Congo-Kinshasa : Proc. Lumbala 'Paris – Un recensement mensuel 'trois 'd'accusation confirme l'implication du défendeur.
Au procès de Roger Lumbala, l’un des rares et derniers témoins à décharge encore accessibles a été entendu mercredi 10 décembre pendant plus de deux heures en visioconférence depuis Kinshasa. L’ancien cadre du RCD-N est revenu sur l’arrivée de l’ex-chef rebelle à Bafwasende en 2000, l’organisation du mouvement et ses propres responsabilités au sein de l’administration rebelle. Une audition marquée par un incident en pleine audience.
Initialement convoqué à la demande de la défense, les avocats ayant été récusés par Roger Lumbala, l’avocat commis d’office ne s’étant pas présenté, c’est le président de la cour d’assises qui lance les premières questions… Marc Summerer interroge longuement le témoin sur l’arrivée de Roger Lumbala à Bafwasende en 2000. Pourquoi il s’est installé dans une région qui n’était pas la sienne ? « Je sais seulement qu’il arrivait d’Ouganda », répond-il.
Le contexte, dit-il, était celui d’une succession de mouvements rebelles : d’abord le RCD-Goma, puis le RCD-KML, et enfin le RCD-N. La population ne pouvait rien dire. Nous nous sommes ralliés pour protéger nos fonctions.
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Administrateur du territoire à l’époque, chargé de l’économie et des finances, il explique que Lumbala gérait désormais le territoire de Bafwasende et lui propose de devenir son « ministre » de la Mobilisation et de la Propagande. Plus tard, il le nommera aux Finances et aux Impôts.
- Organisation du RCD-N et soutien militaire
Interrogé sur la ligne politique du mouvement, le témoin assure qu’il n’y avait pas d’idéologie, seulement une gestion territoriale et une opposition à Laurent-Désiré Kabila. Il dit avoir été chargé de rallier les figures influentes… Le témoin affirme que Lumbala s’appuyait sur l’armée ougandaise ainsi que sur les forces du RCD/K-ML de Mbusa Nyamwisi.
- Création de nouvelles taxes
Détenu durant 7 mois [en 2001, NDLR] à Beni avant que Simon Tshitenge n’organise son évacuation vers Kampala puis Isiro, fin 2001, il reprend contact avec Lumbala qui confie cette fois le poste de secrétaire national aux finances. Le président de la cour lui demande si ce n’est pas plutôt en janvier 2002. Le témoin ne répond pas… Le président lui indique un tableau intitulé « taxes et effort de guerre ». « Je ne sais pas qui l’a appelé ainsi, répond-il. Il n’y avait plus rien, nous avons dû créer de nouvelles taxes. »
« Pourquoi Lumbala faisait-il peur à la population ? », demande Marc Summerer. Parce qu’il était le numéro 1 du RCD-N. Sur les exactions, il assure ne pas pouvoir parler de ce qu’il ne connaît pas.
Lorsque le président évoque d’éventuelles pressions sur des témoins, l’homme inscrit immédiatement un nom sur une feuille. Agacé, le président lui demande : « Pourquoi notez-vous un nom au lieu de répondre ? » L’avocate générale demande que le document soit retiré. Il reconnaît avoir rencontré une partie civile dans un restaurant à Kisangani et lui avoir parlé, tout en contestant l’avoir menacé.
- Les miliciens Maï-Maï et les accords de paix
Le témoin situe bien l’arrivée de Lumbala en 2000, en pleine guerre entre le Rwanda et l’Ouganda. Les questions de défense étaient sous l’autorité de Lumbala. Et ajoute que non, il n’a « jamais vu Jean-Pierre Bemba ». L’avocate générale demande s’il a vu des miliciens portant des sexes autour du cou ? Il confirme… « C’étaient des sexes de Maï-Maï, selon Ramsès, le roi des imbéciles. »
Le président fait l’exposé des éléments constitutifs du crime contre l’humanité, des différentes formes de complicité et ce qui peut les caractériser.



