Congo-Kinshasa: A l'ouverture de son procès à Paris, Roger Lumbala conteste la compétence de la justice française

C’est un procès inédit qui a débuté mercredi 12 novembre à Paris. Roger Lumbala, ancien ministre, sénateur et ex-chef rebelle en République démocratique du Congo (RDC), comparaît devant la cour d’assises. Il est poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité et participation à une association criminelle, pour des faits commis entre 1998 et 2003. Il s’agit du premier procès en France pour des crimes commis au Congo Kinshasa.

Dans le box des accusés, Roger Lumbala était présent dès l’ouverture de l’audience. Menotté, il est apparu visiblement détendu devant la cour. Veste noire et t-shirt kaki, son style rappelle certaines photos de lui en treillis lorsqu’il était chef militaire à Bafwasende.

Sourire aux lèvres, alternant regards graves et mains dans les poches, il dégage l’image d’un homme en contrôle. À la question du président, il répond d’une voix grave : « Je m’appelle Roger Lumbala ».

Il explique avoir travaillé comme assureur en France avant de revenir en RDC, où il a été ministre, député et sénateur. Il n’évoque pas ses années de rébellion et précise qu’au moment de son arrestation en France, il était promoteur de deux chaînes de télévision en RDC.


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Les faits reprochés

Selon l’acte d’accusation, Roger Lumbala est soupçonné de complicité de crimes commis entre juillet 2002 et décembre 2003, dans plusieurs localités de l’Est de la RDC : Bafwasende, Isiro et Mambasa. L’accusation se concentre notamment sur les exactions liées à l’opération « Effacer le tableau ».

Le mouvement RCD-N, fondé par Lumbala, aurait été utilisé par des officiers ougandais pour exploiter les ressources minières de Bafwasende. Dans son box, Lumbala nie toute implication dans les exactions, accusant les troupes du MLC de Jean-Pierre Bemba.

Ce procès mobilisera plusieurs dizaines de témoins, et Lumbala a demandé que Jean-Pierre Bemba et l’ancien gouverneur militaire du Nord-Kivu, Constant Ndima, soient entendus comme témoins. Leur réponse n’a pas encore été donnée.

Pourquoi un procès en France ?

Roger Lumbala est jugé en France au nom du principe de compétence universelle, qui permet à la justice française de juger des crimes graves, même commis à l’étranger, lorsqu’une personne mise en cause se trouve sur le territoire français.

Une légitimité que Roger Lumbala conteste. « Cela ne vous rappelle pas les siècles passés ? », a dénoncé Roger Lumbala. « Regardez la composition de la cour », parmi ses membres — tous Blancs — « aucun n’est informé de la situation réelle du pays » tandis qu’il y a « un Africain dans le box », a-t-il ajouté, répétant qu’il contestait « l’ensemble des faits » qui lui sont reprochés. « Ce dont je peux vous assurer, c’est de notre indépendance et notre impartialité », a répondu le président de la cour Marc Sommerer.

Roger Lumbala avait été arrêté en France, il y a quatre ans, après avoir demandé l’asile.

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