La tension monte après une plainte déposée en Belgique contre des présumés membres de la famille de Félix Tshisekedi, accusés de piller des ressources minières en RDC.
Au sud-est de la République démocratique du Congo, les tensions s’intensifient autour d’une plainte déposée, en Belgique, contre des présumés membres de la famille du président Félix Tshisekedi.
A l’origine de l’affaire : un rapport de plusieurs ONG locales qui accusent neuf supposés proches du chef de l’État d’être impliqués dans des exploitations minières illégales, dans l’ancienne province du Katanga.
Plusieurs sites seraient concernés, notamment dans le territoire de Lubudi, en province du Lualaba. Mais l’entourage du président nie ces accusations. Les explications de Timothée Prince Odia.
Des centaines d’habitants, issus de 27 communautés locales du territoire de Lubudi, dans la province du Lualaba, ont manifesté, le 28 juillet, contre ce qu’ils qualifient de « pillage systématique » des sites miniers, avec, selon eux, la complicité de figures proches du pouvoir.
Des hommes se réclamant de la famille Tshisekedi
Selon Gabriel Kalenga, de la société civile locale et porte-parole des manifestants, des hommes se réclamant de la famille du président Félix Tshisekedi, escortés par des militaires armés, exploiteraient illégalement plusieurs concessions minières de cobalt et de cuivre, dans la province du Lualaba.
Ces concessions appartiennent légalement à l’entreprise Boss Mining, une filiale du groupe ERG Africa, basé en Afrique du Sud, qui a signé un contrat d’exploitation avec la Gécamines, une société qui appartient à l’État congolais.
Gabriel Kalenga estime que « cette situation est causée par l’invasion de ces concessions, l’exploitation illicite, les pillages systématiques et les violations des droits de l’homme commise sur ce périmètre d’exploitation par des hommes en uniforme qui sécurisent ces mafieux, envahisseurs, installés illégalement, en défiant les lois de la République. Ces envahisseurs occupent et volent les minerais sur les sites de Disele, Nkela, Kiwana, Gimbala Sani, Kakanda Nord, Kakanda Sud, Kakanda Ouest, Kimbedia, Rupampala et Mukondo ».
En avril dernier, l’ONG Desc, une plateforme de la société civile pour la promotion et la défense des droits économiques, sociaux et culturels en RDC, a publié un rapport qui dénonçait ces pillages miniers, qui seraient commis par neuf proches du président Félix Tshisekedi.
Plainte déposée en Belgique
A la suite de ce rapport, une plainte a été déposée en Belgique, le 8 juillet, au parquet fédéral de Bruxelles, au nom d’un collectif d’avocats katangais, par maître Bernard Maingain
Celui-ci, avocat des plaignants, affirme que les dossiers qui concernent les détournements de fonds sont étouffés par la justice congolaise. D’où le choix de la Belgique. Selon Bernard Maingain, « les éléments de fait ont été dénoncés auprès du bureau du procureur fédéral. Les ONG n’ont eu de cesse de dire qu’en réalité, il y a une véritable omerta qui pèse au niveau judiciaire sur la gestion des dossiers de corruption qu’ils ont dénoncés. Et je suis assez sensible à cet argument, parce que j’ai constaté que nombre d’ONG soutiennent la réalité des dénonciations intervenues et ne cessent de marquer leur solidarité, en disant que l’appareil judiciaire congolais pose vraiment problème, dans des situations comme celle-là ».
« Manoeuvre dilatoire »
L’entourage du président Félix Tshisekedi réfute ces accusations. Dans un communiqué rendu public, Thierry Nzonde, chef de mission du président congolais pour le Grand Katanga, dénonce des allégations sans fondement. Il affirme qu’aucun site minier dans la région n’est contrôlé par la famille présidentielle.
Pour sa part, Samy Kambala, président de la Ligue des jeunes UDPS Mutshatsha, le parti présidentiel, estime que les plaignants sont instrumentalisés. « Nous savons que c’est une manoeuvre dilatoire qui a pour objectif de perturber le président de la République qui est résolument engagé pour le rétablissement de la paix en RDC, assure-t-il. Tous ceux qui sont derrière cette plainte répondent aux exigences de leur maître qui se trouve être le pilleur de la RDC. Cette histoire de plainte déposée contre la famille du chef de l’État n’est qu’un coup de théâtre qui ne peut pas perturber l’opinion congolaise à ce stade ».
Alors que la procédure suit son cours en Belgique, sur le terrain, au Katanga, les tensions restent vives autour des sites miniers.