Congo-Kinshasa: Crise dans l'Est du pays – L'UA pourra-t-elle reprendre la main ?

Les initiatives se multiplient en vue d’un retour de la paix dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). En effet, à la suite des accords de principe signés, d’un côté, entre le Rwanda et la RDC à Washington, et de l’autre, entre Kinshasa et les rebelles du M23 à Doha, s’est tenu le week-end écoulé, un sommet conjoint entre la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) à Nairobi au Kenya.

Avec ce sommet, les dirigeants des deux organisations régionales brisent le silence et ce, après une longue période de léthargie, pour évaluer la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC et essayer d’harmoniser leurs stratégies en vue de la consolidation de la paix et de la préservation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du pays de Félix Tshisekedi.

On assiste à un blocage susceptible de compromettre la reprise des pourparlers prévus pour ce mois d’août

Et ce n’est pas tout. Les chefs d’Etat de l’EAC et de la SADC ont procédé à la fusion de toutes les structures de médiation en une qui sera désormais placée sous le chapiteau de l’Union africaine (UA). Cela n’a rien de mauvais. Car, comme l’avaient déjà relevé certains observateurs, trop de médiations tuent la médiation dans la mesure où certains acteurs, on le sait, jouent parfois à un jeu trouble.

Seul donc un cadre de médiation unitaire et harmonisé peut faire bouger les lignes dans la partie orientale de la RDC en proie à une grave crise sécuritaire. L’UA qui tente de reprendre la main, pourra-t-elle relever ce défi ? Rien n’est moins sûr. Car, on l’a déjà vue à l’oeuvre. C’est à croire si elle n’a pas laissé des plumes dans le dossier congolais.

En effet, pendant plus de deux ans, le médiateur mandaté de l’organisation panafricaine, en l’occurrence, l’Angolais Jao Lourenço n’a pas réussi à réunir autour d’une même table, les principaux protagonistes que sont les présidents Félix Tshisekedi de la RDC, et Paul Kagame du Rwanda. Toutes les tentatives de rencontres initiées par Luanda, ont échoué, tant les deux personnalités se vouaient une haine morbide. Pendant ce temps, les combats entre les rebelles du M23 et les Forces armées congolaises s’intensifiaient sur le terrain.

Tant et si bien que de guerre lasse, le médiateur Lourenço a fini par jeter l’éponge. Mais l’UA, refusant de reconnaître son échec, a aussitôt désigné un autre facilitateur, en la personne du président togolais, Faure Gnassingbé, que l’on n’a pas encore vu à l’oeuvre. Il aura donc fallu les interventions des Etats-Unis et du Qatar pour que Kinshasa accepte de tendre la main aux rebelles qui, après avoir pris le contrôle du Nord et du Sud Kivu, ont désormais le vent en poupe. Mieux, des concessions de part et d’autre, ont été faites, facilitant ainsi la signature d’accords de principe devant déboucher sur un accord de paix global.

Toutefois, quand on sait que les engagements pris par les uns et les autres peinent à se matérialiser sur le terrain, il y a de quoi nourrir de sérieuses appréhensions. En clair, la méfiance n’étant pas la chose la mieux partagée, on assiste à un blocage susceptible de compromettre la reprise des pourparlers prévus pour ce mois d’août.

Il faut saluer la rencontre entre le président Kagamé et une délégation d’évêques

Face à une telle situation, il revient à Washington et à Doha de peser de tout leur poids pour que ne capote pas le processus de paix encore très fragile en RDC. Pour ce faire, elles doivent maintenir la pression sur les différents protagonistes de sorte à ne laisser prospérer aucun acte de mauvaise foi.

Aussi, pour autant qu’elle ne veuille pas se laisser conter fleurette et se voir damner le pion, l’UA, quant à elle, doit oeuvrer continuellement au rapprochement entre Kigali et Kinshasa. Et en plus, elle doit exhorter les autorités congolaises à aller vers une solution endogène à la crise, comme le préconisent les églises congolaises. A ce propos, il faut saluer la rencontre entre le président Kagamé et une délégation d’évêques, avec comme plat de résistance la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC.

Du reste, l’homme mince de Kigali a, à l’occasion, encouragé les prélats à continuer leur mission prophétique auprès des peuples africains et ce, au-delà de toutes considérations politiques. Au- delà donc des mots, on espère que les uns et les autres se montreront réceptifs en acceptant de dépasser leurs ego surdimensionnés pour ne privilégier que l’intérêt supérieur des nations rwandaise et congolaise.

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