Congo-Kinshasa: À New York, Félix Tshisekedi pousse Washington à lier minerais stratégiques et paix au pays

Félix Tshisekedi est arrivé aux États-Unis mardi 23 septembre pour la 80e session de l’Assemblée générale de l’ONU. Le président congolais en profite pour multiplier les rencontres bilatérales et tenter de faire avancer le processus de paix dans son pays. Parmi elles, une réunion avec des membres du Congrès, une autre avec le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, mais surtout un long entretien, d’une heure environ, avec Massad Boulos, conseiller pour l’Afrique à la Maison Blanche.
Félix Tshisekedi dit toujours croire au processus de Washington, particulièrement autour de l’accord en négociation entre Kinshasa et les États-Unis. Il l’a rappelé à Massad Boulos, le conseiller Afrique de la Maison Blanche, lors de leur rencontre, d’après nos informations.
Les deux hommes ont fait le point sur l’accord économique en cours de discussion. Ce dernier, selon le président congolais, dépend des besoins des industries américaines de haute technologie et de la disponibilité des minerais présents en RDC.
On le sait, l’entreprise américaine Kobold Metals a déjà obtenu des permis d’exploration, notamment sur le béryllium, indispensable à l’aérospatiale, le niobium, utilisé dans la défense, et le lithium, essentiel pour les batteries électriques.
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Une rencontre devait d’ailleurs avoir lieu dimanche 21 septembre avec Josh Goldman, le patron de Kobold Metals. Elle a finalement été reportée, selon des sources congolaises.
La RDC demande la reconnaissance d’un « génocide »
Kinshasa attend des contreparties. Elles sont claires : plus d’implication des États-Unis pour mettre la pression sur Kigali et sur l’AFC/M23. Dans son discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, Félix Tshisekedi a appelé la communauté internationale à assurer la mise en oeuvre totale de l’accord de Washington avec le Rwanda, alors que les combats se sont intensifiés dans l’est de la RDC. « Si le monde hésite encore à nommer notre douleur, nous n’attendrons pas », a-t-il déclaré.
Si le monde hésite encore à nommer notre douleur, nous n’attendrons pas. Notre pays a tendu la main. Nous avons signé des accords de paix, accepté le dialogue, pris des engagements pour la réconciliation. Mais une paix factice bâtie sur l’impunité et l’oubli n’est qu’un armistice précaire. L’Histoire ne jugera pas nos discours, mais notre capacité à reconnaître les crimes de masse, y compris les génocides, et à mettre fin à l’impunité. J’adresse à cette Assemblée un appel solennel. Reconnaissez le génocide congolais, soutenez notre combat pour la vérité et la justice et aidez-nous à bâtir enfin une paix durable au coeur de l’Afrique.
Parallèlement aux efforts de paix, Kinshasa a transmis à ses interlocuteurs américains une liste de besoins internes en infrastructures et en énergie.
Une rencontre de haut niveau prévue à Washington mi-octobre
Également présent à New York, le président français Emmanuel Macron a mis en garde contre « le risque de voir la loi du plus fort l’emporter ». « Dans la région des Grands Lacs, la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo doivent être respectées. Il faut rendre l’espoir à la population des Kivu et aux centaines de milliers de personnes déplacées. Et c’est aussi pour cela que nous nous réunirons le mois prochain à Paris », a-t-il déclaré.
Selon nos informations, une rencontre de haut niveau est prévue à Washington vers la fin de la première quinzaine d’octobre pour faire avancer les discussions. Félix Tshisekedi prévoit d’y participer.