégrer davantage l’agroforesterie dans les plantations de cacao pour rendre les producteurs éligibles aux mécanismes carbone : « Une cacaoyère seule n’est pas une forêt. C’est l’introduction d’arbres qui crée la valeur carbone. »
La création du Bureau du marché carbone, désormais opérateur central de gouvernance, marque une étape essentielle. Il accompagne les développeurs, facilite les liens entre certificateurs, investisseurs et communautés, et sécurise les démarches techniques et juridiques.
À travers cette session, les organisateurs entendent mobiliser les investisseurs, présenter les conditions d’investissement et ouvrir la voie à des partenariats publics-privés ambitieux. Les résultats attendus incluent l’identification d’investisseurs intéressés, la constitution d’un pipeline de financements et l’établissement de fiches d’intention en vue du déploiement des projets.
Dans un pays où 55 % des producteurs de cacao vivaient encore sous le seuil de pauvreté en 2019 et où la pression démographique accentue la dégradation des forêts, le marché carbone apparaît comme un instrument décisif : une chance de concilier prospérité des communautés rurales, transition agroécologique et protection du patrimoine forestier ivoirien.



