Congo-Kinshasa: Le procès d'un ex-chef de guerre congolais marque une étape importante pour la justice

Roger Lumbala comparaît devant un tribunal français pour répondre à des accusations de crimes contre l’humanité
Le procès de Roger Lumbala Tshitenga, ancien chef rebelle et ancien ministre en République démocratique du Congo, s’ouvre mercredi devant la Cour d’assises de Paris. Il est accusé de crimes contre l’humanité qui auraient été commis dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri entre 2002 et 2003, notamment des exécutions sommaires, des actes de torture et autres traitements inhumains, des viols, des pillages et réduction en esclavage, y compris esclavage sexuel.
Les autorités françaises ont arrêté Roger Lumbala à Paris en décembre 2020, et l’ont inculpé en novembre 2023 en vertu du principe de compétence universelle. Selon ce principe juridique, les États peuvent enquêter sur des crimes graves et poursuivre les individus responsables de ces crimes, quel que soit le lieu où ceux-ci ont été commis, ou la nationalité des suspects ou de leurs victimes.
Il s’agit du premier procès au nom du principe de la compétence universelle pour des atrocités commises en RD Congo par un ressortissant congolais, une étape importante pour la justice, qui reflète la persévérance des victimes et des survivants.
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La RD Congo reste aujourd’hui en proie à un conflit qui dure depuis plus de 30 ans. Les combats menés entre août 1998 et juillet 2003 ont opposé le gouvernement congolais au groupe armé Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) et à plusieurs forces armées d’autres pays, notamment du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi. Roger Lumbala a fondé et dirigé le Rassemblement congolais pour la démocratie-National (RCD-National), un groupe armé soutenu par l’Ouganda pour lutter contre le gouvernement congolais, qui avait ses propres alliés dans une guerre qui a fait plus d’un million de morts.
Roger Lumbala, âgé de 67 ans, est accusé de complicité de crimes contre l’humanité lors de l’opération« Effacer le tableau », une opération militaire menée par le RCD-National entre octobre 2002 et janvier 2003 pour s’emparer de la région de Beni, un territoire riche en minéraux situé dans la province de l’Ituri.
Le procès de Roger Lumbala est un triste rappel de l’impunité persistante dont bénéficient les auteurs d’atrocités en RD Congo. Depuis plus de trois décennies, l’absence quasi totale de reddition de comptes contribue à des cycles d’abus sans fin. Les autres gouvernements devraient soutenir et renforcer les efforts aux niveau national et international visant à obtenir justice pour les crimes commis en RD Congo, et ils devraient continuer à engager des poursuites en vertu du principe de compétence universelle, afin de faciliter l’accès des victimes à la justice.
Anna Bruckner, Coordinator, Africa Division



