Congo-Kinshasa: Le pays déploie vaccins et relais communautaires pour contrer Ebola

Yaounde — Les premières doses du vaccin Ervebo contre Ebola sont administrées depuis le 14 septembre dans la zone de santé de Bulape, dans la province du Kasaï, au sud-ouest de la République démocratique du Congo (RDC), où une épidémie sévit depuis le mois d’août dernier.
Pour cette campagne, un premier lot de 400 doses de vaccin – issu du stock national de 2 000 doses prépositionnées dans la capitale, Kinshasa – a été livré à Bulape, l’un des épicentres actuels de l’épidémie, précise l’OMS dans un communiqué.
Les personnes les plus exposées au risque d’infection telles que les personnels de santé ou les travailleurs de première ligne et les personnes entrées en contact avec les malades sont les cibles prioritaires de cette opération de vaccination.
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« Comme nous connaissons la souche, l’avantage que nous avons face à cette épidémie est qu’il y a un vaccin, il y a un médicament. Cela met le pays dans une position de force en termes de contremesure pour renforcer davantage la riposte »Jean-Baptiste Nikiema, représentant adjoint OMS en RDC
La campagne devrait se dérouler selon un plan de vaccination élaboré par les autorités sanitaires congolaises avec l’appui de l’OMS et du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF).
Une cinquantaine d’experts de l’OMS en surveillance des maladies, soins cliniques, prévention et contrôle des infections, logistique et engagement communautaire ont été déployés dans les zones affectées aux côtés d’équipes d’intervention congolaises afin d’appuyer la prise en charge des cas.
Le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) a également mobilisé une équipe sur le terrain pour soutenir le ministère de la Santé publique, hygiène et prévoyance sociale dans la mise en place d’une surveillance à base communautaire.
Afin de renforcer la communication sur les risques et l’engagement communautaire, en plus d’appuyer aussi la coordination de la réponse, précise Justus Nsio Mbeta, épidémiologiste et adjoint au directeur pays de CDC Afrique en RDC.
« Cette équipe, aux côtés du gouvernement, va recruter les relais communautaires, les former pour la recherche et la détection des cas suspects dans les ménages lors de leur visite à domicile, et pour pouvoir lister les contacts et les suivre », explique-t-il à SciDev.Net.
Justus Nsio Mbeta ajoute que « les mesures de protection seront aussi renforcées. La vaccination aussi sera appuyée par nos équipes à tous les niveaux, stratégique et opérationnel ».
Résistance et réticence
Dans la zone de santé de Bulape, six aires de santé (AS) sont plus touchées. Le déploiement des relais communautaires dans cette zone est crucial au regard du climat de panique qui y prévaut depuis le déclenchement de la maladie.
« Il y a une forte résistance et réticence de la communauté pour se faire dénoncer comme contact… les malades se cachent encore dans la communauté », déplore l’épidémiologiste.
Cette source assure toutefois que le rôle des relais communautaires sera aussi « de pouvoir communiquer de bouche à oreille, de ménage en ménage avec la communauté pour les rassurer et leur donner les orientations à prendre lorsqu’une personne est atteinte ou développe des signes cliniques suggestifs à Ebola ».
Selon un bilan des autorités sanitaires congolaises publié le 14 septembre, 28 décès et 81 cas ont été enregistrés depuis l’annonce de l’épidémie. Quatre professionnels de santé figurent parmi les personnes décédées.
Le premier cas confirmé est une femme enceinte de 34 ans. Elle avait été admise le 20 août dernier à l’hôpital général de Bulape avec des symptômes tels que la fièvre, les vomissements et les hémorragies. Des échantillons analysés le 3 septembre à l’Institut national de recherche biomédicale (INRB), à Kinshasa, la capitale, ont confirmé qu’il s’agit de la maladie à virus Ebola.
Souche Zaïre
La souche Zaïre est à l’origine de cette nouvelle épidémie qui touche les zones de santé de Bulape et de Mweka, dans la province du Kasaï.
« Comme nous connaissons la souche, l’avantage que nous avons face à cette épidémie est qu’il y a un vaccin, il y a un médicament. Cela met le pays dans une position de force en termes de contremesure pour renforcer davantage la riposte », avait déclaré Jean-Baptiste Nikiema, représentant adjoint de l’OMS en RDC, lors d’une conférence de presse en ligne le 4 septembre peu après l’annonce officielle de cette nouvelle épidémie.
Cet expert ajoute que l’OMS a « soutenu l’INRB pour qu’il ait la capacité de faire le séquençage et d’identifier quelle fièvre hémorragique est en question. Et ça c’est déterminant pour avoir une réponse très rapide. L’INRB a été capable de tester rapidement les échantillons, de faire le séquençage et d’identifier qu’il s’agit d’Ebola virus Zaïre », a-t-il insisté.
« Heureusement, il y a un vaccin, il y a des médicaments. Ça nous met dans une position favorable pour répondre de façon appropriée à cette épidémie », conclut Jean-Baptiste Nikiema.
Pour anticiper d’éventuelles ruptures des stocks de vaccins déjà disponibles, l’OMS indique que le Groupe international de coordination pour la fourniture de vaccins a approuvé l’envoi d’environ 45 000 doses supplémentaires en RDC dans le cadre de la riposte à l’épidémie en cours.